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Pontault-Combault

Publié le 28 décembre 2007 par Chez
Tu vis à Pontault-Combault aujourd’hui et toi, qui te voulait ballerine aquatique, quand je te demande, plein d’amour, comme avant, ce que tu fais de tes journées, tu préfères tourner la tête et pleurer. J’en conclu que tu as honte de ce que tu es devenue et même si j’ignore ce que tu peux bien faire, je sais à la fois que tu as tort et que tu ne m’écouteras pas.
Tu vis à Champs sur Marne. Tu es parti longtemps, tu as bien voyagé, consommé de tout, en Angleterre comme en Espagne, et te voila revenu dans l’appartement familial que tu avais quitté il y a dix ans sans même te retourner.
Tes parents ont déménagé et tu vis dans leur ancienne maison. Le chien a changé de nom, ta peau ne s’est jamais remise de la crise d’acné que tu traversais quand je t’ai connu. Tu as troqué ton attirail de hardos pour un complet-veston et ça te va presque.
Tu es partie pour un autre, un vrai con celui-là, même si tu ne le concéderas jamais que du bout des lèvres, même si tu l’as finalement quitté. Tu es partie loin et tu vas revenir. Qui est l’homme avec qui tu l’as fait cette enfant ? Je ne sais même pas si tu le sais. J’espère que oui mais je ne le sais pas. Il y a un mur recouvert de carrelage multicolore qui sépare nos peaux.
Tu sors un livre ces jours-ci, le premier, et j’espère enfin y glaner quelques bribes de toi qui te tiens si silencieux dans ma vie, toi dont les cordes vocales ne vibrent généralement que pour me parler de moi ou répondre à mes questions sans réponses pourtant.
Tu vis en Floride et tu n’es pas heureuse, parce que ton cœur n’y es pas. Tu cherches toujours un Alaska de carte postale ou peut-être réel, je ne sais, qui t’empêche bien souvent d’avoir le cœur battant au fond de ta cage thoracique, mais ailleurs, comme suspendu à un fil qui ne t’appartiens pas.
Je fais régulièrement des allers-retours en 2e classe et c’est pas demain la veille que je pourrais me payer une bagnole. A part ça, j’ai une vie sexuelle épanouie, mais je me réveille trop souvent, comme depuis trop d’années, avec le sentiment peu agréable que chaque rue se ressemble et que la vie est un perpétuel non recommencement.
Je ne suis pas sûr que ça soit notre faute. Les villes nouvelles ont eu notre peau, voilà tout.

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