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C'était un appartement ancien, pas un dôjo. Un grand vest...

Publié le 30 octobre 2008 par Zenuchiyama

C’était un appartement ancien, pas un dôjo. Un grand vestibule qui comportait deux pièces sur la droite : une grande, vide de meubles, moquettée, c’était le lieu de méditation ; l’autre, minuscule, avec seulement la place pour deux sièges avec un espace entre les deux, c’était la salle d’attente.

En face ce de la porte d’entrée, une porte sur la droite donnait sur une pièce de  grandeur moyenne, une chambre d’amis, très peu meublée : le vestiaire des dames lors des méditations. A sa gauche, une chambre plus petite, avec le strict nécessaire, qui tenait lieu de bureau. Sur le côté gauche du vestibule, du fonctionnel : un WC, une minuscule cuisine (le vestiaire des messieurs), et une salle de bain tout aussi minuscule. La seule pièce d’habitation était donc la chambre-bureau. Le reste était voué à la méditation. La plus grande pièce qui tenait lieu de zendo n’était décorée, sur ses murs que de quelques photos d’Ikebanas, récupérées sur des calendriers des années passées. Dans l’angle, à droite de l’entrée, un vase haut et fin où étaient toujours placées quelques fleurs fraîches à longues tiges, souvent apportées par des disciples quand ce n’était pas par le Maître lui-même. Tout à coté se trouvait un porte-encens avec quelques bâtonnets. Au centre de la pièce des zafus, coussins ronds ou carrés, marrons, jaunes, oranges, étaient disposés en cercle. Ils avaient été confectionnés par une disciple dans un tissu d’ameublement extrêmement solide, et garnis de kapok et de crin de cheval. La pièce contiguë, étroite comme un couloir – la « salle d’attente », permettait d’accueillir les nouveaux venus qui n’avaient pas pris de rendez-vous au préalable. Dès que la méditation avait commencé, le Maître rejoignait le nouvel adepte et lui enseignait les bases de la posture correcte, ainsi que l’esprit de la pratique. A la question presque inévitable : « Quel ouvrage faut-il lire ? », la réponse était toujours : « Rien ! Vous verrez plus tard ! »   Le Maître le laissait là, face à lui-même, jusqu’à l’interruption de la première période de  zazen et l’invitait alors à venir pratiquer le kin-hin, la marche méditative. Bien souvent, nous n’avons jamais vu le visage de ces apprentis qui se lassaient de l’attente et claquaient la porte avant l’introduction promise. Ainsi va le zen ! 

Les retardataires subissaient le même sort, même s’ils étaient pratiquants chevronnés. Mais ceux-là ne s’enfuyaient pas ! Et puis, ce cas de figure était rarissime.

A ceux qui voulaient utiliser le temps de méditation pour une autre pratique que le zen : prière, récitation de mantras, visualisations, le Maître disait : « Partez ! Vous n’avez rien à faire ici ! Le zen, c’est zazen et rien d’autre ! Zazen, c’est de la biscotte sèche, sans beurre, ni confiture ! » 


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