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Les médias n’ont pas favorisé sciemment Barack Obama

Publié le 07 novembre 2008 par Adel Miliani

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Les partisans du ticket McCain-Palin ont souvent taxé les grands médias américains d’avoir cédé à l’Obamania au détriment d’une couverture équilibrée de la campagne présidentielle, mais chercheurs et spécialistes réfutent cette thèse du complot.

Souvent, lors des meetings républicains, il a semblé que les sympathisants s’en prenaient au moins autant aux journalistes qu’au candidat démocrate, Barack Obama.

Sarah Palin, la colistière de John McCain, a été l’une des premières à encourager les délégués à siffler et huer les médias lors de la convention du Grand Old Party à Minneapolis.

Encore récemment, au cours du dernier week-end avant l’élection triomphale du sénateur de l’Illinois, une foule de partisans de McCain réunis en Virginie s’est tournée vers les bancs de la presse en scandant: “Vérité! Vérité!”

Les militants républicains sont convaincus que les grands médias ont pris fait et cause pour Barack Obama et facilité son élection historique comme premier président noir des Etats-Unis.

Mais les experts, y compris un ancien directeur de communication de John McCain, rejettent ce point de vue. Ils reconnaissent que la couverture de la campagne a en effet penché en faveur d’Obama, mais n’y voient pas la conséquence d’un quelconque projet concocté en secret par la presse libérale.

Pour ces spécialistes, le candidat démocrate a simplement bénéficié de la dynamique de la campagne elle-même et de la tendance naturelle des médias à se concentrer sur la “horse race”, la “course” à la Maison blanche avec ses hauts et ses bas dans les sondages et ses coups tactiques.

UN NOUVEAU VISAGE

La couverture favorable à Obama a ainsi épousé son ascension dans les sondages, mais ne l’a pas précédée. “Les victoires engendrent un traitement favorable”, explique Mark Jurkowitz, auteur d’une étude du Pew Research Center sur la couverture de la campagne dans les médias.

Dan Schnur, qui fut directeur de communications de John McCain en 2000 lors des primaires républicaines, partage ce point de vue. “Je ne crois pas au biais partisan ou idéologique car les médias grand public essaient de ne pas prendre parti dans les désaccords politiques. Une couverture favorable (…) est plutôt la conséquence de sondages favorables.”

Le charisme de Barack Obama, le poids symbolique de son statut de premier candidat noir d’un grand parti à l’élection présidentielle, ont aussi sans doute généré un sentiment de bienveillance dans les médias.

“C’était un nouveau visage, sa candidature était historique et il a fait une campagne qui a semblé transcender la politique. Les reporters raffolent de candidats qui sortent de l’ordinaire”, admet Robert Lichter, directeur du centre pour les médias et les affaires publiques à l’université George Mason.

Mais Kelly McBride, enseignante à l’institut Poynter d’étude des médias, conteste l’idée que les journalistes puissent être accusés d’avoir cédé à l’Obamania.

“Quand le candidat est très séduisant, et que les gens se pâment devant lui, les journalistes racontent que les gens se pâment devant lui”, dit-elle.

LE TOURNANT DE LA CRISE

L’étude du Pew Research Center, qui a porté sur 2.400 articles publiés dans 48 organes de presse, a décompté 57% d’articles négatifs sur McCain contre 14% de positifs, et à l’inverse 36% d’articles positifs sur Obama contre 29%.

Ses chercheurs, comme d’autres, ont conclu que l’avantage d’Obama s’était accentué dans les médias à la faveur de la crise financière provoquée par la faillite de la banque Lehman Brothers le 15 septembre.

L’assèchement du crédit, le plongeon des marchés boursiers et l’assombrissement des perspectives économiques ont transformé la campagne en fournissant un contexte propice au message du candidat démocrate et en reléguant à l’arrière-plan les attaques de McCain sur la personnalité d’Obama.

Le candidat républicain avait alors rattrapé son rival, depuis la fin août, porté notamment par la nomination de Palin comme colistière qui a réveillé la base conservatrice du parti.

Mais la crise, et notamment sa décision, perçue comme une erreur, de suspendre provisoirement sa campagne, a réduit à néant cet avantage. “La réaction plus sûre d’Obama à la crise a constitué clairement un tournant”, écrivent les experts du centre Pew.

Thomas Hollihan, professeur de communications et auteur de “Uncivil Wars: Political campaigns in a Media Age”, cite aussi d’autres facteurs qui ont joué contre McCain, notamment la vague de personnalités républicaines qui ont fait défection en se prononçant pour Obama.

Il juge surtout que le choix de Sarah Palin comme colistière a été la décision qui lui a valu au final une couverture plus négative dans les médias. “Le message qui a précédé le choix de Sarah Palin parlait sans cesse de sa capacité à diriger le pays, et cet angle a été abandonné”, souligne-t-il.

L’étude du centre Pew constate que les médias se sont montrés plus négatifs que positifs envers la gouverneur de l’Alaska mais peu pour des questions ayant trait à sa vie privée, contrairement à ce que beaucoup ont pu suggérer.

“L’élément le plus négatif (…) est venu des journalistes qui ont examiné son bilan à son poste en Alaska et l’ont comparé à son discours la présentant comme une réformatrice dans les domaines éthique ou financier.”

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Version française Jean-Stéphane Brosse

Posted in Adel Life, News  Tagged: campagne présidentielle, Eléctions, médias américains, McCain, Obama, USA  

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