Quelques « grands » critiques se permettent de descendre toute la viticulture dite « naturelle » au prétexte qu’une minorité produit des vins décevants. Alors pourquoi n’attaquent-ils pas la viticulture « conventionnelle » alors que la majorité y fait des pinards sans intérêts, qui plus est en massacrant notre environnement ? Mais je ne m’étendrai pas d’avantage sur la polémique qui enfle autour des vins sans souffres, pour aller droit à l’essentiel : les deux vins dégustés pour l’occasion.
Une dégustation qui a pu être un peu déroutante pour certains, tant leur style peut s’éloigner de ce que l’on a l’habitude de boire. Il n’est pas rare que ces vins pétillent (très peu pour le premier, davantage pour le second), petit problème qui n’est est pas un, puisqu’il suffit de les carafer, ce qui leur laisse également le temps de développer pleinement la richesse de leur bouquet. Les vins sans souffre nous rappellent, bien plus que tous les produits prêts à boire, que le vin est un être vivant. Il faut prendre quelques précautions durant leur transport et leur stockage. Et une fois la bouteille ouverte, il faut laisser le vin s’installer, ne pas le presser pour qu’il puisse nous raconter son histoire en toute confiance.
Nuit d’Ivresse 2006 :
Catherine et Pierre Breton font partie des références incontournables en Bourgueil. Ils élaborent plusieurs cuvées prestigieuses, comme les Perrières ou le clos Sénéchal, démontrant s’il le fallait que les Bourgueils sont de grands vins de garde. Baptisée « Nuit d’ivresse », leur cuvée sans souffre offre un nez complexe de cassis, mêlé de réglisse, de truffes, voire d’une pointe de poivre, finalement assez caractéristique du cabernet franc. En bouche, elle se révèle soyeuse, presque onctueuse, mais pas molle, car soutenue par une bonne structure.
Le Raisin et l’Ange - Hommage à Robert 2005 :
Installé au Mas de la Bégude depuis maintenant 25 ans, Gilles Azzoni produit des vins de pays de l’Ardèche et des Coteaux de l'Ardèche, ainsi que cet « Hommage à Robert » en vin de table. Majoritairement composé de syrah (40 à 50 %), il comprend également du merlot, du cabernet, et du grenache. C’est le plus déroutant des deux vins, un instant j’y ai vu des ressemblances avec le beaujolais générique d’Yvon Métras. Hommage est un vin rond et gourmand, offrant une explosion de fruits rouges, toute en fraicheur avec une pointe d’acidité volatile. Je ne sais qui est (ou était) Robert, mais cette cuvée lui rend un bel hommage.