Un argument faux mais très répandu dit qu’un petit groupe de travailleurs – à l’occurrence, les fumeurs - “bouffent” tout seuls la plus grande tranche des dépenses médicales de la Sécurité Sociale. C’est très loin de la vérité et je vous invite à lire pourquoi.
Mais regardons la chose du point de vue du chef d’entreprise. Statistiquement, il semble que les fumeurs vivent moins. Un fumeur qui tomberait malade avant l’âge de retraite, c’est un problème. Il faut soit dépenser une fortune pour le remplacer tout le temps avec des intérimaires, ou passer le reste du boulot aux autres employés déjà surchargés. On n’arrive pas à le virer et quand finalement il part on a du mal à trouver quelqu’un qui connaît le métier et qui a l’expérience pour le même salaire.
Et c’est pour tout cela que quand je serai chef d’entreprise, moi aussi je ferai attention aux statistiques.
Je n’embaucherai pas de chinois, car statistiquement ils vivent moins longtemps que les européens.
Je n’embaucherai pas d’irakiens car leur espérance de vie a encore chuté récemment.
Je ne prendrai non plus de suédois car statistiquement ils se suicident beaucoup.
Je ne prendrai pas de jeunes non plus, car statistiquement cette génération est moins costaud que la précédente : plus d’allergies, plus de maladies orphelines, plus de tendance à déprimer.
Je n’embaucherai surtout pas de femmes car statistiquement elles ont tendance à devenir enceintes et à s’absenter pendant plusieurs mois (100% des grossesses sont imputables aux femmes, selon les chiffres officiels).
Pire encore que les fumeurs, je ferai souffler tous les candidats pour détecter l’alcool, car c’est connu que 100% des alcooliques boivent, et le foie peut péter encore plus vite que les poumons.
Et c’est comme ça que la France, qui est déjà le pays avec le plus grand niveau de PIB par heure travaillée – et selon plusieurs critères l’un des 3 pays les productifs au monde – redeviendra un pays idyllique et juste… selon les statistiques.
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