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Lundi 13 octobre 2008 : retour à Luxembourg : l’imaginaire du vin

Publié le 05 novembre 2008 par Memoiredeurope @echternach

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A chaque fois qu’un nouveau thème est proposé pour devenir itinéraire culturel, c’est un univers qui s’ouvre. Un univers qui tient parfois ses promesses, mais qui nécessite que je me donne des repères ou qu’on m’en donne. L’univers des paysages viticoles ne m’était pas entièrement étranger. J’ai longtemps vécu en Alsace où le vignoble et les villages de vignerons sont superbes et proposent tellement de promenades patrimoniales. J’ai travaillé avec le gouvernement autonome de La Rioja dont les caves sont étonnantes et avec le passionnant ethnologue Elias Pastor autant connaisseur de la transhumance que du vin de cette région d’Espagne. Les chemins de saint Jacques  m’ont amené dans le saint Emilion et la Via Francigena dans le Chianti, quant à saint Martin il flirte avec le Chinon et le Saumur Champigny. Bref. 

Mais ce sont des connaissances communes qui me laissent à penser que les itinéraires culturels auraient tout intérêt à disposer d’un cadre de travail sur les vignes et le vin, comme il a adopté avec justesse un autre sur l’olivier. Il est en effet des horizons fondamentaux de l’Europe qui se sont propagés au-delà du continent, mais dont les productions sont fondatrices. Nous sommes là au commencement des civilisations, dans l’oubli du marketing, des fausses étiquettes, des routes du vin qui poussent à la consommation et des ravages du vin nouveau.

Ailleurs, mais où exactement ?

Dans la poésie ? « Sur le bord du chemin, elle observait les feuillages grimpants, le lézard qui se faufilait au milieu d’eux, les grains de raisin qui commençaient à se colorer. » écrit Màrio Clàudio, dans « Rosa » un roman portugais que je découvre et dont je parlerai…

Dans la précision géographique et sur la route d’un plan d’aménagement nouveau ? « On devrait alors commencer à reconnaître, mélancoliquement, que la planification traditionnelle était très peu attentive aux spécificités des territoires agricoles et que les instruments dont elle disposait, nés pour régler essentiellement la « production de villes » étaient inadéquates pour affronter les thèmes du territoire ouvert, laissé en général aux « limitations » hydrologiques et paysagistiques. Mais une nouvelle culture urbanistique faisait son chemin, l’évolution d’une conception topologique et d’une conception écologique du plan était en train de mûrir : le territoire étant plus vu comme support indifférencié destiné à accueillir les nécessités urbaines (des expansions aux infrastructures), sorte de « plat » indifférent sur lequel on place ce dont on a besoin, mais bien un ensemble de ressources et des valeurs essentielles pour conserver et reproduire la vie et pour évoquer l’identité des lieux et des communautés. » écrivent Stefano Stanghellini et Pier Carlo Tesi, architectes.

De la précision géologique comme sait le faire Jacky Rigaux que j’évoquais hier ? « C’est vrai mais sa combe d’Orveau est un terroir superbe, juste dans le prolongement des Musigny Bas qui sont les plus tendres, c’est un méplat là où l’on fait les meilleurs vins. Aussi les vignes sont centenaires avec une très forte densité de plantation. Nous sommes à la fois en terrain solaire, en limite de l’effet de combe avec suffisamment d’argile qui donne une bonne assise tannique. C’est une vigne charnière, entre la grande subtilité des Musigny, le côté terrien du Clos Vougeot et la complétude des Echezeaux. Je pense que c’est une vigne qui s’impose au vigneron. » Ainsi parlait-il d’un Chambolle-Musigny 1er cru la Combe d’Orveau 1999 de Bruno Clavelier qu’il avait reconnu dans une dégustation à l’aveugle.

Mais comme pour tous les itinéraires culturels, nous ne sommes pas là pour renforcer le dialogue scientifique, seulement, mais pour le transmettre. Pour dire en un mot en quoi le terroir et le paysage du vin nous appartiennent, nous apprennent, nous guident sur les chemins européens dans une lecture plurielle.

Et cet espace là, situé entre l’élitisme des grands crus que les spécialistes se partagent et que les princes de ce monde collectionnent et le goût imposé des mélanges à la mode, les terroirs doivent rester un horizon de lecture, relié aux moines qui les ont fait naître et aux vignerons qui continuent d’en prendre soin, comme d’un héritage qui n’est pas seulement financier, mais aussi sensible, sensuel, tellurique, si ce dernier mot convient en effet.

Alors nous allons tenter de trouver le langage juste. Il n’est certainement pas loin.

« Pour noyer la rancœur et bercer l’indolence

De tous ces vieux maudits qui meurent en silence,

Dieu, touché de remords, avait fait le sommeil ;

L’Homme a ajouté le Vin, fils sacré du Soleil ! »

De l’orgie à la misère solaire, Baudelaire ouvre les mots.

Ils sont devenus sacrés, mais ils disent comment une terre nourrit ses fils et façonne la culture.

Photographies: Lecture d’un paysage viticole de Banyuls / dégustation à Gevrey-Chambertin avec le maire adjoint à la culture, Président des vignerons et symboles du vin, sculpture, toujours à Gevrey-Chambertin 


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