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UBS : un si étrange profit

Publié le 05 novembre 2008 par Kalvin Whiteoak

Le profit annoncé n’a rien d’un bénéfice réel, ce n’est qu’une série de manipulations comptables pour faire joli dans le paysage.

Les organes de presse s’interrogent depuis hier sur la réalité du profit annoncé de 296 millions par UBS pour le troisième trimestre.

Il est juste de s’interroger, mais encore faut-il donner des explications. Et ces éléments ne sont pas présents dans les commentaires des médias traditionnels.

Pour tenter d’élcairer le débat, il faut reprendre au pied de la lettre le texte du communiqué de UBS, qui dit ceci:” Les éléments affectant les résultats du troisième trimestre comprennent un gain résultant de l’évaluation des propres crédits de 2207 millions de CHF et un crédit d’impôts de 913 millions de CHF”.

On a déjà parlé ici dans un billet de hier matin du fameux crédit d’impôt dont la légitimité populaire n’est en tous cas pas évidente. S’agissant maintenant de l’autre portion du fameux profit, il faut comprendre que UBS a en réalité fait ses fonds de tiroirs à valeurs, et jugé que certaines de ces valeurs qu’elle avait préalablement amorties (pour ne pas payer d’impôts !) étaient très nettement sous-évaluées.

Sous-évaluées de 2 milliards de francs environ. Les sculpteurs comptables ont alors saisi leurs  ciseaux pour extirper de l’existant des plus-values qu’ils ont comptabilisées. Ainsi dit ainsi fait, ce que le droit comptable suisse permet (la constitution de réserves latentes ou cachées) a permis l’éclosion miraculeuse d’un profit artificiel auquel personne de sérieux ne peut croire.

Car c’est bien de celà qu’il s’agit: alors que pendant un temps on disait et croyait que les subprimes avaient de la valeur, et généraient donc un profit, on a cette fois-ci estimé que des positions devaient être techniquement surévaluées ou réévaluées. D’où les termes “un gain résultant de l’évaluation des propres crédits” qui en français décrypté veut simplement, la valeur de marché revue et corrigée des billes que j’ai dans ma poche et que le petit voisin convoite.

Et dire que UBS est sous une attention et un contrôle attentifs de la BNS. Autant rire ou plutôt pleurer de l’incroyable manque de sens critique des autorités de contrôle et des autres, une naïveté devant “ce qui est trop complexe pour le citoyen lambda”,  soi disant, mais qui ne laisse de rester pantois depuis des semaines.

Le profit annoncé n’a rien d’un bénéfice réel, ce n’est qu’une série de manipulations comptables pour faire joli dans le paysage. Ce que les techniciens appellent volontiers le “window dressing” pur et simple. Au concours des balcons fleuris, UBS gagne.

A celui du manque de transparence elle gagne le grand prix du mois.


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