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Quid du french flair ?

Publié le 07 novembre 2008 par Misterrugby

À chaque fois qu’on retrouve le Quinze de France sur le devant de la scène, deux mots reviennent sur toutes les lèvres, deux mots d’origine anglo-saxonne french flair, remarquez que cette expression n’existe pas dans la langue de Descartes, et qu’aucun joueur, ni entraineur français n’a jamais vraiment pu expliquer ce qu’est le french flair. Peut être justement parce qu’il est ancré au plus profond de nous même…

Je vous propose donc une recherche sur le french flair, accompagnée de nombreuses vidéo afin d’y voir un peu plus clair.

Le French Flair est un peu au rugby français ce que Dieu est à l’Humanité : Il y a ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas. Ceux qui ne pensent qu’à lui et ne vivent que pour lui, et ceux qui ce sont fait une raison. Du côté des croyants, on retrouve des entraineurs tels que Pierre Villepreux (l’extrémiste), Jean-Claude Skréla (aussi de la branche radicale), et les évangélistes : notre trio national (Marc Lièvremont, Émile N’Tamack et Didier Reutière). De l’autre côté les hérétiques, à commencer par le « Kayser », Bernard Laporte, que les premiers auraient volontiers mis sur le bûcher. Pierre Berbizier, le regretté Jacques Fouroux. D’autres sont difficilement classables : Guy Novès ou peut être Fabien Galthié. Avant de savoir si le French Flair existe, il faudrait savoir ce que signifie ce concept. Et là rien n’est simple. 

Et si Bernard Laporte avait raison ? Si le french flair, n’existait pas, s’il n’était qu’une pure invention anglaise pour amadouer les Français ? Les dires de Lawrence Dallaglio interrogé à la sortie de la dernière demi-finale de Coupe du Monde iraient dans ce sens : « S’ils (les Français) avaient tenté plus, nous (Les Anglais) aurions craqué ». Déconcertant ! La question que tous les techniciens se posent alors ? « Comment tenter plus si les mêlés, les touches étaient anglaises et que les joueurs de Sa Majesté défendaient redoutablement ? ». 

 

Là, tous les regards se tournent alors vers le triple champions d’Europe, le Stade Toulousain, ses 3 titres de Champions d’Europe, ses 17 titres de champions de France, et surtout son jeu fait de passes et de grande chevauchés. Un seul problème, le Stade Toulousain, est une machine rodée, une école vieille de cent ans, un centre de formation où l’on enseigne le jeu « à la Toulousaine », un club très fermé avec très peu rotation au sein de l’effectif. Un Quinze de France qui jouerait de la sorte, on en rêve tous ! Un seul problème et de taille : le Quinze de France ne dispose que de très peu de temps et de matchs pour pouvoir mettre en place un tel jeu. Pierre Berbizier expliquait d’ailleurs que le Quinze de France avait bien tort de vouloir s’inspirer des équipes sudistes (Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud) qui toutes possèdent un entraineur pour chaque phase de jeu et d’un entraineur en chef qui capotent le tout, car en effet, à la différence de l’Hémisphère Sud, le temps dont disposerait cet entraineur ne lui laisserait pas le temps de faire le travail de synthèse.

C’est pourquoi, Marc Lièvremont a décidé de remettre la filière fédérale au centre de son projet, ainsi on pourrait enseigner un jeu « à la française » dès les catégories jeunes, jeu que nous retrouverions au plus haut étage de cette pyramide. Mais le jeu à la française, c’est surtout une vision globale de ce sport, tout sauf le démantèlement du jeu en petite fraction (touche, mêlé, jeu au pied, etc.). Avec cette vision globale du jeu, le travail de synthèse n’est plus alors nécessaire. Je pense que tout rugbyman ayant joué à l’étranger a dû avoir cette surprise : des entrainements avec beaucoup moins de jeu global et beaucoup plus de travail sur la précision de phase de jeu très spécifique. Il existe, toutefois, un paradoxe de taille : ce jeu, dit globale, ne sera efficace que si les lancers de touches sont assurés, si la mêlé est conquérante, si la technique individuelle de chaque joueur est suffisante. Ce travail me diriez-vous peut être effectué en club, et la filière fédérale pourrait alors s’intéresser au jeu dans son ensemble. Le problème est que l’on ne joue pas de la même manière au rugby à Paris, qu’à Toulouse, à l’USAP qu’au Clermont Auvergne, et souvent cela demande un effort important d’adaptation quand le joueur passe en équipe de France. Avec le système des provinces en Super 14, les entraineurs néo-zélandais et australiens n’ont pas ce souci : car il existe un référentiel technique et tactique commun utilisé aussi bien en équipe nationale que dans chacune des provinces. Ainsi un jeune joueur de Super 14, n’aura pas de problème d’adaptation et pourra s’appuyer sur des repaires acquis dans sa province. Cela explique sans doute que nous avons le sentiment que le réservoir de ces nations est illimité. Cela explique aussi que parfois d’excellents joueurs sudistes ont le plus grand mal à s’adapter au Top 14.

J’ai toujours été surpris, que les Français, éternels amoureux du bon sens, des grands systèmes hiérarchisés et centralisés n’aient jamais adopté ce système de Franchises. Pour une fois que cela nous serait vraiment utile !

Ma conclusion est la suivante. Je ne pense pas que le french flair soit une idée compliquée de ce jeu. J’ai toujours pensé que le véritable géni français tient dans sa simplicité et sa sobriété. Quoi de plus simple que la chemise Lacoste que le stylo Bic ? Je me souviendrai toujours qu’après une série de mauvais résultats Jean-Claude Skréla et Pierre Villepreux, presque résignés, avait demandé à leurs joueurs de revenir aux bases de ce jeu, et surtout de se concentrer sur la défense avant le Tournoi 1998. Et comme par magie, le jeu de mouvement promis depuis des années qui se faisait attendre et auquel on ne croyait plus est apparu ! Au-delà du grand chelem c’est le jeu extraordinaire pratiqué par l’équipe de France qu’on retiendra de cette année-là. (Vidéo : http://videos.diariometro.es/video/iLyROoaftrdG.html ). Je crois que le secret du french flair n’est rien d’autre que ça, du sérieux, de l’organisation, une grosse dose de bon sens et aussi un amour pour le beau. Ne cherchons pas notre identité parce qu’elle est déjà en nous. « Jouez, prenez beaucoup plaisir et le reste viendra ! »

  

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