Magazine

SMA oui mais sans service et sans accueil !

Publié le 16 mai 2008 par Nicolas007bis

Gus

L’actualité m’amène à revenir sur un sujet sur lequel je me suis déjà rapidement exprimé en Janvier, généralement appelé « le service minimum à l’école » ou de son petit nom "SMA" comme "Service minimum d'accueil".

La demande du gouvernement faite aux municipalités d’organiser un système de « garde » des enfants en cas de grève des enseignants avait déjà été violemment critiquée par les enseignants et leurs syndicats ainsi que par la gauche et ses municipalités. Celles-ci, à l’image de Delanoë à Paris, ont pour la plupart refusé de mettre en place un tel système.

La réaction de Nicolas Sarkozy a été immédiate, puisqu’en pleine journée d’action des enseignants, il annonce un projet de loi pour le « droit d'accueil » dans le primaire en cas de grève qui impose notamment aux enseignants de se déclarer grévistes au moins 48 heures avant le mouvement.

C’est peu de dire que les réactions ont été vives dans l’opposition et chez les enseignants les uns et les autres dénonçant une atteinte au droit de grève « … Il n'y a pas de raison que des fonctionnaires municipaux brisent un mouvement de grève de fonctionnaires nationaux" ou accusant le gouvernement de « … jouer les usagers contre les grévistes… » .

Je ne me prononcerai pas sur le fond du différent qui oppose les enseignants et le gouvernement, sur l’opportunité ou non de diminuer les effectifs de l’Education Nationale. Les uns et les autres campant sur leurs positions, cela se finira pour le gouvernement soit par un abandon en rase campagne soit par un passage en force. La deuxième hypothèse me semble à la fois la plus probable et la plus souhaitable.

Par contre, à propos de ce fameux « service minimum » je voudrais exprimer 2 ou 3 petites choses :
Il n’était vraiment pas opportun de la part de Nicolas Sarkozy de prendre la parole le soir même des manifestations pour annoncer son intention de demander « au gouvernement de déposer avant l'été un projet de loi qui instituera un droit à l'accueil des enfants inscrits dans nos écoles » …sans évoquer en aucune manière le fond du problème, sans expliquer (réexpliquer) sa position, sans justifier les diminutions d’effectifs et sans rappeler les tenants et les aboutissants de sa politique.

Certes je suis persuadé qu’il n’aurait pas pour autant convaincu mais il aurait au moins donné l’impression non pas de céder devant les manifestants mais de les avoir écouté…et c’est son rôle !

Au lieu de cela, son annonce passe pour une provocation pure et simple qui le moins que l’on puisse dire ne va pas contribuer à décrisper le débat.

En clair, ce n’était pas la bonne réponse au bon moment !

Pour autant, sur ce sujet, j’ai du mal à comprendre les réactions suscitées.

Outre le fait qu’un Service du public devrait pouvoir assurer une certaine continuité, en quoi un service minimum que se soit dans les transports ou dans l’Education nationale est-il une atteinte au droit de grève, surtout si on demande à du personnel non-enseignant de l’assurer ?

En quoi la grève serait moins efficace selon que les enfants sont « gardés » ou non ?

Considérer que le fait que les enfants soient « gardés » minimise l’intérêt de la grève des enseignants, c’est d’une certaine manière mettre sur un pied d’égalité la garde et les cours ! …ce qui est à la fois absurde et méprisant pour les instits !

D’autre part, l’argument répété par François Hollande ou Julien Dray comme quoi c’est opposer les usagers aux grévistes me parait à la fois grossier et erroné.

Que ce soit le banlieusard qui va se presser, stresser, attendre sur un quai qu’un métro, un train ou un RER bondé veuille bien l’amener dans des conditions épouvantables jusqu’à son lieu de travail et surtout le ramener chez lui le soir, ou que se soit la mère de famille qui constate le matin même que l’école est fermée pour cause de grève et qui va devoir crapahuter et éventuellement payer (prendre une journée de congé) pour garder ou faire garder son enfant, il me semble que l’un et l’autre serait mieux disposé vis-à-vis des grévistes s’il pouvait bénéficier d’un service minimum bien organisé.

N’est ce pas plutôt le sentiment qu’ont les usagers d’être « pris en otage » par les grévistes, qui les opposent et les rend, du coup peu enclins, à essayer de comprendre leurs motivations d'autant plus qu'elles sont souvent largement corporatistes !

Quand à ceux qui prétextent une mise en œuvre compliquée pour refuser la mesure, je leur répondrais que cette mise en œuvre est d’autant plus laborieuse qu’il y a des réticences et des blocages et que si tout le monde voulait bien agir dans le même sens, pour le service du public, je suis certain que des solutions seraient vite trouvées.

Enfin, il me semble que l’image du Service Public que beaucoup considèrent comme menacé dès qu’il s’agit de le faire évoluer, ne peut que ressortir renforcée de la mise en place d’une telle organisation.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Nicolas007bis 70 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte