A l’issue du vote des militants ou du moins de 55% d’entre eux, le Parti
Socialiste se retrouve dans une situation tout à fait prévisible, la pire
!
Ségolène Royal aurait obtenue environ 29 % des voix, derrière suivent les
motions Aubry et Delanoë avec 25% et somme toutes pas très loin, encore
derrière, on trouve benoit Hamon avec environ 19%.
On apprend, ce matin que Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez annoncent qu'ils
quittent le PS pour créer un nouveau mouvement «sans concession face à la
droite».
Le congrès de Reims devait-être, avant tout, pour le Parti Socialiste,
l'occasion de se doter d’un leader accepté par tous, qui ait la capacité de
l’engager dans une ligne claire, novatrice et originale. Or, à ce stade du
processus que constate-t-on ?
Que les motions, plus que des vraies différences de fond (à l’exception
peut-être de celle de Benoit Hamon), marquent des antagonismes de personnes.
Lorsque l’on voit l’hétérogénéité des soutiens de Martine Aubry (Fabius,
Montebourg ou Lang) on se dit que la seule chose qui les réunit c’est
« tout sauf (mon amie) Ségolène » ou « tout sauf (mon ami)
Bertrand » !
Que la participation est relativement faible (55%) ce qui implique que même
la motion de Ségolène Royal avec ses 29 % n’a obtenue l’adhésion que de 16 %
des encartés Socialistes, ce qui est peu pour affirmer un leadership.
Que les militants qui ont voté, ont répartis leur vote à peu prêt
équitablement sur 3 voire 4 motions, ce qui va conduire immanquablement à des
petits arrangements « entre amis » et à l’habituel consensus mou
inter-courants qui sclérose le PS depuis 10 ans.
Que les petits arrangements sont d’autant plus probables que la position, en
tête, de Ségolène Royal, va forcément, compte tenu des inimités qu’elle s’est
attirée, justifier des alliances de circonstance contre elle.
Qu’en tout état de cause, même si elle était désignée à la tête du Parti, il
est prévisible qu’elle ne soit pas suivie par un nombre conséquent de
Socialistes et de toute façon, qu’elle ne puisse assumer pleinement le rôle de
leader dont le PS à besoin.
Que, dans cette hypothèse, et comme peut le laisser présager le départ (trop
tardif) de Mélenchon et de Dolez, il y a un risque fort d’éclatement du PS
entre une ligne « à gauche toute », encouragée par la crise actuelle et
une ligne sociale-démocrate.
Tout cela m’inspire les remarques suivantes :
Alors que l’on pensait qu’il n’y avait rien de pire pour le PS que la
situation de blocage actuelle, on en vient à se demander si l’avenir ne
s’annonce pas encore plus sombre.
Alors que l’on attendait beaucoup de ce vote et du congrès qui va suivre, il
est à craindre qu’à l’arrivée, rien ne soit résolu. Pour s’en convaincre il n’y
a qu’à écouter les propos de François Hollande ce matin sur RTL: « La
victoire de Ségolène Royal ne lui permet pas d'être majoritaire dans le Parti
socialiste» et les quatre motions …doivent «chercher un
rassemblement».
Or, lorsque François Hollande parle de rassemblement, tout le monde comprend
« consensus mou», « compromis foireux » voire même « grosse
hypocrisie générale».
Tout cela démontre que l’organisation actuelle du PS, son mode de
fonctionnement et probablement ses leaders vieillissants et égocentriques, ne
lui permettent pas d’avancer.
Cela démontre surtout, qu’ il n’y a pas, au sein du PS, de consensus, ni au
sein de ses dirigeants ni au sein de ses militants, sur ce que devrait être un
parti d’opposition digne de ce nom et plus précisément sur ce que signifie être
un parti de gauche aujourd’hui en France.
Or, de ce point de vue, le PS a clairement un problème. Le PS n’a pas encore
trouvé la voie entre l’antilibéralisme abrupte façon Besancenot ou Mélenchon et
la sociale démocratie pratiquée par la majorité actuelle (ça y est j’en vois
qui sursautent).
En conséquence de quoi, et faute de pouvoir proposer une alternative
crédible à la politique gouvernementale, il pratique soit la contestation
systématique soit l’abstention négative, concept dont il s’est fait une
spécialité ces derniers mois avec le vote sur la Constitution européenne,
l’Afghanistan ou le plan de « sauvetage » du système
bancaire.
Il faut dire, pour sa défense, qu’en France, la politique exige, pour
exister, une opposition marquée, nette et sans faille au camp d’en face. La
politique en France ne se satisfait pas des subtilités, des concessions ou des
efforts de compréhension rendus pourtant nécessaires par la complexité du monde
qui nous entoure.
En France on est blanc ou noir mais certainement pas gris. Les compromis
sont perçus comme des compromissions. Les discours doivent être simples sinon
simplistes sous peine d’être inaudibles.
Mais le PS cumule les handicaps car, en plus de cette nécessité d’opposition
bestiale, il a l’obligation de pratiquer le parler « politiquement de
gauche correct » avec d’un coté un tas de « petits gens misérables»,
« pouvoir d’achat en déroute», « services publics à l’abandon »
et de l’autre une ribambelle de « cadeaux aux riches », de
« libéralisme sauvage» ou encore de «copinage avec le grand capital
».
Que n’a-t-on pas entendu, lorsque Delanoë a osé écrire le mot honni
« libéral » dans son bouquin d’auto promotion ?...y a-t-il eu un
débat, des discussions internes, des échanges constructifs autour de cette
phrase ?...que nenni ! au sein même du Parti, il n’y a eu qu’anathèmes et
villipendages !
Du coup, le PS sans projet, sans un minimum de concepts fondateurs vis à vis
desquels tous pourraient se reconnaître, ne se retrouve que sur la seule
opposition à Sarkozy et sur un langage de gauche convenu et
stéréotypé.
Il ne faut pas s’étonner ensuite de le retrouver partagé entre 3 motions
similaires, sans réel intérêt et peu différenciantes.
Il ne faut pas s’étonner non plus de la faible participation des
militants.
Il ne faut pas s’étonner enfin que celle qui a fait une campagne
essentiellement orientée autour de sa personne telle la grande prêtresse du
Socialisme, ait gagnée.
C’est cela la démocratie de nos jours, même au PS, ce ne sont pas les
programmes indigestes et verbeux qui comptent mais le charisme et les grands
shows médiatiques…fraternité, fraternité !
Ségolène Royal a fait une campagne de candidate à l’élection présidentielle
alors que les autres se sont contentés d’une campagne de candidats à la
direction du Parti Socialiste à coup de motions dont tout le monde se fout
…rien de surprenant dans le résultat !
De tout cela on serait assez tenté de conclure que le Parti Socialiste n’est
pas sortis de l’auberge et que Sarkozy peut dormir sur ses 2 oreilles
!
Mais après tout, n’est-ce pas à Reims que Jeanne d’Arc a conduit Charles VII
pour le faire sacrer alors que ses affaires n’étaient pas vraiment brillantes
!...alors Ségolène, sera t’elle la Jeanne d’Arc du Parti Socialiste ?