Travailler le dimanche

Nous continuons, Michel et moi, cet article à quatre mains. Nous avons bien pris note de vos commentaires, de vos remarques, de vos avis que nous respectons et auxquels nous avons répondu. Nous attendons vos commentaires.

Un lecteur sur mon blog Elle m’a donné le lien de cet article paru sur delitsdopinon.com.

Je le trouve très intéressant mais des commentaires sont à apporter.

Deux instituts de sondage (l’Ifop et CSA) ont posé la question aux Français.

Mais les questions posées sont toutefois bateau car elles n’entrent toutefois pas dans le vif du sujet, surtout pour celle concernant le fait de travailler le dimanche.

Concernant le premier sondage, pour ou contre l’ouverture du dimanche, les sondés des deux instituts sont très proches. Une majorité pour se dessine, toutefois sans être catégorique. Les “pas du tout favorables” l’emportent face aux “tout à fait favorables”.

L’ouverture des magasins le dimanche Sondage Ifop Sondage CSA

22-23 septembre 15-16 octobre

Tout à fait / Plutôt 52 52

- Tout à fait favorable 22 21

- Plutôt favorable 30 31

Plutôt pas / Pas du tout 48 45

- Plutôt pas favorable 12 12

- Pas du tout favorable 36 33

Ne se prononcent pas - 3

TOTAL 100 100

Concernant le fait de travailler soi-même le dimanche, les réponses sont différentes, car la question posée est elle aussi différente.

Ifop

CSA

Travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous… ?

Vous même, seriez-vous prêt à travailler le dimanche si vous étiez payé double ?

Total OUI

67%

Total OUI

50%

Oui, toujours

17%

Oui tout à fait

31%

Oui, de temps en temps

50%

Oui plutôt

19%

NON

33%

Total NON

49%

Non plutôt pas

7%

Non pas du tout

42%

Ne se prononcent pas

-

Ne se prononcent pas

1%

Les Français se déclarent donc près à travailler le dimanche car le salaire serait plus important., mais cela de temps en temps et non toujours. Quant à la proportion de ceux qui sont contre est très proche du résultat du Non. Les sondés, lors de l’interview, n’ont sûrement pas pensé à se projeter réellement sur ce jour travaillé et les groupes sondés sont différents suivant les deux instituts.

Mais comme nous le savons, le Français est versatile et contradictoire. N’est-ce pas lui qui demandait haut & fort la semaine de 4 jours pour les écoliers afin que les samedis et dimanches soient consacrés à la famille, pouvoir partir en week-end et profiter des enfants.

Ces sondages nous montrent le contraire. Les Français sont-ils prêts à travailler tous les dimanches. Je ne le pense pas, un de temps en temps et encore, car ils n’ont pas l’habitude de le faire, pour eux, ce serait un moyen de gagner un petit peu plus, mais il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Or, si l’on donne quelque chose à son employeur, celui-ci en profitera pour qu’une occasion devienne une habitude. Je vois que les Français ne réfléchissent pas assez quand on pose des questions, même si celles-ci ne sont pas toujours bien explicites. Les Français ne savent pas réellement ce qu’ils veulent, exit les week-end en famille si le travail le dimanche se concrétise. Qui va alors garder les enfants, qui eux, ne sont pas à l’école. Des crèches (un projet d’ouverture les week-end est en cours), des nounous (qui augmenteront elles aussi leurs tarifs) ? Ils gagneront, certes, d’un côté plus mais de l’autre, la dépense sera, elle aussi conséquente, donc cela ne sera pas de l’argent de poche.

Pour en revenir aux enseignes qui ne paient pas ce qu’il faut pour le travail du dimanche, Carrefour a été condamné pour non respect du SMIC. Plus d’un million d’euros d’amende pour les magasins d’Ecully et Givors, soit 3 000 € à verser aux 429 salariés qui auraient été payés en dessous du SMIC entre 2004 et 2006, soit le maximum de la peine. L’inspection du travail, saisie par les syndicats, avait établi deux PV transmis au procureur de la république. Les salariés payés au SMIC voyaient leur salaire diminué car un forfait pause de 5% venait diminuer leur bulletin de paye mais n’apparaissait pas en bonne et due forme. Un rattrapage des salaires n’est toutefois pas prévu dans le jugement. Une action devant les Prud’Hommes est envisagée ainsi que le regroupement d’autres plaintes pour une action au pénal. Carrefour devra payer 75 000 € de dommages et intérêts aux syndicats, parties civiles. Le groupe dispose de 10 jours pour faire appel, il réaffirme que ses employés sont payés au-dessus du SMIC. D’autres enseignes pourraient être redressées. Cette condamnation reflète bien mes propos sur l’ancien article.

Selon le plan de NS pour les entreprises, il est toujours question du travail le dimanche, mais seulement les zones touristiques, soit Paris et les Bouches du Rhône. Il a demandé aux députés d’examiner sans tabou le projet de loi. Il intègre bien entendu, le doublement du salaire pour ce jour travaillé, pratique qui n’est actuellement soumise à aucune loi, je vous le rappelle, donc les enseignes font, pour le moment, ce qu’elles veulent.

Est-ce que les BDR peuvent être considérées comme zone touristique, surtout la zone commerciale de Plan de Campagne. Elle est assez enclavée, il me semble. Chez nous, il est dit que les négociations doivent être menées et qu’un accord définitif doit être trouvé entre les parties afin que le préfet puisse signer les dérogations. Cela me semble compromis car les syndicats sont contre l’ouverture des enseignes le dimanche.

Contribution de Michel :

Ce sondage dont parle Angélita démontre bien la manière malhonnête dont les enjeux sont présentés, raison pour laquelle il était nécessaire de poursuivre cette discussion sur de nouvelles bases : ces questions, en effet, ne sont pas valables.

Je suis pour ma part favorable à ce que les activités commerciales qui ont toujours existé le Dimanche continuent d’exister : or, elles ferment ! Et je suis opposé à ce qu’on cherche à introduire : “Le travail du Dimanche”, ainsi en vrac. Le Dimanche est le jour traditionnel du repos pour tous, et il est inamovible. Ce qui peut varier, c’est le jour de congé normal que l’on prend chaque semaine. Mais le Dimanche est une question de culture comme je l’ai déjà dit, et ça c’est une question qui a autrement d’importance que savoir si Monsieur Untel ou Madame Untelle prend plaisir à arpenter un centre commercial parce que dans cette triste Société, les gens ne trouvent rien de mieux à faire - et au passage, c’est une manière saine d’échapper à l’abrutissement systématique de la télé. Cela s’appelle l’échelle des valeurs. Le Dimanche comme jour fixe de repose, c’est aussi une question d’égalité, pour ceux qui fontionnent à ça.

Le libre choix à chacun ? Dans ce cas, il n’y a plus de Société possible ! Si on donne le choix de travailler le Dimanche, plus personne n’aura le choix ! exactement comme si on obligeait - et on y va peu à peu - à travailler le Dimanche.

Cette façon malhonnête - ou irresponsable - de poser les questions dans les sondages dont je parlais au début, elle consiste ici à ignorer que certains commerces traditionnels ont toujours été ouverts le Dimanche matin ! Le problème, c’est qu’on s’est arrangé pour les faire disparaître ! En ville d’abord, puis à la campagne, et maintenant, disparaissent de plus en plus en ville les derniers qui subsistaient. On ne pars parler du “travail du Dimanche” sans tenir compte de cet état de choses. On ne peut pas non plus en parler en faisant semblant d’ignorer qu’il existe et qu’il a toujours existé : l’hôtellerie, la restauration, les cafés, les boulangeries, certains épiceries, les stations-service, les fleuristes, certains marchands de journaux, etc. Il existe dans l’hôtellerie des conditions spéciales de travail, un SMIC correspondant, etc.

Cette question de l’ouverture de certaines activités le DImanche, que souhaitent certains car elle contribue à une animation qui disparaît de plus en plus dans le centre des villes, ce sont ces activités qu’il faut maintenir, et non les supprimer pendant que dans le même temps on prétendrait faire travailler les commerces qui doivent se reposer ! Est-ce qu’il y a un rapport entre les cafés, et les magasins de carrelage ? Et qu’on ne parle pas des courses : si on ne trouve pas le temps de les faire en semaine, sans subir une queue considérable, c’est qu’il existe un problème à grande échelle qui ne concerne pas le travail du Dimanche !

A juste titre, Angélita invoque le caractère versatile des Français. C’est une raison pour ne pas céder aux questions faussées que posent les instituts de sondage. La question même de l’Ouverture du Dimanche est fausse : elle devrait être “Etes-vous pour la fin de la fermeture le Dimanche ?”, partant de ce qui existe déjà, et non consister à poser une question comme si celle-ci était légitime et déjà décidée, déjà acquise d’avance. En posant la question de cette manière, on fausse l’enjeu et la décision, puisque justement on l’oriente fortement avant d’avoir reçu les réponses des sondés.

La question : “payés plus, êtes-vous prêt à travailler le Dimanche ?” est malhonnête aussi : la juste question devrait être de savoir pourquoi quelqu’un qui travaille n’a pas suffisamment pour vivre sans travailler le jour où les gens se reposent !

Tout cela vise à un seul et même objectif : faire, des gens, les objets de l’Ultra-Capitalisme mercantile, privateur des Libertés, ravalant l’espèce humaine au traitement de bétail mal traité. Je suis d’accord avec Angélita sur le fait que le travail du Dimanche deviendra une habitude, et c’est avec fermeté qu’il faut s’y opposer, en ne se faisant pas les complices de ceux qui veulent détruire ce qui fonde la Société et tout ce qui existe. Ce serait la porte ouverte à tout, et pourquoi pas au travail la nuit …