Oh, j'ai vu, j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une vache
Qui dansait sur la glace
À la Saint-Jean d'été
Compèr' vous mentez.
Oh, j'ai vu, j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une grenouille
Qui faisait la patrouille
Le sabre au côté
Compèr' vous mentez.
Oh, j'ai vu, j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu un loup
Qui vendait des choux
Sur la place Labourée
Compèr' vous mentez.
Oh, j'ai vu, j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une anguille
Qui coiffait une fille
Pour s'aller marier
Compèr' vous mentez.
Claude Roy
Afin de travailler le dialogue, voici deux autres poésies que m'a proposées Jocelyne Marque, enseignante et écrivain pour la littérature de jeunesse.
Conversation
(sur le pas de la porte, avec bonhomie.)
Comment ça va sur la terre?
- Ça va ça va, ça va bien.
Les petits chiens sont-ils prospères?
- Mon Dieu oui merci bien.
- Ça flotte.
Et les volcans?
- Ça mijote.
Et les fleuves?
- Ça s'écoule.
Et le temps?
- Ça se déroule.
Et votre âme?
- Elle est malade
le printemps était trop vert
elle a mangé trop de salade.
La Grenouille bleue
Nous vous en prions à genoux, bon forestier, dites-nous-le ! à quoi reconnaît-on chez vous la fameuse grenouille bleue ?
à ce que les autres sont vertes ? à ce qu'elle est pesante ? alerte ? à ce qu'elle fuit les canards ? ou se balance aux nénuphars ?
à ce que sa voix est perlée ? à ce qu'elle porte une houppe ? à ce qu'elle rêve par troupe ? en ménage ? ou bien isolée ?
Ayant réfléchi très longtemps et reluquant un vague étang, le bonhomme nous dit : eh mais, à ce qu'on ne la voit jamais !
Tu mentais, forestier. Aussi, ma joie éclate ! Ce matin, je l'ai vue : un vrai saphir à pattes. Complice du beau temps, amante du ciel pur, elle était verte, mais réfléchissait l'azur.
Paul Fort
http://www.poesie.net/enfants/fort.htm