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Les femmes, remède à la crise ?

Publié le 29 octobre 2008 par Guy Deridet
La crise peut aussi révéler des aspects réjouissants. Le gouvernement islandais a ainsi nommé deux femmes —Elin Sigfusdottir et Birna Einarsdottir— à la tête des banques dont les faillites ont contribué à ruiner l’économie du pays. «C’est toujours la même chose, a ironisé un ministre, les hommes mettent le bazar et les femmes doivent nettoyer !» Un article de Libé, signé du psychiatre Serge Hefez, à méditer Les femmes, remède à la crise ? Les images catastrophiques dont les médias nous abreuvent depuis plusieurs semaines font apparaître une humanité affolée et unisexe peuplée d’hommes en complets gris courant de réunions en conseils d’administration ou de traders aux visages épouvantés et à la chemise blanche largement déboutonnée.

Où sont les femmes ?

Une étude de l’Observatoire de la féminisation des entreprises du Ceram Buisness School montre que plus l’encadrement d’une entreprise est féminin, moins son cours de Bourse a chuté cette année ! Hermès et LVMH par exemple, où les femmes représentent plus de 50% de l’encadrement, ont moins dévissé qu’Arcelor-Mittal, EADS ou Saint-Gobain.

On objectera certainement que le luxe (par «essence» plus féminin) souffre moins que la métallurgie. Ou que les femmes préfèrent «naturellement» les services à l’industrie. Que penser alors de BNP Paribas (taux de féminisation de l’encadrement : 38,7%) qui n’a chuté que de 19 ,3% en janvier contre 50,4% pour le Crédit Agricole (taux de féminisation : 16,6%) ?

L’an dernier, une étude de Mc Kinsey montrait déjà que plus les femmes étaient nombreuses dans les comités exécutifs, plus la rentabilité de la société était élevée.

Les participantes du Women’s Forum de Deauville ont pu à juste titre se rengorger il y a une quinzaine de jours, affirmant que «si la moitié de l’humanité n’avait pas été oubliée dans les instances dirigeantes, la crise financière n’aurait peut-être pas eu lieu».

Tout le monde sait, les assureurs en premier, que les femmes prennent moins de risques, notamment au volant : elles roulent moins vite et ont moins d’accidents graves.

Lorsqu’elles fondent une entreprise, elles se limitent dans l’emprunt et cherchent l’autofinancement. Partout, elles tendent à prendre des décisions plus mesurées. Kerviel aurait-il pu être une femme ? Il est clair en tout cas que lors d’un krach, les marchés sanctionnent les stratégies plus audacieuses et dangereuses des hommes.

Rassurez-vous, je ne cherche pas ici à vous embarquer dans un débat naturaliste et je ne pense nullement que la testostérone des uns soit un adjuvant suffisant pour justifier l’hubris démesuré des garçons.

Tout dans nos visions de l’éternel féminin et de l’idéal masculin nous pousse à prescrire aux unes le goût de la prudence, du retrait, de la protection, du don de soi et aux autres celui de l’audace, de la conquête, de la vitesse, du danger, de la domination.

Si le risque est l’ingrédient indispensable pour faire reculer ses propres limites et explorer le monde, il est toujours un moment où il ne se justifie plus que de lui-même et frôle l’autodestruction.
Depuis toujours, des civilisations successives ont expérimenté que l’étanchéité des univers masculins et féminins privait les uns plus que les autres de leur humanité.

Les vertus dites masculines sont d’autant plus convaincantes qu’elles se teintent de qualités dites féminines. Elles appartiennent ensemble à tout être humain et permettent à la fois la maîtrise du monde et sa conservation.

S’il est une leçon annexe à tirer de cette crise, c’est bien celle des bienfaits de la mixité…

• Serge Hefez •

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