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Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite? !

Publié le 27 octobre 2008 par Lalouve
Photo d'un jeune enfant handicapé par le SAF (Syndrome de l'Alcoolisme Fœtal), trouvée ici avec un article intéressant sur le sujet...

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Ami-e-s alcoolos et pochetrons, camarades poivrots, réjouissons nous !

La publicité pour l’alcool va définitivement faire son entrée sur le Net.

Au nom de la liberté et du principe de réalité.

Alléluia !

Encore une victoire du lobby des producteurs d’alcool.

Fort opportunément, le message envoyé par cette bonne vieille Roselyne tombe à pic ; elle semble nous dire "Bourrez vous la gueule mes braves, de toute façon de mon point de vue, vous ne savez rien faire d’autre ! Ça vous passera l’temps et puis, bien cuités, on n’a jamais fait la révolution".

C’est sûr, remarque, comme bientôt on sera encore plus nombreux à ne plus avoir de boulot, on ne sera plus obligés de se lever le matin, et on pourra se prendre des bitures d’enfer - CQFD....

Internet , ce lieu dangereux où fleurissent les idées gauchistes, doit donc retrouver son utilité sociale réelle.

Alors vive la pub (ah, la pub et son flouze) pour le petit jaune (merci, ça va, on en a plein nos boîtes), la binouze, le whisky, le pinard et j’en passe !

Pour le foie, les traitements des pathologies, psychiatriques et biologiques, les misères humaines, la déchéance sociale... liés à l’alcoolisme, ah ça , vu les déremboursements de soins, vu que les caisses sont vides tout ça, Roselyne nous conseillera sûrement un petit truc à l’ancienne, genre cellule de dégrisement, bastonnage et passage à la lance à incendie .

Et puis ça donnera aussi du travail à la police, hein.

Elle est maline cette Roselyne, elle surfe sur toutes les tendances ! Et ça coûte pas cher !

Je n’ai qu ’un mot pour qualifier ce genre de mesures, et notamment dans des époques comme celles que nous vivons :

DEGUEULASSE.

Roselyne (permettez que je vous appelle Roselyne?), oui, votre position sur ce sujet est absolument dégueulasse.

C’est aussi laid que votre rouge à lèvre fushia, vos tailleurs froufroutants et vos sabots en plastique rose bonbon.

Tout ce qui favorise de près ou de loin la propagation, l’entretien, l’émergence, de cette maladie , de ce drame, qu’est l’alcoolisme, doit être combattu (et je ne parle pas de la consommation sympathique et franchouillarde d’un bon coup de rouge avec une blanquette ou un pot au feu entourés d’amis - entendons nous bien).

Vous, vous l’encouragez, l’alcoolisme, et en plus sur Internet, c’est à dire en prenant le risque immense d’exposer des mineurs à cette publicité infecte.

Parce qu’on sait que les contrôles parentaux d’accès à Internet sont aléatoires et inefficace (dans un cyber café, vous contrôlez quoi comment hein?).

Dites moi Roselyne (je peux toujours vous appeler Roselyne hein?) vous savez ce que c’est que la vie d’un ou une alcoolique?

Vous savez ce que c’est ce sentiment de tomber dans une spirale, d’avoir le sol qui s’ouvre sous vos pieds, de glisser dans une fosse? Vous savez ce que c’est une cure de désintoxication (quand on a les moyens de la faire)? Les efforts qu’il faut faire, la souffrance qu’il faut endurer? Les rechutes qu’il faut subir, encaisser, qui rendent à chaque fois plus dur le traitement suivant? Vous savez comme cette pathologie est un parent pauvre de notre médecine (comme de nombreuses pathologies plus ou moins psy en France d’ailleurs, je fais signe aux parents d’ autistes, de schizophrènes...)?

Vous savez qu’on en meurt, de l’alcoolisme, et pas seulement socialement, et souvent dans souffrances abominables? Vous avez déjà vu crever des cancéreux, ceux qui ont un bon cancer de l’oesophage? du pancréa? du foie?

Vous savez ce qu’est la vie de sa famille proche?

Vous savez ce que c’est que de devoir relever son père ou sa mère ivre mort au pied des escaliers, vous savez ce que c’est qu’être un enfant d’alcoolique, de redouter la violence des alcooliques, leurs délires, leurs oublis, leurs abandons? Vous savez ce que c’est que d’aimer un alccoolique, de le voir inexorablement se détruire, de ne rien pouvoir faire, et d’avoir envie de brûler tous les bars de la terre entière quand on le ou la récupère complètement pinté , sur le canapé , s’étant pissé dessus et vomi dans les cheveux pour la énième fois de la semaine? Vous savez ce que c’est que de les voir perdre un kilo après l’autre, marcher en rond la nuit en pleine démence, en racontant n’importe quoi?

Vous savez ce que c’est qu’être obligé de faire interner de force une personne qu’on chérit, de devoir faire sangler au lit la mère de ses enfants? Ou son frère bien aimé? Vous savez ce que c’est que passer des nuits à chialer, à ne pas dormir, en se demandant quel choix on doit faire, pour lui ou pour elle? Si on doit laisser faire (laisser mourir) ou contraindre?

Vous savez ce que c’est, dites?

Allez faire un tour à Sainte Anne par exemple, dans le service d’alcoologie, lisez le bouquin d’Hervé Chabalier, écoutez Véronique Sanson, appelez moi même, si vous voulez, je vous raconterai, je connais malheureusement très bien le sujet.

Alors...faire de la pub pour l’alcool sur Internet mais comment !

Et pourquoi pas faire de la pub pour une bonne ligne de C ou un gros shoot d’héro, ma chère Roselyne?

Vous ne savez pas que l’alcool, selon l’OMS, c’est une drogue dite "dure"?

Y’a un moment où on s’demande quand même ce que fichent ces branleurs de lions....

Le vrai drame dans tout ça c’est que, selon Le Monde de ce jour*, Cl. Evin serait d’accord avec vous (pas étonnant mais plutôt écoeurant), je cite :

"(...)Claude Evin, l’ancien ministre socialiste à l’origine de la loi qui porte son nom, s’est dit globalement d’accord avec Roselyne Bachelot. "On ne va pas interdire toute publicité sur Internet parce que la Toile est mondiale et que ce serait absurde", a-t-il déclaré sur France Info, invoquant un "principe de réalité".(...)".

Je ne dirais pas ce que je souhaite qu’il arrive à toutes ces personnes, ni ce qu’elles m’inspirent profondément. Ca ne serait vraiment pas charitable.

Je rappelle simplement, pour finir, ceci :

Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
En 2004, l’alcool était la deuxième cause de mortalité évitable en France après le tabac

Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
45 000 décès étaient attribuables à l’alcool, dont 1/3 dû à des cancers des voies aero-digestives, et 1/3 à des maladies digestives (cirrhoses, pancréatites) ou cardiovasculaires (cardiopathies, maladies cérébro-vasculaires)

Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
Le nombre de morts sur les routes attribué à l’alcool est de 2 700.

Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
Chez les jeunes, l’alcool intervient dans la moitié des accidents mortels de la circulation.
Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
Au-delà de la mortalité, l’alcool est responsable d’une morbidité importante et d’un coût social élevé. Il agit comme facteur de risque associé, dans de nombreuses pathologies :

* Le nombre de personnes exposées, de par leur consommation d’alcool, à des difficultés d’ordre médical, psychologique et sociale est de 5 millions, dont 2 millions seraient dépendantes.

* L’alcool est impliqué dans 50% des rixes, 50 à 60% des actes de criminalité, 20% des délits et 10 à 20% des accidents du travail.

Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
Environ 2000 enfants sur les 750 000 naissances chaque année sont touchés par une forme sévère du syndrome d’alcoolisation fœtale.

Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
L’alcoolisation est la première cause non génétique d’handicap mental chez l’enfant.

Bourrons nous la gueule, ça passera plus vite?  !
Le coût social de l’alcoolisme est estimé à 17,5 milliards d’euros soit 1,4% du produit intérieur brut (PIB).

(Etude du Ministère de la santé et de la protection sociale - Ph. Douste-Blazy en 2004 **)

Allez Roselyne, A LA TIENNE ma vieille !


*http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/10/27/roselyne-bachelot-ne-s-opposera-pas-a-la-publicite-pour-l-alcool-sur-internet_1111614_3224.html

**http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/33_041104pdb.htm



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LES COMMENTAIRES (1)

Par Fructine
posté le 25 novembre à 23:59
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Bonsoir A la vue de cette photo illustrant les dégats irréversibles de l'alcool sur le développement du foetus et de l'enfant à naitre, je ne me peux m'empêcher d'appplaudir au coup de gueule de Lalouve.Le récit du calvaire qu'elle a vécu m'émeut, d'autant que l'alcoolisme est un problème avéré de santé publique, tantôt démontré, tantôt oublié, selon le caprice et les pots de vin perçus par les parlementaires. Moi-même suis exposée sur le trajet domicile-travail aux panneaux publicitaires vantant ces produits du terroir, qui banalisent une consommation tous azimuts.Consommer une bouteille serait aussi anodin que d'acheter un médicament sans ordonnance, comportant un principe actif, par une sorte de compréhension divinatoire de ces effets.On marche sur la tête: il est plus en effet plus facile de contrôler des personnes malades de l'alcool ou des effets secondaires de médicaments, qui vont s'auto et s'entre-détruire, plutôt que de les protéger: credo manifeste de Roselyne Bachelot.En bonne prophétesse de la mondialisation, qui n'est qu'un mot nouveau pour requalifier le néo-colonialisme nauséabond dans les anciens empires européens et asiatiques, elle veut assommer ses subalternes pour qu'ils se soumettent . Car l'alcool n'est pas une substance comme les autres, ma mère, qui n'est pas Inuit, a consommé de l'alcool pendant ses deux grossesses.Les retards de croissance, de malformation cardiaque et de handicap mental sont avérés, la capacité à vivre en société altérée.L'arrêt de l'alcool est si difficile tant physiquement que psychologiquement, qu'il lui fut impossible de nuire malgré elle à ses bébés.La désinformation quand ce n'est pas le maintient dans l'ignorance en ce qui concerne les dégats irréversibles de l'alcool sur le foetus me confortent dans l'idée que nos hommes et femmes d'actions à la tête du pays sont des irresponsables. Les méfaits de l'alcools ne déforment pas tous le faciès, mais l'invisible cerveau subit des dégats qui ostraciseront l'individu de la société comme cela se produit pour les malades sévères de ce poison.

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