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CAMIF : un modèle liquidé

Publié le 28 octobre 2008 par Philippe Thomas

La CAMIF faisait la une des JT d’hier soir : premier sujet sur TF1 et seulement 3 ou 4ème sur France 2. On y apprenait la liquidation judiciaire de CAMIF-Particuliers (plus de 780 emplois supprimés) et la mise en redressement judiciaire pour six mois de CAMIF SA avec poursuite de l’activité. On y voyait un tribunal de commerce sous haute surveillance policière, un dirigeant conspué et de l’indignation et des larmes. Dans cette chronique d’une mort annoncée (lire articles et dossier dans la Nouvelle République ), une nouvelle étape vient d’être franchie et, même si elle était hélas prévisible depuis des semaines, son impact reste humainement énorme.

Un pilier de ce qu’on appelle « l’économie sociale » est en train de s’effondrer et localement,  on peine toujours à comprendre comment un tel naufrage a pu être possible. Soixante ans d’existence à Niort rendaient la CAMIF insubmersible, avec son modèle exemplaire de coopérative d’achat où l’on trouvait des conseillers compétents et non des vendeurs mielleux, son service après-vente fiable… Mais il y a beau temps que le catalogue CAMIF ne faisait plus rêver, qu’on ne s’échangeait plus les numéros de sociétaires comme autant de précieux sésames, que les prix pratiqués dans le magasin de Chauray ne soutenaient plus la comparaison avec la concurrence  toute proche malgré l’artifice de spectaculaires réductions affichées… Et les fidèles enseignants ne venaient plus garer leur caravane sur le parking de Chauray, halte jadis incontournable sur le chemin des grandes transhumances estivales…

Est-ce à dire qu’un certain modèle de consommation « intelligente », fondé sur le principe d’une coopérative d’achat, a définitivement vécu ?  On voudrait croire que non, mais comment relancer un tel modèle ? La MAIF a déjà beaucoup injecté d’argent (j’ai entendu le chiffre de 354 millions d’€) et ne veut ou ne peut abonder encore. Est-il trop tard aussi pour faire rendre des comptes à certains mégalos qui, à la tête de l’entreprise, ont accumulé les stratégies erronées avant de quitter le navire avec un gros chèque ? Ce serait justice mais ne comblerait pas le colossal déficit cumulé (104 millions d’€ et actuellement 120 000 € de pertes quotidiennes…). L’urgence va désormais consister à recaser un maximum de gens qui vont souffrir sur le bassin d’emploi niortais, futurs ex-salariés de la Camif et de ses sous-traitants. Ca fait beaucoup, beaucoup de monde et les délégués syndicaux ainsi que tous les salariés semblaient cette fois bien seuls face à l’adversité…


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