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Textes fondateurs de la Science

Publié le 28 octobre 2008 par Scienceblog
L

e CERIMES (Centre de Ressources et d’information sur les multimédias pour l’enseignement supérieur) ouvre un nouveau site, http://bibnum.cerimes.fr, dédié aux textes fondateurs de la Science. Avec un grand S s’il vous plaît. Ces « Textes fondateurs de la Science analysés par les scientifiques d’aujourd’hui » vont nous permettre de mieux connaître notre histoire scientifique. La date limite à laquelle les textes devront avoir été publiés est 1930, c’est à dire la date limite du domaine public. Pour l’instant, il s’agit d’un site vitrine qui présente une démonstration sur 14 textes. Les textes et les publications arriveront au fur et à mesure, selon le choix des textes des analystes et de leur accueil par le comité rédactionnel.

Y a t’il un « besoin d’histoire » en Sciences ? Ce site renseigne vraiment sur ce que j’ai toujours pensé : la réponse est « oui », la science d’antan est remplie de héros et de têtes couronnées dont elle a besoin pour son auto-célébration. Cette relecture constante de l’histoire des sciences en fonction des découvertes contemporaines donne lieu à cette présentation des textes fondateurs de la science contemporaine, mais on pourrait également le dire dans un autre ordre, « Les textes fondateurs contemporains de la science ».

Cette auto-célébration montre aussi un besoin constant : le besoin de scientificité. Car, en citant leurs maîtres, les analystes leur accordent la paternité fondatrice de paradigmes. Ainsi, Evariste Gallois est un père fondateur de la mathématique contemporaine, Volta de l’électricité, etc. Éventuellement, on prendra soin de trouver des héros qui, en plus d’avoir trouvé quelque chose, ont une personnalité hors du commun. Ainsi, la carrure même de héros de la science s’en trouvera renforcée. Il y a fort à parier qu’on verrra dans ce site des personalités comme Freud, Pasteur, Wegener, famille Curie, … non, pas Feynmann.

La grande majorité des textes choisis est d’origine française, et de la fin du XVIIIème / première moitié du XIXème siècle. Seuls deux textes sont datés de la fin du XIXème / début du XXème siècle. Probablement, ce choix provient-il de la problématique de montrer un site avec un matériel suffisant (les écrits analysant les textes sont ils aussi rares ?).

L’objet de ce site est, selon l’auteur, de constituer une bibliothèque numérique scientifique, dont les textes d’origine et les analyses soient accessibles au public le plus large possible (j’ai gardé les caractères en gras). Je ne sais pas quel public large est capable de lire des textes analytiques sur ces textes (dont les auteurs sont Becquerel, Gallois, Volta, Biot) dont les auteurs ont principalement des noms de rue. Je ne sais pas quel est le très large public qui a une culture générale leur permettant de situer dans une histoire scientifique la plus globale possible. Je ne sais pas à quel public le plus large possible cela servirait.

C’est un public très large MAIS universitaire et avec une culture générale suffisante. Donc un public très restreint, car en général (oui, je fais des généralités), les scientifiques commencent à avoir une culture générale arrivés à la retraite.

Comment faire pour que ce site s’adresse au public le plus large possible ? Je ne sais pas … Il faudrait probablement commencer travailler sur une pensée plus globale dans la production de ce site, avec un fonds documentaire plus diversifié, et un travail journalistique encadrant ces textes, leur donnant pertinence, profondeur historique, dans un cadre général. Des « plumes » avec des pensées différenciées, journalistes, analystes, sociologues, historiens, écrivains, polémistes, gens de médias au sens large, s’exprimant sur les science grâce à des médias diversifiés permettraient certainement l’accession à un public plus large. Et surtout, éliminer le ton compassionnel de l’enseignement supérieur.

D’autant plus que le public universitaire est apparemment soumis à une grande mutation aujourd’hui. Cette démarche de donner accès à cette histoire des sciences est évidemment une bonne idée. Encore faut-il se donner les moyens, non du fonds documentaire, mais du respect de cette simple phrase « public le plus large possible » …


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