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Renaud le Chatelier nous parle de Tinkuy

Publié le 07 novembre 2008 par Anne-Sophie

Je connais bien Renaud le Chatelier. Nous avons le même âge, mais Renaud m’épate toujours par la réflexion holistique qu’il porte sur le monde et la pertinence de ses remarques! Spécialiste du développement durable et créateur talentueux du jeu NeoEco (un jeu de sensibilisation au développement durable en entreprise), nous avons eu l’occasion d’intervenir ensemble lors de conférences et nous nous croisons de temps à autre lors “d’événements DD”. Il y a déjà bien 6 mois, Renaud me confie travailler sur un nouveau projet avec quelques amis. Un “truc génial” me dit-il, “tu verras“. Puis pas plus. J’attends presque impatiemment. Et lorsque sort Tinkuy, je suis toute contente de découvrir enfin l’Idée et propose naturellement à Renaud de répondre à quelques une de nos questions, vous pensez bien…;-)

Renaud le Chatelier nous parle de Tinkuy

Renaud Le Chatelier

Aux origines…

Au Pérou, dans la zone andino-amazonienne, lorsque les communautés sont en conflit elles utilisent le Tinkuy afin de retrouver l’harmonie, et recherchent la paix avec l’aide de médiateur (un sage tribal). 
Le rite s’achève correctement si la réconciliation se fait en toute cordialité, quand les adversaires se saluent.
 L’équilibre harmonique traditionnel, c’est-à-dire la fraternité indigène, est alors rétabli.

Le tinkuy est enseigné aux enfants dès leur plus jeune âge, sous forme d’idéal à atteindre : il est la base d’une éducation visant à l’harmonie future, et contient une charge utopique très forte. 
Le tinkuy est à la fois méthode et fin: il symbolise la grande cohérence dans la pensée indigène traditionnelle puisque “nous, indiens, nous n’avons jamais oublié que le tinkuy est notre idéal, et qu’il doit être toujours notre mode d’action, comme dans le passé…” écrit Virgilio ROEL PINEDA.

Tinkuy signifie aussi “rencontre” en Quechua (la langue des Incas), et est tout naturellement venu baptiser le projet mené par les 5 compères que sont Fréderic Poussard, Damien Boyer, Renaud Le Chatelier, Franck Blot et Julien Frédonie. En réalité, “l’idée est née voilà une bonne année” m’explique Renaud. “Quelques amis et moi (la future team, en fait) échangions sur nos compétences – web, communauté, programmation, et bien sûr développement durable- et notre volonté de ‘faire avancer les choses. De fil en aiguille, plusieurs points revenaient systématiquement” me précise-t-il:

Le manque d’information tout d’abord: “aujourd’hui, le citoyen lambda manque d’infos, d’idées simples, de culture générale sur ce que peut être sa responsabilité au jour le jour“.

L’intérêt personnel des convaincus: “les personnes les plus convaincues ont comme principal moteur l’altruisme, mais pas l’intérêt direct et personnel (du moins, pas toujours : le Bio reste meilleur pour la santé) - par exemple, si je n’achète qu’équitable ou bio, je dépense plus que quelqu’un de moins responsable…

La puissance du web: “le web et les communautés sont un formidable vecteur d’émulation. Ce sont des outils à effet de leviers colossaux“.

Le besoin de donner envie: “il faut arrêter de culpabiliser les gens. Il est nécessaire de rendre ludique, de récompenser et mettre en avant les belles initiatives. Il faut être concret et dépasser les discours pour les traduire en actes.

Le manque de mise en avant de certaines initiatives: “il y a de nombreuses actions qui méritent d’être entendues, et des acteurs qui méritent d’être reconnus. Nous devons leur donner un porte-voix suffisamment puissant”.

Changer les modèles économiques: “les business models doivent eux aussi évoluer : rompre avec les grands classiques pour se baser sur un modèle de diffusion de la valeur“.

La confusion de l’information: On passe aujourd’hui plus de temps à trier et évaluer la pertinence de l’info qu’à la trouver. Il faut donc développer des outils performants pour un gain de temps (dont nous manquons tous).” (là je me demande si Renaud utilise Ecolo-Info, hehe;-)

Le besoin d’échanges: “le développement durable sous-tend des problématiques complexes, souvent dilemmiques, et l’échange, la compréhension de l’autre, devraient permettre d’avancer plus sereinement, dans le respect mutuel”.

Pour le petit clin d’oeil d’ailleurs, sur un plan graphique, Tinkuy est un logo qui se retourne, ou deux parties se font écho de part et d’autre du “K”, symbole de “la plage suivante”. Bien vu!

Renaud le Chatelier nous parle de Tinkuy

Mais alors, Tinkuy.fr, c’est quoi exactement?

Forts de leurs constats, nos 5 amis se sont penchés sur ce que leurs compétences leurs permettaient d’accomplir… Et Tinkuy.fr a vu le jour courant septembre: il s’agit d’un site web collaboratif, ergonomique, simple et dynamique, où chacun peut rencontrer, échanger, évaluer et trouver toutes sortes de contenus pour une vie plus responsable (conseils, produits, services et évènements).

Ainsi, on pourra trouver très simplement comment réduire sa facture d’électricité en étant plus écolo, où se rendre le week-end prochain si l’on veut voir un défilé de mode éthique, ou quelle marque privilégier pour un bon café…” me détaille Renaud.

Renaud le Chatelier nous parle de Tinkuy

Qui plus est, “au-delà du site, l’entreprise vise à montrer qu’une autre économie est possible puisqu’à chaque création de valeur, l’internaute à l’origine de cette avancée gagne des points, qui se traduisent en avantages concrets (cadeaux, réductions, …) et une partie du bénéfice est allouée à des projets d’ONG pour le développement durable sur le terrain“.

Ce qui nous amène à la question des partenaires: “Tinkuy.fr est soutenu par le Programme de la Décennie des Nations Unies pour l’Education au Développement Durable (comme le jeu NeoEco). Par ailleurs, nous sommes en relation avec des entreprises et organismes du type Nature & Découvertes, AlterEco et WWF, qui ont tous su voir l’intérêt d’un tel site. Pour eux, pour les citoyens du monde, pour la planète“.

Renaud le Chatelier nous parle de Tinkuy

Les projets d’aide au développement que nous soutiendront seront vraisemblablement préselectionnés par nos partenaires (spécialement les ONG), puis par la communauté des tinkuynautes” précise Renaud.

Aussi les partenaires de Tinkuy.fr sont-ils étudiés à la loupe: “nous ne pouvons pas automatiser les rapports humains, l’évaluation des projets de développement, etc. Il s’agit systématiquement d’une rencontre, d’une histoire et de convictions. Il est très important pour nous de rester intègres dans notre approche : si nous soutenons un projet, c’est qu’il nous parle vraiment. Puis la communauté décide. Parce que tinkuy.fr, c’est ce que chacun d’entre nous en fait”.

Au final, Tinkuy souhaite crééer un véritable espace d’échanges où tous les utilisateurs et partenaires sont gagnants: “nous sommes convaincus de l’urgence à agir, à la fois vis-à-vis de l’environnement et vis-à-vis des Hommes. Et nous sommes convaincus qu’il est possible de faire en sorte que tout le monde y gagne, ait un intérêt à agir, et que par l’échange, le bon sens émergera. Nous avons donc développé un outil qui nous semblait nécessaire et judicieux. Utile et concret“.

Réconcilier intérêts économiques, environnementaux et humains est véritablement au coeur de la démarche de Tinkuy. Donc n’hésitez pas à y participer! Et à faire vos remarques à l’équipe aussi: le site évolue encore et vos contributions seront les bienvenues! En plus, si vous “tinkuyez” bien, vous pourrez peut être gagner un lecteur CD/MP3 solaire!

++ Liens ++

  • Tinkuy
  • Le jeu Neoeco

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