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Japon de demain - L’exploit Yamanote

Publié le 03 novembre 2008 par Aboivine

Aujourd’hui je voudrais parler du Tokyo de demain. Pas celui de l’an 2020 non, le Tokyo tel qu’on peut le voir après 00h00, soit littéralement demain ^^

En effet jusqu’ici j’avais fait un peu comme tout le monde a Tokyo quand je sortais le soir : je jouais les Cendrillon. C’est a dire que soit je rentrais avant le dernier carrosse ferroviaire de minuit, soit je restais faire ma dévergondée au bal (c’est une facette de la vie de Cendrillon dont on ne parle pas assez… loi du silence, toujours). Bref, je ne jurai que par la bible des horaires de trains.
Or ce vendredi après une soirée au bar a Shinbashi, pas de bol je me loupe dans mes calculs et je comprends avec une grande douleur qu’aucun train ni métro ne pourra me ramener dans mon futon avant demain matin, Pas vraiment envie de mettre 80 euros dans un taxi, il me reste toujours le choix de tester les capsules hôtels et ainsi compléter ma panoplie d’expérience de salary-men Tokyoite. Sauf que je ne me sens pas Tokyoite a ce point et en plus quitte a me coucher j’aimerais bien en profiter pour me reposer (malheur a ceux qui ont un voisin ronfleur dans la capsule voisine).

C’est après ces pensées que me vient une idée de génie : si les trains sont arrêtés, la ligne qu’ils empruntent elle est toujours la, et je n’aurai qu’a la suivre pour rentre chez moi ! En plus avec mon téléphone K-2000 qui fait GPS, impossible de se perdre et je sais même la distance qu’il me reste a parcourir : 10km a vol d’oiseau! Allez, ce n’est jamais que 2 heures de marche sur du plat, ça pourrait être sympa et j’arriverai chez moi toujours plus tôt qu’en attendant le lendemain. Bref, je perds toute notion de bon sens et je me mets en marche.

Je quitte Shinbashi, rendez-vous du vendredi de tous les employés de la région, et je me retrouve vite bien seul. Personne sur mon chemin. Je continue de longer la ligne Yamanote, gare de Yurakucho, gare de Tokyo,… personne, toujours.

Seul avec mes ombres, ça me laisse le temps de penser… En dehors des zones de “divertissements”, (autour de quelques grandes gares de Tokyo ou la on peut circuler comme en plein jour au milieu de la foule et de la lumière même si elle est artificielle), il n’y a donc littéralement pas un chat. Pas un passant, pas de voitures particulières. Que des balais de taxi. Il s’installe donc un espèce de couvre-feu qui ne dit pas son nom.
On peut bien sur sortir la nuit, mais seulement aux mêmes endroits que tout le monde. Et si jamais l’on veut passer de l’un a l’autre, il faut payer un taxi plusieurs milliers de yens la ou 20 minutes de marche a la fraiche aurait fait le plus grand bien entre 2 verres. Idem si l’on compte rentrer chez soit. Ou alors il faut attendre le premier train de 5h00.

Et quand on fait le malin pour briser un peu la monotonie des week-end ou il ne se passe rien, on comprends qu’on est pas vraiment a sa place :
- 4 patrouilles de police pédestre et 1 “véloportée” m’ont regardé avec des yeux ronds (pour des Japonais, c’est dire si c’est j’ai du les surprendre) [genre "je suis un malfaiteur"]
- la patrouille véloportée m’a interpellé pour me demander si j’étais perdu, et m’intimer de faire attention parce que c’est la nuit (sans blague ? le pauvre ne ferait pas long feu a Paname sur Seine…) [genre "je suis un débile mental de gaijin"]
- 4 “massages” m’ont été proposé par 4 personnes de nationalités différentes (je me réfère a leur accent) [genre "je suis un touriste sexuel"]
- plus que j’ai de doigts, des sans-abris qui me faisaient a chaque fois sursauter. Ne vous inquiétez pas ils étaient sagement inanimé, j’étais juste surpris de les trouver dans des endroits comme ceux ou je les ai trouvé.[genre "je suis franchement un gros égoïste de perdre mon temps comme ça alors que je pourrai le passer a aider ces pauvres gens". C'est l'hypothèse valide je crois]
- 1 d’entre-eux au moins m’a laisse des doutes sur le fait qu’il était encore en vie ou non

Bref, après cette longue marche je suis arrive a bon port sans être inquiété, preuve que la notion de danger est purement relative.

Pour finir en gaieté, voici de gens qui marchent encore plus que moi et dans des conditions bien plus pénibles. Un paire d’yeux ultra-synchronisée et qui marche avec une lenteur qui doit franchement faire vite mal au jambe, le tout pour la performance artistique (que je ne comprends pas personnellement. Si vous avez des explications pour combler mon “manque de civilisation”[private joke], n’hésitez pas !)

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