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Lettre persanne…

Publié le 03 novembre 2008 par Dominique Foucart

J’écris ce billet depuis Ithaca, une petite ville universitaire de l’Etat de New-York, où je suis en visite depuis un peu plus d’une semaine. J’ai eu la chance d’y vivre cette dernière semaine de campagne électorale, et je dois dire que je suis assez impressionné par les conditions dans lesquelles se déroulent cette fin de combat.

L’Etat de New-York semble tout acquis à Barak Obama, et la blague qui court lorsqu’on est étranger ici c’est que de tous les états du monde, il n’y en a qu’un seul qui n’a pas encore choisi le future président des Etats-Unis: les USA. Ce qui est impressionnant, ce n’est donc pas la mobilisation locale, mais l’intensité de la participation politique de la plupart des citoyens.

Chez nous, l’obligation de participer au scrutin fait que près de 100% des électeurs votent. Par contre, la désaffection pour la chose politique est de plus en plus mise en avant par la plupart des commentateurs. De ce côté-ci (américain) de l’Atlantique, la situation est très différente: pas d’obligation de voter, mais à chaque carrefour un militant de l’un ou de l’autre parti qui vous interpelle: “êtes vous inscrit pour voter?”, “n’oubliez pas d’aller voter”. Le leitmotiv de Barak Obama dans son discours de ce soir, chaque fois que le public commençait à siffler McCain était “Ne sifflez pas, allez voter !”. La propriétaire du Bed and Breakfast où nous logeons fera demain 200 Km pour aller en Pennsylvanie (état voisin particulièrement disputé entre les candidats) pour contacter la communauté polonaise dont elle fait partie et l’inviter à voter pour son candidat.

A table, ce soir, avec un groupe de jeunes de 25 à 30 ans, la discussion tournait autour de qui allait faire quoi demain dans le cadre de la campagne. Mc Cain semble avoir réussi à mobiliser suffisamment de gens pour ambitionner de passer 2000000 d’appels téléphoniques invitant les électeurs à voter pour lui d’ici mardi matin !

Le débat est concret: qui va réduire les taxes de qui en les finançant comment ? Que faire de la guerre en Irak ? Que veut dire le changement ?

Mais ne nous leurrons pas, cette élection est perçue ici comme une affaire domestique. La dimension internationale n’a que peu d’importance, quel que soit le candidat. La guerre en Irak, c’est d’abord arrêter la fuite en avant budgétaire (10 milliards de dollars par mois) et rapatrier autant de “boys” vivants qu’encore possible. La politique industrielle, c’est “fabriquer des voitures non polluantes pas au Japon ou en Corée, mais ici, chez nous” (Barak Obama, ce soir, à Cincinatti).

Pendant que les américains voteront, mardi prochain, je serai dans l’avion qui me ramène à Bruxelles. Si les sondages ont raison (ce qui est rarement le cas aux Etats-Unis) vous devriez donc connaître le résultat avant moi qui n’arriverai que vers midi. Mais rien n’est moins sur. Nous avons rencontré une avocate qui  nous a expliqué qu’il y aurait devant chaque bureau de vote un avocat du parti démocrate prêt à intervenir à la moindre suspicion de fraude. Nous avons découvert les “trucs” les plus horribles pour empêcher les électeurs démocrates de pouvoir s’exprimer ( et rien ne me dit que la même chose ne se passe pas de l’autre côté). Si le résultat n’est pas “cristal clear”, on peut craindre un débat sur le résultat encore plus houleux que lorsque l’élection d’Al Gore a été simplement volée par G.W. Bush…

Un exemple de ces “horreurs” qui ont déjà été relevées ? Il faut savoir qu’une des forces du parti démocratique est d’avoir inscrit un grand nombre de nouveaux électeurs sur les listes électorales. La faiblesse de ces nouveaux électeurs c’est d’être moins bien éduqués aux procédures électorales. On peut donc leur faire avaler des “couleuvres” comme celle-ci: un courrier ressemblant à s’y méprendre à un document officiel leur est envoyé qui précise qu’en raison du grand nombre d’inscrit, il sera impossible de faire voter tout le monde en un jour et que donc, le gouvernement a décidé que les républicains doivent voter le 4 novembre (jour officiel de l’élection) et les démocrates le 5 (et donc trop tard…).

Ma conclusion de tout cela: je reste impressionné par la présence du débat démocratique et le concret des arguments échangés; je constate aussi que la fierté nationale donne un respect de l’adversaire intérieur qui doit permettre de toujours se rassembler en cas de “coup dur”, mais alors sans doute dans un repli nationaliste. Et j’attends avec impatience le résultat…

  

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