L'épouvantail

C'est avec consternation que vous avez pu découvrir dans le "Rendez-vous à Cesson" ou dans les journaux locaux, l'invitation lancée par la municipalité à la population pour la "nuit américaine". En dehors de toute commission ou débat démocratique et alors que le quotidien des cessonnais se dégrade de jour en jour, Jean-Marc Brûlé et son équipe nous convient à l'expression de leur "rêve américain"... un rêve de gloire qui commence par une appropriation d'image puis par un transfert et qui finira pour les cessonnais par une nouvelle facture à payer.

Fidèle à ses habitudes, c'est par voie de presse que le maire de Cesson s'adresse à ses collaborateurs et aux cessonnais. Aussi, suivant ses seules impulsions, et faisant fi de l'appareil démocratique à sa disposition, notre édile local veut partager directement avec nous son rêve. Cette fois-ci il s'agit de son rêve américain...
Faut-il voir les prémices d'un nouvel axe géostratégique Washington-Cesson? Peut être car ne l'oublions pas, depuis les élections de mars, les élus Verts-Ps cessonnais ont créé dans notre ville une commission "...Action internationale" aussi ridicule, pompeuse et utile que le manège carré - ambassadeur de Sénart à 1,5 millions d'euros de Jean-Jacques Fournier!
En tous les cas nous pouvons constater qu'à défaut de réelle utilité pour les cessonnais, l'opportunisme de l'appel médiatique est la seule constante dans la politique locale. Le maire de Cesson s'est fixé des objectifs: la conquête du pouvoir et de la gloire. Et pour cela Jean-Marc Brûlé a besoin d'obtenir un nouvel mandat lors des prochaines élections au Conseil Régional d'Ile de France ainsi que l'adoubement de ses pairs au secrétariat national des Verts. C'est cette dynamique qui est en marche dans notre ville.
Sa stratégie impose donc une couverture médiatique sans faille et de la vi-si-bi-li-té: la fin justifie les moyens. Aussi telle une girouette, notre prescripteur de tendances de pacotille en pleine perte de confiance auprès des cessonnais, semble être à l'affût des occasions pour masquer ses manques. Il suffit de surfer allègrement sur le vent des idées et des affects pour mieux se les approprier, une petite animation, un peu de communication et le tour est joué!
Que les cessonnais ne s'y trompent pas, ce soir ils ne sont pas seulement conviés à la nuit américaine. A Cesson nous avons rendez-vous avec l'Histoire.
Celle qui verra enfin la victoire du bien contre le mal, des ténèbres contre le chaos. Peu importe que Barack Obama ou John Mc Cain gagne. L'épouvantail commode de Georges Bush Jr. sera symboliquement détruit cette nuit et Jean-Marc Brûlé sera là pour allumer le bûcher. Par ce transfert prévisible le maire et son équipe cherchent tout simplement à être "re-légitimés" de préférence avec l'aura du vainqueur, raison pour laquelle nous avons pu voir Jean-Marc Brûlé arborer son t-shirt à l'effigie d'Obama, à minima grand gagnant médiatique de cette élection.
La fête à la mairie de Cesson est à la hauteur de l'enjeu. Lorsque je suis passé, c'était l'effervescence des grands soirs. Le drapeau américain a été hissé sur le fronton de la mairie. A l'intérieur dans la salle du conseil les employés des services municipaux s'affairent. Les sympathisant ont accroché des portraits d'Obama, des guirlandes de drapeaux et ont gonflé des ballons.
Contre la fresque murale, trois ordinateurs trônent pour communiquer en direct au public les derniers sondages, commentaires et pronostiques. Sur la table dans laquelle jadis on trouvait notre Marianne nationale il y a ce soir un grand drapeau américain, des décorations, des magazines sur l'Amérique et un autre ordinateur. Quant au portrait de Nicolas Sarkozy, inévitable affront dans une mairie Vert-Ps, celui-ci s'est vu masqué par les décorations. Aucun respect pour les symboles "has-been" de la République: La France a été ringardisée sans que les élus présents s'en offusquent. C'est le triomphe et la fascination d'une certaine culture américaine dans ce qu'elle peut avoir de plus ostentatoire, vulgaire et arrogant!
Enfin, la table de cocktail n'a pas été oubliée. Là aussi avec un souci du détail. Au menu cocktail américain avec entre autres coca-cola, pop-corn et seule concession à la culture française du vin bio ... californien. Les enfants auront même le droit à des petits drapeaux. "Allez-y, nous en avons plein!"... Ouf, la facture sera salée, mais la fête semble réussie.
Cependant quand l'euphorie et l'animation seront retombées à la mairie de Cesson et que l'épouvantail qu'on nous a offert en pâture ne sera plus que cendres, la vie des cessonnais sera-t-elle meilleure? En pleine crise des subprimes, alors que les effets pervers du modèle économique sont à nos portes, alors même que les Cessonnais éprouvent un manque de confiance dans l'avenir et manifestent une inquiétude croissante vis à vis des institutions, cette manifestation apparaît finalement complètement décalée.

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