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Krach ou pas Krach ?

Publié le 05 novembre 2008 par Alain Hubler

EconoclatseAlexandre Delaigue est un économiste qui enseigne à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et qui a co-édité le livre Sexe, drogue… et économie. C’est surtout un économiste qui fait de réels efforts pédagogiques pour expliquer de manière compréhensible les subtilités de l’économie. C’est aussi un économiste qui me semble détonner avec l’air du temps et les affirmations de certains selon lesquelles il suffirait de quelques corrections magistrales à des personnalités - déchues -  de la grande finance pour que tout aille mieux.

C’est enfin un économiste qui s’est exprimé de manière très claire dans La Liberté du 3 novembre dernier, tout comme il s’exprime simplement sur son blogue éconoclaste - L’économie pour les nuls et les autres.

Il n’est pas vraiment de gauche, c’est le moins que l’on puisse dire, mais il a des choses très intéressantes à dire. Voici quelques points forts de son interview.

Pour commencer, l’enseignant de Saint-Cyr relève que la presse s’est largement fourvoyée dans le traitement de l’actualité économico-financière de ces dernier mois : les jours de krach et de déprime se succédaient avec les jours d’envolées boursières et d’euphorie : les responsables, selon lui, la télévision et la radio qui présentent les informations boursières comme un «bulletin météo».

Par ailleurs, il relève que les milliards partis en fumée n’ont pas disparu contrairement à ce qu’affirme la presse. Pour illustrer sa position, Alexandre Delaigue s’aventure dans l’analogie suivante :

Si je vous vends 100 francs un vélo et que vous le passez sous un rouleau compresseur dans un mois. Il est parti en fumée. Les 100 francs, eux, sont toujours là, mais c’est moi qui les ai. Si quelqu’un récupère la carcasse et vous en donne 10 francs, vous avez perdu un vélo et récupéré 10 francs. Si celui qui récupère la carcasse la transforme en lampe et la revend 90 francs, il gagne 80 francs et quelqu’un a une lampe. Les 100 francs, je les ai toujours et la lampe existe. Dans cette histoire, je ne vois qu’un perdant: vous. Vous aviez 100 francs et vous n’en avez plus que 10. Aucun billet de banque n’a été brûlé ou maltraité dans cette petite histoire. L’argent n’a été que transféré.

Pour lui, la question essentielle est donc de savoir que deviendront les actifs réels cachés derrière les cours de la bourse et leur volatilité. Les sources de la crise sont plus dans la politique du crédit que dans les fluctuations parfois épidermiques du cours des actions.

Il pointe aussi du doigt le spread, c’est-à-dire la différence du taux de crédit entre l’emprunt et le prêt.

Il relève également que la presse et les politiques utilisent souvent une terminologie inappropriée ou de surface - récession, krach, rekrach – ou alors des propos rassurants ou, au contraire, pouvant créer la panique. À titre d’exemple, il affirme qui si Sarkozy ou Bush affirment que l’économie va tenir, c’est pour rassurer et éviter l’effondrement, alors qu’à l’opposé certaines entreprises licencient en prévision d’une récession qu’ils contribuent à déclencher.

Pour Delaigue, il faut «éviter l’emballement, cesser de jouer avec les courbes de la bourse et se chamailler sur qui a vu venir la crise en premier». De toute façon personne n’a vu arriver ce qui arrive : certains se sont trompés de secteur économique et ceux qui ont flairé que la bulle immobilière exploserait ont pensé que cela n’aurait aucune conséquence.

Alexandre Delaigue termine en expliquant comment, selon lui, corriger le tir : avec des réglementations prudentielles, des exigences en capital fortes qui rendraient les acteurs économiques plus fiables et des structures bancaires plus petites permettant d’éviter l’obligation de tout faire pour empêcher une grosse structure de tomber.

Selon lui, «Les grandes banques comme UBS sont des nids potentiels à problèmes.»

  

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