Estimant injuste et incompréhensible la décision du bureau de la Cub de choisir son concurrent Kéolis pour gérer le réseau de transport de la Cub, le directeur de Véolia Bordeaux monte au créneau
«Notre offre est la meilleure. Elle est complète, riche, innovante et bien positionnée». Benoît Meugniot, directeur de Véolia Transport Bordeaux, n’en démord pas et encore moins depuis qu’il a eu connaissance du rapport du cabinet de consultant TTK, chargé d’analyser pour la Cub les offres des deux concurrents en lice pour gérer le réseau de transport en commun de l’agglo bordelaise. Pourtant, le 23 octobre dernier, le bureau de la Cub a préféré à Véolia, son concurrent Kéolis pour reprendre le marché. «Cette décision nous étonne et paraît plutôt injuste». Le directeur de Véolia évoque plusieurs raisons à cela. «Tout d’abord c’est injuste pour le personnel de l’entreprise qui a fait un travail remarquable pour mettre en service le tramway tout en ayant atteint les objectifs fixés». Fiabilité, fréquentation, fraude, pour Benoît Meugniot, Véolia a rempli sa part du contrat. «Par ailleurs, notre offre est beaucoup moins chère. 30 M€ de moins que notre concurrent, cela correspond au prix de dix rames de tramway». Du côté de la Cub, on estime toutefois que «le différentiel entre les deux propositions est très faible». Pour Benoît Meugniot, au contraire, «c’est incompréhensible que l’on néglige ces 30 M€ dans une agglomération qui se bat pour financer la 3ème phase de son réseau de transport». Et pourtant, cela n’a pas empêché les élus du bureau de choisir Kéolis, convaincu par l’engagement pris par le candidat d’augmenter de façon très importante la fréquentation du réseau. «En terme de vision de réseau et d’innovation, Kéolis présente un savoir faire et un plus qui se retrouve dans les projections de fréquentation», indique la Cub. D’un côté Kéolis s’engage pour 147 millions de voyageurs en 2013 alors que de l’autre Véolia table sur 135 millions. «La proposition de Véolia est plus réaliste et plus conforme à la réalité. L’offre de Kéolis est disséminée et inefficace car elle promet davantage de kilomètres dans des secteurs où il y a peu de voyageurs. Aussi, à ce titre, le bilan environnemental est jugé plus défavorable chez Kéolis dans le rapport du cabinet». Selon Benoît Meugniot, dans ce rapport, avantage est donné à Véolia sur de nombreux critères alors que l’extension du réseau en périphérie par Kéolis serait jugée «risquée». «Au niveau du tram, de la desserte de la gare, du cadencement, nous avons l’avantage, au niveau de la lisibilité, de la simplicité et du service aux personnes à mobilité réduite, nous avons encore l’avantage». Enfin, dernier point, le caractère innovant de l’offre. Là encore, Benoît Meugniot assure avoir une certaine avance. «Nous avons fait des propositions innovantes en proposant notamment d’alimenter les bus en biogaz récupérés, ce qui permet d’économiser 10 000 tonnes de gaz carbonique». Véolia se dit également prête à mettre en service dès janvier le «B’Pass» qui permettra aux voyageurs de recharger leur titre de transport par portable. Autant d’éléments qui conduisent Benoît Meugniot à s’interroger et à rencontrer les différents élus communautaires pour les informer avant le vote fatidique du 28 novembre censé entériner la décision du bureau de la Cub.
Stella Dubourg