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L’industrie risque-t-elle de disparaître en France ?

Publié le 30 octobre 2008 par Pierre

La France appartient au cercle des principales puissances industrielles, et se situe au cinquième rang mondial des exportateurs. Depuis quelques années, on s’inquiète des performances de l’industrie française. Concurrence des pays à bas coût de main d’œuvre, délocalisations, creusement significatif du déficit commercial françaisl’industrie française est-elle réellement menacée ?

Il est bien difficile de donner de réponse catégorique. Certes, l’emploi industriel connaît une érosion régulière, mais seulement 1/3 des pertes d’emplois est lié à des délocalisations. Par ailleurs, de nombreux emplois industriels sont désormais externalisés par les entreprises, et comptabilisés dans la catégorie « services »… ce qui diminue artificiellement le poids en emplois de l’industrie.

Pour le reste, on évoque plusieurs types de raisons expliquant les difficultés de l’industrie française : l’euro fort, le manque de positionnement sur des créneaux haut de gamme bien identifiés (comme en Allemagne), la faible pénétration sur les marchés émergents…
Laissons de côté ces différentes raisons, finalement relativement conjoncturelles, pour nous pencher sur un autre phénomène, nettement moins connu mais très structurant.

Pour différentes raisons, le fait de vouloir accueillir une industrie (sur une commune, par exemple) est en train de perdre une bonne partie de son intérêt. Cela est absolument fondamental, car une industrie ne s’implantera sur un territoire que si on lui propose des terrains équipés, des services, une accessibilité satisfaisante… bref, elle ne viendra pas par hasard.

Voyons les raisons qui expliquent ce phénomène :

1.   En moyenne, les revenus d’un territoire dépendent à environ 60% de revenus redistribués (subventions diverses et variées, salaires publics, prestations chômage, retraite ou maladie, revenus dépensés par les touristes…) ; la part relevant d’une production locale est donc minoritaire.

2.   Avec la réforme de la taxe professionnelle (suppression de la part « salaires » dans son calcul), le fait d’attirer une entreprise sur son territoire devient de moins en moins intéressant au niveau fiscal pour une collectivité.

3.   Avec la hausse de la mobilité quotidienne, la distance entre le lieu de travail et le lieu de domicile augmente régulièrement. Ainsi, le fait de disposer d’une industrie sur son territoire garantit de moins en moins de créer des emplois pour ses administrés.

4.   Enfin, on observe chez les Français une attention de plus en plus forte portée à la qualité du cadre de vie : celle-ci est devenue un facteur prioritaire dans le choix de la résidence (davantage que le travail), et on observe partout une très nette montée de l’attachement au paysage, au patrimoine, avec des attitudes de plus en plus hostiles à la présence d’équipements polluants (industries, déchetterie…) ou laids (éolienne). Le cadre naturel et le paysage peuvent même dans certains cas devenir l’atout essentiel, la carte d’identité d’un territoire.

Cette convergence d’éléments pourrait amener les « territoires » (c’est-à-dire les communes, intercommunalités et bassins de vie) à se désintéresser de plus en plus du développement industriel, pour se consacrer à une stratégie souvent plus payante : attirer de nouveaux habitants et des touristes pour augmenter les rentrées fiscales.

Une stratégie payante localement (quoique risquée à long terme), mais absolument suicidaire à l’échelle nationale ! Il faut bien d’abord créer de la richesse avant de générer un revenu. Mais si personne ne veut s’y coller…

Fred


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