Nous devons admettre que notre planète toute entière est ravagée par les humains, l'environnement se dégrade et la biodiversité se meurt. Les pays occidentaux n'arrivent même pas à préserver leurs insectes et les autres pays vendent leur biodiversité comme une vulgaire marchandise, lorsqu'ils ne sont pas obligés de s'en nourrir. Malgré tout, certains veulent nous faire croire qu'ils s'agitent pour réguler ce désordre environnemental mondial, les gouvernements, par exemple, en adoptant de jolies lois de protection, allant même jusqu'à classer certains sites comme patrimoines du pays, mais aussi les organisations internationales qui proposent de pertinents programmes et de belles conventions, mais tout cela est sans compter sur l'avidité et la convoitise humaine. Pendant que ces sauveurs restent dans leurs bureaux, les dégradations de l'environnement sont toujours plus désolantes. Et la corruption fait que rien ne changera, si ce n'est le prix à payer, à moins que l'opinion publique sache et décide de réagir.
Je rejoins entièrement Bérangère, de l'association Sundari, lorsqu'elle m'écrit : ‹‹L'information de toutes les populations est cruciale, si nous voulons un jour que cet acharnement sur les animaux et sur leur environnement cesse.››, et, pour cette raison, je vous transmets son dernier message ainsi que les photos.
SUNDARI WILDLIFE PROJECT
Durant notre dernier séjour de huit mois au bord du parc national de Bardia – sud-ouest du Népal... nous avons été les témoins génants du massacre de deux rhinocéros unicornes.
Nous avons également appris à mieux comprendre le système de braconnage népalais...
Le parc national de Bardia est un site naturel unique au monde, renfermant une biodiversité extraordinaire.. un coin de paradis sur Terre... seul endroit au monde où l'on peut observer ensemble tigres, éléphants, rhinocéros indiens, dauphins d'eau douce, pour ne citer que les espèces les plus charismatiques.
Ce joyau est en train de disparaître à une vitesse alarmante. C'est une évidence malgré tous les efforts de l'administration pour camoufler la situation réèlle.
De la centaine de rhinocéros présents sur place il y a quelques années , il n'en reste que 21, selon le dernier comptage, largement sur-évalué.
Début avril, la mort d'un homme, témoin malheureux du braconnage d'un rhino, tué par les braconniers, a fait apparaître la vérité au grand jour...
Patrice CORREIA, Photographe animalier, s'est rendu sur place pour photographier la dépouille de l'animal, malgré l'interdiction de l'armée, qui ne voulait surtout pas de témoin de cette affaire. Trois semaines plus tard, Patrice et l'un de ses amis, Tristan RENAUT, ont découvert un nouveau rhinocéros mutilé, la corne arrachée à coups de machette... lors d'une journée en jungle.Un mois auparavant, nous avions déjà observé un homme au comportement suspect qui poussait les rhinos vers la rivière à l'aide d'un chien de chasse. Le parc, alerté, n' avait pas réagi.
Cette fois ci c'en est trop, l'administration est sommée de s'expliquer ( administration tripartite où tout le monde se renvoie la balle : armée chargée de la surveillance, national trust for nature conservation chargé de l'équilibre entre les communautés locales et la vie sauvage, et la direction du parc.)
Les langues se délient, et il est évident que nombre d'employés laissent faire , voire sont corrompus.
Nombres de fonctionnaires touchent des salaires exorbitants (financés en grande partie par des donations venant de l'étranger) et considèrent le parc comme leur garde manger .
Les guides naturalistes et les hotels vivant de l'éco-tourisme sont les premiers touchés par la disparition de la faune ( les rhinos ne sont que la partie émergée de l'iceberg.), mais le plus souvent ils se taisent de peur de perdre leur licence de guide qui leur est délivrée par le parc.
RECAPITULATIF DES ACTIONS 2008
ET NOUVEAUX ELEMENTS
1er avril 2008 :
Meeting au TRUST NATIONAL CONSERVATION, concernant la coupe de bois illégale qui sévit depuis des semaines dans le parc, par les populations locales.
Etaient présents, les guides de jungle, les propriétaires de lodges, deux gradés de l'armée, le commandant du parc national, le responsable de la fondation TRUST, Patrice et moi..
Aucun résultat. L'indifférence des trois autorités en place fait peine à voir.
Nous nous posons beaucoup de questions sur leur véritable motivation...
3 avril 2008 :
Je me rend au quartier général du parc national, accompagnée du président de l'association des guides de jungle NAGA, Tulsy. Pour y rencontrer le commandant afin de lui proposer notre aide, pour faire cesser la coupe de bois dans le parc...
Il nous reçoit très bien, me demande de lui fournir des infos et des témoignages.
Ce que je fais.
4 avril 2008 :
Braconnage d'un rhinocéros mâle agé d'une vingtaine d'années, dans la zone tampon de Attishar, au bord du parc national de Bardia.
12 balles dans le corps, la corne arrachée.
Un jeune homme, Narendra Chaudhary, témoin du massacre à été abattu de sang froid par les braconniers, alors qu'il se rendait au même moment dans son village.
L'indifférence des autorités est affligeante.
5 avril 2008 :
Je me rend au quartier général de l'armée, accompagnée de Tulsy et Raju, membre lui aussi de l'association des guides de jungles NAGA.
Notre entretien avec le colonel est bref, il me fait comprendre que leurs moyens sont très limités du fait du peu de budget, du manque de véhicules et de carburants, pour effectuer les patrouilles dans le parc.
Je lui propose de les aider, au moins pour le fuel, il décline mon offre.
Il me conseille de mettre en place un système de patrouilles avec les guides de jungles...
Pendant ce temps, Patrice se rend à Attishar pour prendre des clichés de la dépouille du rhinocéros.
Malgré l'interdiction de l'armée, présente cette fois sur les lieux, il arrive malgré tout à prendre cinq photos de l'animal.
23 avril :
Braconnage d'un rhinocéros mâle agé d'à peine quatre ans, dans le parc national, à Manau Gate... à cinq cent mêtres du lieu de braconnage du premier rhinocéros.
Patrice et un proche ami Tristan , accompagnés de leur ami et guide de jungle Sankar, font cette macabre découverte lors d'une promenade en jungle...
Tout de suite ils alertent l'armée, par téléphone, mais pas de réponse.
Ils alertent alors la direction du parc, qui se rend sur les lieux environs une heure plus tard !
Là encore Patrice prend des clichés de l'animal gisant au mileu de l'eau, la corne arrachée, comme le premier rhinocéros.
A l'aide d'un éléphant domestique, un membre du parc repousse le corp sans vie du rhinocéros jusque sur la berge... la méthode est écoeurante. Des hommes du parc national rient de bons coeur, la scène semble les amuser. Patrice et Tristan sont en rage.
Le soir, Nous rencontrons par hasard le propriétaire d'une radio régionale, Resham Chaudhary,de Phoolbari FM, a qui nous racontons ce qui se passe à Bardia, l'envers du parc national.
Il nous interroge, magnétophone en main, et le lendemain matin, notre conversation est retransmise sur les ondes, dans vingt six régions du Népal.
24 avril :
Nous sommes invités à participer à un meeting, pour discuter des derniers évènements, mais à notre arrivée nous voyons que nous ne sommes pas les bienvenus, et la conversation ne se fait qu'en népali, afin de nous écarter.
Nous sommes furieux et nous quittons la salle.
C'est alors que nous faisons la connaisance de Yogesh, un amoureux de nature, président de l'association SAVE WILDLIFE – Népal.
25 avril :
Avec Yogesh nous décidons d'organiser un voyage à Kathmandu avec les guides de jungles, les membres de NAGA, quelques propriétaires de lodges , et nous mêmes, afin de manifester dans les rues de la capitale, et devant le ministère de l'environnement, pour dénoncer l'indifférence ou l'implication des autorités concernant le braconnage.
Aussi nous voulons organiser notre propre conférence de presse.
Après plusieurs jours de meetings et d'organisation, nous sommes prêts à prendre la route.
29 avril :
Nous nous rendons à Tikapur, pour une entrevue en direct avec la radio Phoolbari FM.
Entrevue d'une heure, où nous témoignons.
3 mai :
Nous subissons chaque jour de très fortes pressions de la part des autorités en place, des leaders maoistes... qui semblent être en désaccord avec notre projet... nombres d'entres eux ayant des choses à se reprocher, étant impliqués directement dans le braconnage.
4 mai :
Notre programme doit être annulé du fait de la pression et des menaces très graves dont nous avons fait l'objet. Les guides de jungle sont les premiers visés, donc nous décidons de tout annuler, cette mission devient trop dangereuse pour tout le monde.
Nous prenons la route seuls.
10 mai :
Quatre braconniers ont été arrêtés à Bardia, en possession de la corne du second rhinocéros et de dix kilos d'os de tigres.
Quatre soldats de l'armée népalaise.
14 mai :
Conférence de presse à Kathmandu, organisée par Yogesh, étaient présents le président du WWF Népal, les autorités responsables de la protection de la faune... les principaux journaux locaux et nationaux, la télévision Népal tv, et la radio nationale.
Nos témoignages sont entendus et pendant plus de huit jours, tous les journaux rappellent quotidiennement les faits , parlent de notre projet, se révoltent à leur tour de l'incompétence des autorités, de l'implication de l'amée dans la destruction du patrimoine sauvage.
Une émission de tv nous est consacrée.
Cinq autres braconniers sont arrêtés quelques jours plus tart.
18 mai :
Entretien avec Népal tv, une émission nous est consacrée.
La protection de la faune DOIT devenir une priorité pour chacun, nous voulons sensibiliser au maximum la population concernant ce sujet sensible.
Sundari au secours des derniers rhinocéros de Bardia
Surtout, n'hésitez pas à transmettre votre indignation à Monsieur Shyam Bajimaya, directeur général du Department of National Parks and Wildlife Conservation(Département des Parcs Nationaux et de la Conservation de la Vie sylvestre) au ministère de l'environnement népalais : [email protected]