Elle n'essuie pas les verres au fond du café,

mais elle a bien trop à faire pour pouvoir rêver... elle aussi.

Elle passe d'une chambre à l'autre à toute vitesse. Ses bouclettes blondes ont toujours un temps de retard sur son visage si rapide à tourner de droite à gauche, de gauche à droite... alors des boucles s'attachent au ralenti à son large sourire. Si elle s'inquiète, ça ne se voit pas. Elle a appris à garder un ton joyeux, et un regard empathique. Elle dit au revoir aussi gentillement que bienvenue, et jamais elle ne se plaint de ses longues heures passées debout, de nuit, avec pour tout repas une tasse de Nescafé volé au distributeur. Pourtant, celles qui prennent le temps de lui parler devinent que derrière son accent du sud si chantant se cache une pointe de mélancolie. Non, ellle n'a pas encore d'enfant. Parce qu'elle n'a pas encore trouvé leur père. Elle n'a pas le temps voyons. Elle travaille déjà plus de 80h par semaine pour payer son studio à Asnières. Mais ça lui est égal, elle sait que son temps viendra. Elle a depuis sa naissance dans les collines du Var, il y 25 ans, un optimisme à tout épreuve. C'est ça qui l'a soutenue à son arrivée dans la capitale. Pas ses amies. Elle en a si peu. Certes, il y a Agnès, du même service qu'elle, avec qui elle va prendre un petit déjeuner à l'aube de temps en temps en quittant le travail, dans sa blouse rose. Le temps d'oublier les complaintes de ses patientes et les hurlements de leurs nouveaux nés. Etre sage-femme, c'est le plus beau des métiers.

Read and post comments | Send to a friend