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[Dossier] Pokémon: pourquoi c’était mieux avant ?

Publié le 31 octobre 2008 par Theom

“Pokémon, c’était mieux avant”

Voilà une réplique somme toute commune de la part des fans des Pocket Monsters, ayant suivi les aventures des bestioles depuis leur apparition sur Game Boy.
Même le vieux sage, perché sur son mont Tibétain, qui passe sa journée à manger des racines et parler à Bernard son yack, vous le dira:
“Pokémon, ce n’est plus Pokémon.”
Mais pourquoi donc? Qu’est-ce qui a tant changé, ces dix dernières années?
La réponse en 20 points.

1°) L’effet de surprise a disparu

Quand Pokémon a débarqué dans nos vertes contrées, il y a une dizaine d’années, le concept était révolutionnaire: mêler les fonctions d’un Tamagotchi à un véritable petit RPG aux allures de parcours initiatiques, cela avait de quoi susciter l’engouement. Ajouté à cela, on nous promettait 151 Pokémons, ce qui forcément fit baver les férus de collection!
Par ailleurs, le jeu se voulait très convivial, puisqu’il permettait d’affronter et d’échanger des données avec ses amis!
Un concept révolutionnaire, donc, pour l’époque.
Aujourd’hui, avec de nombreuses versions sorties, on a plutôt l’impression d’enchaîner les add-on. Force est de constater que l’effet de surprise a depuis longtemps disparu.

2°) Le marketing au (dé)service de l’âme

Le succès de Pokémon fut flamboyant, si bien que l’univers a été exploité sous toutes ses formes. Goodies, T-shirts, séries animées diverses, films, etc…
Tant de choses qui ont transformé les monstres en un phénomène de société.
Mais qui dit mode, dit aussi essoufflement logique. A trop gaver les clients, on finit par les tuer.
Pokémon perdit alors son âme, et devient un facteur commercial de taille.

3°) La série animée en parallèle, ou le plaisir de “faire comme Sacha”

Un jour, un ermite m’a dit: “J’ai voulu faire comme Sacha. J’ai commencé avec un Pikachu, j’ai relâché mon Roucarnage près de Jadielle pour qu’il défende les Roucool, j’ai fait exprès de perdre à la Ligue Pokémon, etc…”
C’était aussi ça, Pokémon. Une série animée de qualité, diffusée alors même que les joueurs parcouraient le monde de Kanto. Je me trompe Doc’? Bien sûr que non, j’ai toujours raison.
En revanche, ce plaisir disparut avec les nouvelles versions de Pokémon. En effet, passée la Ligue Orange -une exclusivité de l’anime-, la série est devenue commerciale et sans âme. On se contentait d’un copié-collé des mêmes trames, à savoir:
-Sacha rencontre un dresseur
-Ce dresseur a un pokémon qu’il ne connaît pas, et fait un truc spécial avec, du genre “Je suis apiculteur et je fais du miel avec mes Dardargnan”
-L’intervention de la Team Rocket dans un nouveau robot aux couleurs du pokémon de l’épisode, afin de voler ce même pokémon AINSI que Pikachu
-La Team Rocket s’envole vers d’autres cieux, et nos amis se disent au revoir sur un coucher de soleil.
Du coup, l’effet de parallélisme avec la série a lui aussi disparu, et l’anime et le jeu ont pris deux chemins bien différents. Le plaisir n’était plus là. C’est d’autant plus dommageable lorsque l’on sait que les versions Or et Argent sont les derniers témoins de l’âme de la série.

4°) La simplicité a disparu: place à la technologie

L’univers des épisodes Game Boy était naïf et simple. Bourré d’humour, avec ses petites musiques niaises. Et l’équipement du héros l’était tout autant. Un sac, un Pokédex, des Pokéballs… et c’est tout!
Désormais, le héros se trimballe presque un satellite et une PS3 sur lui. Bon peut-être pas une PS3… Mais il y a bien une Wii, dans la chambre de Diamant et Perle!
Tout cela est bien trop technologique, la naïveté a disparu au profit des héros branchés et bien équipés. D’accord, cela rajoute des fonctions, mais on se sent nettement moins libre. L’univers a perdu de sa bonhomie.

5°) Trop de Pokémons… tuent les Pokémons

“Ouah, tu te rends compte, il y en a plus de 150″ disait-on avec admiration il y a 10 ans.
Aujourd’hui, le nouveau joueur dirait plutôt: “Enorme, il y en a 400 et des bananes! Je me demande comment ils faisaient, il y a 10 ans, avec leur petite centaine de bestioles!”
Certes, certes… Mais c’est trop.
Dans les débuts de Pokémon, les joueurs connaissaient chaque bestiole par coeur, du premier au dernier. D’ailleurs, ils pouvaient toujours s’entraîner à les réciter sur l’air du désormais célèbre Pokérap qui closait chaque épisode de l’anime.
Mais aujourd’hui, on nous sert de nouveaux spécimens à la chaîne, dont une bonne moitié manque cruellement d’inspiration. Encore une fois, c’est l’overdose. Qui ici peut se vanter de les connaître tous?

6°) Les nouveaux, ils sont nettement moins beaux

Et c’est compréhensible.
A force de trop vouloir en faire, on finit par manquer d’inspiration.
Ainsi, les formes rondelettes et craquantes des anciens, ont cédé leur place à des semi-robots ultra-géométriques. Il n’y a qu’à voir les légendaires Palkia et Dialga!
Pour le reste, rien de bien inspiré: on reprend la maquette des opus passés, et on actualise.
Ainsi, Roucool devient Etourmi, Roucarnage devient Etouraptor. Rien de bien recherché, en définitive. Même les Starters ne parviennent pas à convaincre! On est bien loin des passions suscitées par les désormais célèbres Pikachu, Salamèche, Bulbizarre, et Carapuce !

7°) L’invasion des spin-off très moyens.

Si par le passé, un spin-off Pokémon pouvait s’avérer très bon et marquant, comme ce fut le cas avec Pokémon Snap (le safari photo sur N64) ou encore Puzzle League et l’inoubliable Trading Card Game de la GBA, ce n’est plus d’actualité.
Désormais, un spin-off de la série est forcément moyen, ou tout juste bon (dans le meilleur des cas, et c’est très rare).
On ne citera pas le très honteux Pokémon Dash, censé marqué la sortie de la DS, ni les “Pokémon Donjon Mystère” et leur graphisme désuet (même si dans le fond, ce dernier a des qualités).
Bref, des softs d’une qualité souvent contestable, et qui ternissent malheureusement trop la licence de Nintendo. Encore une fois: dommage.

8°) Le coup des versions différentes est un prétexte passé

Désormais, on peut échanger ses Pokémons dans le monde entier, grâce au WIFI.
Quel intérêt alors de nous sortir 3 versions par jeu?
Avant, on se mettait d’accord avec ses amis pour acheter une version différente. Aujourd’hui, on s’en fiche pas mal. Du coup, la sortie de toutes ces versions n’est plus rien d’autre qu’un coup de bluff, afin d’attirer deux fois les clients mal renseignés sur le contenu. Mouais…

9°) Le jeu mondial tue le principe de convivialité

Non seulement le jeu mondial est une technologie qui empiète sur la naïveté du soft, comme je l’ai dit dans le 4ème point, mais en plus il n’y a plus aucun charme à échanger ses Pokémons.
Avant, on pouvait dire à notre pote Julien, qui se trouvait devant nous:
“Prends bien soin de mon Carapuce, hein!”
Désormais, la bestiole part à des milliers de kilomètres, on ne la reverra jamais, et honnêtement, on s’en tape un peu. D’autant plus que le système d’échange est rendu impossible, faute a des gamins stupides qui demandent des Mew niveau 100 contre des Chenipan niveau 4.
D’accord, le jeu en WIFI nous ouvre au monde, mais finalement, ne nous enferme-t-il pas plus qu’il ne nous socialise?

10°) Trop de Pokémons… tuent la collectionnite !

Le but des 151 était accessible assez facilement. Deux versions, et le tour était joué.
Désormais, nous avons plus de 400 Pokémons, éparpillés sur 40 000 versions ainsi que des légendaires qu’on ne peut avoir qu’en étant très pote avec Miyamoto ou presque. Le jeu nous fait même l’affront d’un Pokémon exclusif à un spin-of, à savoir Manaphy!
Du coup, le défi décourage d’avance, et on n’a plus vraiment envie de le remplir.
La collectionnite s’essouffle.

11°) Le public a changé

Il y a 10 ans, Pokémon n’était pas encore un phénomène de mode. On pouvait y jouer comme l’on jouerait à Mario ou à Zelda.
Mais quand le feu a pris, la série s’est entichée d’une image puérile, et avant tout destinée aux cours de récré. Du coup, les joueurs adultes ont fini par quitter le terrain.
Voyant ça, le marketing et la série tout entière ont changé de cap.
Aujourd’hui, la cible des publicitaires est largement concentrée sur le jeune public. Les autres, à moins de jouer la carte de la nostalgie, ne sont plus réellement concernés par le phénomène Pokémon.

12°) La stagnation technique

Les nouvelles versions souffrent d’un problème de taille: la technique est loin d’être au rendez-vous.
En effet, là où un Pokémon Bleu ou Or pouvait impressionner, il n’en est rien sur DS. Le soft se contente du minimum syndical, en jouant sur la nostalgie des joueurs. Les combats sont toujours aussi statiques, alors que la console permettrait une avancée technique assez conséquente, vis à vis de ce qu’on pouvait voir dans les Stadium sur N64.
Au final, on se retrouve avec une référence assez pauvre aux anciennes versions, et qui de toute façon, n’en égale pas le charme. Bien au contraire.

13°) Le phénomène Pokémon mal localisé.

Cela est surtout visible dans la série animée.
On nous présente Pokémon comme un manga de combats et d’aventures avec pour héros un garçon qui n’a jamais peur et qui est déterminé… et c’est tout. La poésie propre à n’anime japonais a totalement disparu.
En effet, au Japon (et c’est assez visible dans les longs-métrages) l’accent est mis sur l’aspect bucolique du monde, en ce qu’il fourmille de vies, de nature. Les thèmes musicaux très poétiques chantés par des Japonaises, et qui retranscrivaient à merveille cette impression d’onirisme, ont été remplacés en France par des génériques ridicules, tantôt rappés, tantôt ratés, où un jeune chanteur s’égosille sur un air nauséabonde pour nous dire que Sacha sera le meilleur avec ses amis et qu’il vaincra ses peurs dans l’ultime combat. Navrant. De plus, le héros, Sacha, n’a plus rien d’un garçon tempétueux et maladroit: il est désormais un moralisateur mûr et insipide. Beurk.

14°) La nostalgie piétinée

Les nouvelles versions vidéoludiques n’ont pas un brin de nostalgie. Pas un clin d’oeil, rien. Que du faussement neuf, avec la reprise trait pour trait des cheminements précédents, à savoir 8 badges, une ligue, un prof, un rival, une mère, et une Team.
Dans Pokémon Or et Argent, on pouvait affronter Sacha dans un match assez tendu, en fin de jeu, après avoir redécouvert entièrement le monde de Bleu et Rouge! Ca, mes amis, c’était de la bonne nostalgie !

15°) Les nouveaux personnages n’ont aucun charisme.

Le professeur Chen, on s’en souvient toujours!
La Team Rocket également!
Mais qui se souvient précisément du nom des nouveaux professeurs?
Qui a pris son pied à démanteler les Team Aqua, Magma, et Galaxy?
On est à 100 kilomètres du plaisir ressenti dans Pokémon Jaune, en affrontant Jessie, James, et Miaouss!
Les nouvelles têtes ne sont que des faire-valoir, un simple rôle à occuper dans le jeu. C’est triste.

16°) Toujours le même cheminement

8 badges, une Team à battre à deux reprises, un monde menacé par des légendaires, une route Victoire, une Ligue… Cela devient lassant… Un peu de nouveauté ne ferait pas de mal… avec un scénario par exemple?
Attention, nous ne voulons pas le même scénario pitoyable que sur les versions Gamecube, vous êtes prévenus!

17°) Le design retravaillé (et simplifié) des anciens Pokémons

Ceux qui ont joué à Donjon Mystère, par exemple, l’auront remarqué. Les anciens Pokémons ont été redessinés de manière plus simple.
Du coup, Pikachu se dote désormais d’une tête toute ronde, assez Kawaï. C’est bien de vouloir actualiser, mais de trahir, non!

18°) Les séries annexes ont tué la série originale.

On se retrouve désormais avec plusieurs séries spin-off, qui tuent férocement l’âme de la série originelle.
Par exemple, Pokémon Chronicles, qui nous met en scène les personnages secondaires, tels que Richie rencontré à la première Ligue, démonte totalement le mythe de ces personnages. Le souvenir n’en est plus un.
De la même manière, la série des Donjon Mystère donne la parole aux Pokémons. Là encore, la trahison est acerbe, puisque nos amis les monstres ont perdu (sans mauvais jeu de mot) tout leur mystère.
Ainsi, le commerce envahissant du présent, à force de vouloir trop en faire, démonte lui-même ses valeurs passées.

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19°) Le scénario de l’anime distillé au profit des films

Avant, la série Pokémon avait ses mystères.
Maintenant, on conserve les Pokémons légendaires bien au chaud, pour en faire l’objet d’un film, et ainsi s’amasser des pépètes dans les salles sombres.
Du coup, l’anime en pâtit forcément, et se retrouve avec des scénarios bidons (voir le 3ème point)
C’est un peu comme si l’on rendait une moitié de copie d’interro, pour en avoir une deuxième à rendre le mois d’après, finalement. On se retrouve avec deux entités très moyennes, en l’occurrence l’anime et les films (pas bien transcendants à partir du 4ème). Et tout ça… pour l’argent.

20°) Des suites qui ne coïncident pas

Dans les premiers opus ainsi que dans la première saison de l’anime, on nous dit qu’il y a environ 150 Pokémons, et quelques légendaires.
Mais à force de nous ressortir des suites, on se retrouve avec un monde qui ne coïncide pas. Les personnages ne savent même pas qu’il y a d’autres continents autour. Les professeurs se connaissent tous, mais il ne leur a pas pris l’idée de se communiquer les Pokémons qui les entourent! Ainsi, Chen n’a jamais vu l’ombre d’un Kaiminus, alors que son pote de Johto en a un à portée de main!
Aucune cohésion, donc, c’est ridicule.
Pour ce qui est des légendaires, il y en a bien trop! La légende tue la légende. On peut compter aujourd’hui une bonne trentaine de Pokémons légendaires, si ce n’est plus. Cela a de quoi détruire le mythe, vous ne trouvez pas?
Bref, l’on peut largement dire que toutes ces suites ne sont que des briques empilées les unes sur les autres, et que le résultat est loin d’être stable. Un cruel manque de concordance.

Au final, la série des Pokémons a perdu de sa superbe, faute à des développeurs immobilisés par l’étau commercial. La première recette a fonctionné, alors on ne se prive pas de resservir plusieurs fois le même repas.

C’est un peu le gros défaut de Nintendo: vouloir sortir des suites à la fois ressemblantes et évoluées, qui au final échouent sur les deux fronts: les évolutions sont trop moindres, et l’aspect nostalgique tue son modèle en le dénaturant.
C’était par exemple le cas pour Animal Crossing, passé de jeu poétique et bucolique à phénomène de mode pour ados, sur Nintendo DS. Et encore, nous n’avons pas eu droit au film stupide, sorti au Japon! Ce qui n’est pas le cas pour Pokémon, qui nous offre, l’air de rien, son 10ème DVD ce mois-ci.


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