Où l'on croit voir les petits poujadistes sur le retour à s'essayer de réguler les flux en plaçant des pierres au fond d'une rivière deltaïque. Que du bonheur, tout ça ! Nos élus font les singes dans les branchages tandis que le niveau de l'eau monte, ils remuent les feuilles bruyamment en poussant de hauts cris pour exorciser la crue de l'inconfiance. Barre à bâbord, les gars. La confiance est partie, endettons-nous auprès des Martiens de l'avenir. Et c'est un étrange discours qui s'est mis en place parmi les cris d'orfraie et les tamtams boulimiques des médias catastrophistes. A l'aide ! Notre système (notre ?) financier reflue parce qu'on a voulu, niaisement, enrichir, à bon marché, les pauvres. Niaiseusement. Comme l'argent, c'est un simple potentiel du plus vers le moins, un simple gage, une marque de confiance sur les ressources du travail à venir, le niveau d'échanges faciles de la masse financière a grimpé comme l'eau d'une rivière où a dérivé l'économie mondiale. Le gage de pérennité de ce système n'est pas la réserve de matières premières, ni les capacités de production des différents pays, ni même les réserves en or des banques. Non, il est bien ailleurs : il n'est que dans son expansion. Comme cet univers. Si des signes d'expansion s'essoufflent, la masse des flux financiers devient tout à coup transparente et, comme dans un dessin animé, nous nous retrouvons tout à coup en suspens au-dessus du vide. Alors, les arbres dans lesquels s'agite la faune politique, c'est un leurre : ceux-ci n'ont plus de racines. Le politique s'étant annexé à l'économique, le libéralisme qui voue un culte religieux animiste à l'argent en tant que totem indépassable, celui-ci n'a plus d'outil efficace pour lutter que celle de vociférer en agitant la masse financière invisible des états. Les spéculateurs ne s'en leurrent pas. Alors, où tout ça va-t-il mener ? Cette récession ? Nulle part qu'à l'assèchement de la sphère économique et à l'apparition des mafias et autres lobbies qui vont organiser une économie souterraine encore plus injuste. La gauche ne propose rien ? Non, elle est complètement incapable de penser le phénomène car elle vit encore au pays d'Alice où tout s'innerve d'une bien pensante idéologie rousseauiste du progrès, du progrès bourgeois, d'une ascension positiviste infinie et douceâtre vers le bien-être général. C'est donc une aporie. C'est bien pessimiste tout ça. Remarquez que ce pessimisme ne date pas d'hier pour les pays du Tiers Monde.