A la découverte d'un monde souterrain incroyable
La campagne environnant Soissons est truffée d'anciennes carrières à l'histoire vieille de plusieurs siècles. Didier Ledé, passionné par ce monde souterrain, essaie de faire connaître ce patrimoine, et de le protéger.
Les vaches qui paissent dans les champs ne se doutent sûrement pas de ces trésors qui dorment sous leurs sabots : dans les environs du Chemin des Dames, des kilomètres de galeries, anciennes carrières de calcaire, s'étendent à quelques mètres sous les verts pâturages.
À l'intérieur, un homme aime à s'y promener : Didier Ledé. Ce membre de la société historique, archéologique et scientifique de Soissons est un passionné des vieilles carrières de calcaire, et de leur histoire. Il faut dire que ces boyaux souterrains recèlent de trésors.
Un lieu de retrait pendant la Guerre
C'est le cas par exemple pour l'une d'elle, à quelques encablures du Moulin de Laffaux. Appartenant à un agriculteur du coin, elle porte en elle des trésors datant de la Grande Guerre. « Les tranchées étaient à une centaine de mètres, cette carrière était un endroit où les soldats blessés venaient se reposer et reprendre des forces », explique-t-il. Témoins de ce passage, de nombreuses sculptures sur les murs blancs : des soldats, des scènes de chasse. On peut même deviner que quelques militaires américains, arrivés après 1917, ont laissé leur empreinte : un totem indien a été sculpté à même le mur. Pénétrer dans ces couloirs sans aucune lumière, c'est presque faire un bond dans le passé. « On imagine bien 2000 personnes là-dedans. Les hommes étaient malades, ils étaient parfois blessés, dans des conditions effroyables. Ils avaient percé des trous pour mettre des poêles, ils faisaient leurs besoins dans la grotte. La vie n'était vraiment pas facile là-dessous », raconte le passionné. À cela s'ajoutait le « cavernite », une sorte de bronchite due aux conditions particulières de vie sous terre, au milieu des champignons.
Cette grotte, comme toutes ses voisines, a servi au Moyen-âge puis jusqu'au XIXe siècle à sortir les blocs qui serviront à construire les maisons de la région. Certaines dateraient même de l'époque Gallo-romaine.
Victime de pillages
Las. Didier Ledé n'est pas le seul à se rendre régulièrement dans ces lieux retirés. Des pillards y pénètrent, et volent (ou essaient de voler) les statues qui ornent les murs : « Ils arrivent avec de grosses scies électriques, arrachent un bout de sculpture et les revendent sur Internet », se désole Didier Ledé. Résultat, le totem n'a plus de tête, et des niches restent vides, alors qu'il y avait sûrement des objets à l'intérieur.
Didier Ledé a une solution : mettre en valeur ce patrimoine. Pour lui « si des gens le visitent, cela découragera les voleurs. Plus il y aura de passage, moins ils auront le temps de commettre leurs méfaits ». Mais le problème qui empêche le développement de cette activité touristique souterraine, c'est comme toujours, l'argent. Car il faudra bien sûr sécuriser les sites, qui, malgré tout comportent quelques risques : les pierres au sol montrent que parfois, des morceaux de plafond s'effondrent.
Il faudrait peu être aussi que les personnes mal intentionnées se rendent compte de ce qu'elles font : elles emportent avec elles des pans entiers du patrimoine de la région.
Auteur : Loïc Chaux
aisnenouvelle.fr