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L’Union européenne peine à dégager une stratégie commune d’intégration de ses immigrés

Publié le 06 novembre 2008 par Hmoreigne

Lundi et mardi la ville de Vichy accueillait à l’initiative de Brice Hortefeux une conférence ministérielle européenne sur l’intégration des immigrés au sein de l’UE. Beaucoup de bruit pour un petit flop. Si le constat de l’échec des politiques d’intégration dans l’Europe des Vingt-sept est partagé, le seul accord trouvé porte sur l’adoption d’une « boîte à outils » non contraignante où figurent seulement des préconisations. Cette dépense d’énergie et de deniers publics aura surtout permis d’offrir une conférence internationale à la ville de Vichy  et de rendre public un calendrier d’initiatives propres à la France.

Le choix des dates est parfois cruel.  Au moment où la vieille Europe se creuse la tête pour tenter d’endiguer l’immigration et d’intégrer au mieux ceux qui sont présents sur le territoire de l’Union, la jeune Amérique franchissait un cap historique en se choisissant un président d’origine afro-américaine. 

La boîte à outils adoptée à l’unanimité par les ministres des 27, s’articule autour de trois axes: acquisition et maîtrise de la langue du pays d’accueil, connaissance des valeurs de la société européenne et l’accès à l’emploi.

Concernant ce dernier volet, les 27 ont décidé de favoriser des alternatives au travail illégal avec notamment la mise en place comme en France d’un “catalogue des métiers ouverts”, c’est-à-dire ceux pour lesquels des régularisations peuvent être envisagées. Plus ambigu, il a également été décidé d’instaurer un passeport pour la nationalité dont les modalités n’ont pas été définies mais qui pourrait avoir valeur de test. Un maigre bilan qui n’a pas empêché Brice Hortefeux de déclarer que la Conférence avait été « utile et concrète ».

Conscient toutefois de la faiblesse des avancées, le ministre français de l’intégration et de l’identité nationale s’est, pour «dépasser le stade des bonnes intentions» comme il l’a déclaré lui-même, engagé sur un calendrier d’initiatives propres à la France.  Celui-ci porte essentiellement sur la connaissance de la langue et de la Marseillaise.

Brice Hortefeux souhaite faire apprendre les valeurs de la Marseillaise aux nouveaux migrants. A cet effet, il saisira, le 2 janvier, le Haut conseil à l’Intégration pour « proposer une réflexion sur ce que doivent être les valeurs partagées de la République (hymne national, scolarisation, égalité homme/femme, laïcité) ». Concernant la connaissance de la langue, une expérimentation de scolarisation pour les parents immigrés doit débuter à compter du 12 novembre dans 46 établissements de 14 départements.

Plus polémique, à compter du 1er décembre, les premiers tests de français dans les pays d’origine pour les candidats au regroupement familial seront rendus obligatoires ainsi qu’une généralisation du bilan de compétences pour les migrants en situation légale souhaitant travailler. L’ONG Terre d’Asile y voit un encadrement excessif du droit à vivre en famille et des mesures contre-productives, « car le fait de pouvoir vivre en famille est aussi un facteur de stabilité et d’intégration pour un individu ».

Sur le modèle américain Brice Hortefeux souhaite éduquer les nouveaux arrivants étrangers sur le sol français à la symbolique de l’hymne national de la France.  Cette mesure pourrait constituer un module du futur “passeport pour la citoyenneté”, qui ouvrirait l’accès aux différents échelons de l’intégration, en passant par la carte de séjour de dix ans.

Il ne faudrait pas pour autant que les dispositions applicables aux candidats à l’immigration et à l’intégration soient plus sévères que pour les Français de souche. A cet égard, on peut être dubitatif sur le niveau actuel de connaissance de la Marseillaise et de son histoire par nos concitoyens.

Il ne faudrait pas non plus que la question de la langue soit dévoyée. Ce qui compte avant tout, c’est la volonté du candidat à s’intégrer. Dans ce cas, on sait bien que la barrière de la langue est vite franchie. Enfin, pour ce qui est de la maîtrise de la langue, comment ne pas sourire quand sur le choix de Vichy pour accueillir la Conférence, un membre du gouvernement se borne à déclarer propos de la polémique que « c’est dégueulasse », après avoir déjà abusé de l’expression pour les test ADN et les sifflets contre la Marseillaise…


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