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Pourquoi vouloir plaire à la gauche, Nicolas ?

Publié le 27 octobre 2008 par Drzz
Pourquoi vouloir plaire à la gauche, Nicolas ?Quelle malédiction frappe la droite française ?
Il faut croire que les idées conservatrices ne peuvent que triompher durant la lutte pour le pouvoir et dans l’opposition à la gauche, puis qu’elles s’évanouissent dans le ramollissement du à la pratique de ce pouvoir.
Revenons un peu en arrière. Fin 2006, Ségolène Royal est assurée de gagner la présidentielle. Le bilan de Chirac est calamiteux, la crise du CPE a ridiculisé De Villepin, la droite perd toutes les élections locales et nationales depuis 2004 et n’a même pas été capable d’imposer le traité européen. Mme Royal a tout pour elle : elle est jeune, séduisante, bénéficie de l’appui sans limites des adhérents du PS et d’une énorme partie des médias. Elle est l’avenir.
Et puis, la machine va s’enrayer. Certes les gaffes à répétitions vont la plomber, mais surtout Nicolas Sarkozy va se lancer dans la bataille de manière quasi militaire !! Aucun écart, aucune erreur, une stratégie de séduction qui va assécher le Front Nationale, capter les voix de droite et finalement lui donner une victoire éclatante !! Elu pour réaliser ce que Chirac a refusé d’assumer pendant 12 ans , Sarkozy a alors toutes les cartes en main : il met la gauche à terre avec l’ouverture, il bénéficie d’une légitimité énorme, son langage clair et fort plaît aux Français qui se découvrent, tout étonnés, conservateurs et libérales , et surtout, il jure, la main sur le cœur qu’il appliquera le programme promis.
Hélas, il faut croire que comme les soldats d’Alexandre, le luxe et la pourpre font affaiblir ses résolutions !! Nicolas Sarkozy va surtout tomber dans le piège classique : il veut plaire.
Il veut plaire à tous, y compris aux 47% de Français qui n’ont pas voté pour lui. Il veut plaire aux médias, y compris ceux qui font partie de la gauche la plus archaïque. Or, et les grands dirigeants l’ont compris, on ne dirige pas les yeux sur les sondages d’opinions, on dirige avec un cap et l’on s’y tient.
Les premiers signes apparaissent très tôt. En choisissant Guy Môcquet comme symbole de la résistance, il entend apparaître comme au-dessus des partis mais la gauche se refuse à lui donner un satisfecit. Finalement, la polémique sera tellement forte qu’elle effacera tout le message. Aux législatives de 2007, il commet l’erreur de laisser parler Borloo contre Fabius. Ce dernier qui est tout sauf un crétin lance le concept de la TVA sociale, oubliant qu’elle faisait aussi partie du programme du PS. Sarkozy se défend mal,la droite aussi et le raz-de-marée bleu se transforme en vaguelette . Le président a la majorité, mais la gauche a plus que limité les dégâts. Pire encore, Sarkozy ne peut pas modifier la constitution aussi facilement qu’il le voudrait. Le psychodrame de l’été 2008 montrera les effets de cette bombe à retardement : la modification de la constitution sera l’objet d’un chantage délirant du PS.
Petit à petit, les idées de campagne disparaissent. Sarkozy passe ses vacances avec Georges Bush, mais la presse n’apprécie pas. Dès lors, il n’aura de cesse de donner à ces médias, qui, de toutes façons, ne l’aimeront jamais, des gages de bonnes volontés. La libération des infirmières bulgares aurait pu être une formidable occasion de démontrer combien Kadhafy est fourbe, cela deviendra un piétinement des valeurs de la France quand la dirigeant Libyen viendra insulter notre pays durant sa visite à Paris.
Passons sur le divorce, le remariage et autres affaires privées pour se concentrer sur l’essentiel : l’échec, pour le moment (car après tout, il reste 3 ans et demi) vient donc de cette maladie honteuse de la droite à savoir envier la fascination idéologique de la gauche.
Chirac y  avait rapidement succombé. Il avait suffit que les syndicats organisent un pseudo mai-68 en décembre 95 pour qu’il tourne le dos à ses promesses. Exit donc le libéralisme et retour à la bonne vieille gestion à la petite semaine, aux réformettes, aux compromis !! En 97, il perdait la majorité pour 5 longues années. En 2002, même refrain, victoire surprise grâce à l’ennemi de toujours, Le Pen, puis 5 longues années de reculades, de concessions à la gauche sans compter le virage anti-américain débile de 2003, qui nous valut tant de louanges dans les pays ennemis de la liberté.
Qui se souvient que dans les années 80, Chirac citait Reagan et Thatcher comme exemples ?
Qui se souviendra que Sarkozy a inspiré sa campagne de celle de Bush, en l’ancrant à droite, en osant mettre sur la table des valeurs de patriotisme, d’esprit d’entreprendre, de liberté, de lutte contre le terrorisme. Certes, les pessimistes avaient bien vu que, lors d’un célèbre débat face aux Français, il avait entonné le refrain chiraquien sur l’intervention en Irak mais, naïf que j’étais, j’espérais que ce n’était qu’une concession à la gauche médiatique. Et puis, se réclamer d’un Georges Bush détesté par 98% des Français aurait offert un boulevard à son adversaire.
Quand Alexandre le Grand prit Babylone, ses meilleurs soldats se laissèrent étourdir par la pourpre et le luxe de la ville perse. Il fallut au conquérant une énorme faculté psychologique pour les inciter à repartir de l’avant.
Rome s’écroula car des Empereurs décadents, soucieux de plaire au peuple, refusèrent d’envoyer les précieux citoyens romains garder le limes et les frontières de l’Empire. Ils déléguèrent cela à des troupes barbares. La suite, on la connaît : quand les Francs et autres Wisigoths déferlèrent sur l’Empire , il n’y eut plus personne pour résister. Rome tomba et avec elle l’idée d’une Europe unie.
Sarkozy c’est à la fois Alexandre, pour sa conquête du pouvoir et Rome pour son goût du luxe et son désir de flatter les médias. Il croit encore  naïvement que la gauche lui sera gré de se rouler à ses pieds. Ignore-t-il qu’il est considéré comme un ultra libéral dans les facultés qui préparent la future élite ? Ignore-t-il que dans les médias acquis à la gauche , on ne cherche encore qu’à le ridiculiser, le traîner dans la boue ? Ignore-t-il que ceux qu’il espère séduire rient sous cape en le voyant s’agiter ?
Depuis quelques mois, il ne cesse d’envoyer des gages de gauche : refus d’extrader Petrella, mise en accusation du libéralisme, frein brutal sur les réformes,  relance de la dette… Tout l’édifice de 2007 part en pièce . Et pour quel résultat ? Son image ne s’améliore pas et il n’a toujours pas compris que gouverner c’est imposer ce qu’il faut faire, pas faire ce qu’il faut pour plaire.
 Nicolas Sarkozy veut marquer son temps ?
Alors qu’il cesse de gouverner pour les hypocrites mais qu’il sache que gouverner, ce n’est pas faire l’unanimité.
Un bon gouvernant n’est pas populaire, ne cherche pas à l’être. Il ne cherche pas le profit immédiat mais fait ce qui est juste. Churchill a promis du sang et des larmes. Il fut viré par les électeurs après la guerre. Mais au final, qui l’histoire retiendra ?

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