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Pas de communisme sans projet politique pour une autre société !

Publié le 08 novembre 2008 par Lalouve

Bien qu’ayant décidé pour diverses raisons de ne plus être membre du PCF pour le moment, je suis et reste communiste.

C’est là, dans ce combat, avec ces idées, que j’ai donné un sens à ma révolte, grâce à mes camarades et à l’exemple des salariés en lutte, et c’est aussi dans ma révolte que je construis mon communisme, et ça se construit tous les jours.

En tant que telle, rien de ce qui se passe au PCF mais plus généralement dans la gauche , notamment communiste, ne peut me laisser indifférente.

Il y a trop de gens qui ne sont pas communistes, ni même socialistes, ces derniers temps, qui se sont penchés - et se penchent encore, parfois avec la gourmandise des charognards - sur notre "dépouille", pour que les communistes, même celles et ceux qui ne sont plus encartés, ne se sentent pas le droit, voire, le devoir, d’au moins donner leur avis, d’exprimer leur souhait.

L’annonce de Mélenchon, certains s’en réjouissent, moi, je dirais que ça ne me réjouit pas.

Cependant, je crois que vouloir calquer un modèle de "Die Linke" en France est voué à l’échec, d’autant que ce projet fait l’impasse sur une question fondamentale.

Par contre, je suis de plus en plus effrayée de voir que le débat sur le fond du projet ne semble pas vouloir s’enclencher au PCF, et que la lutte des places "par le haut" semble toujours battre son plein.

Alors que nous vivons un moment historique (ce qui ne signifie nullement qu’il soit agréable) - oui, et ce n’est pas l’élection d’Obama.

Ce moment historique, c’est la crise du capitalisme, ce sont les développements modernes de l’impérialisme.

Cela est étrangement absent des débats du 34ème congrès du PCF. Les "partis de gauche" se taisent ou se contentent de parler.

C’est la campagne électorale permanente.

Qui ne voit pas se profiler derrière ce brumeux silence, entrecoupé de quelques hoquets d’indignation contenue, les fumeuses élections européennes, hein?

Il me semble, dans tout ça, qu’un parti communiste doit d’abord être, non seulement un parti de classe, mais encore et avant tout, qu’il doit être le parti de notre classe, celle des prolétaires - c’est à dire en langage un peu plus "moderne", et bien que ce ne soit pas complètement équivalent, le parti des salariés (d’active ou pas) - .

Le parti de ceux qui ne sont pas propriétaires du capital, de ceux qui ne sont pas propriétaires de l’usine, des machines, des ordinateurs, de l’immeuble... le parti de celles et ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre pour pouvoir bouffer, et un peu plus dans certains cas ( de plus en plus rares).

Cela implique, je pense, que nous, communistes, considérions d’abord notre classe comme le premier échelon d’un parti quel qu’il soit.

Notre classe, c’est notre base.

Pour être encore plus claire, je pense qu’avant même de nous considérer comme "membre du PCF" ou "membre de la LCR" ou que sais je, c’est sur notre appartenance de classe, l’appartenance de classe, en conscience, que nous devrions nous réunir, et que c’est notre classe, (et notre conscience de classe), son combat, son unité, et sa victoire, qui doivent être notre objectif premier.

C’est cette appartenance de classe qui doit irriguer la démarche et la réflexion des communistes quel que soit le parti au sein duquel ils ont choisi de se réunir, de s’organiser, ou qu’ils aient choisi, finalement, de ne pas s’organiser du tout (ce qui, de mon point de vue, reste une erreur - il faut s’organiser, même a minima).

Je crois aussi que notre problématique immédiate dans laquelle inscrire tout cela, doit être d’abord celle de la lutte (voire, de la guerre selon certains) des classes, cette lutte des classes dont découlent toutes nos luttes de classe, pour notre classe.

Cette guerre des classes où s’inscrivent les bataillons des Goodyear, des Renault, des Ford, mais aussi de La Poste, et tant d’autres avant eux, de la Samaritaine, des Moulinex, des Lu, des Marks & Spencer, de toutes ces entreprises du textiles, de la métallurgie, mais aussi, de tous ces sous traitants, des services (archivages, centre d’appel, nettoyage etc).

Et oui on le dit peu, mais le capitalisme ravage aussi le tertiaire - scissions pour faire passer les effectifs sous le seuil des 50 salariés, déconventionnement, délocalisation, précarisation avec l’emploi d’intérimaires...

On va me dire que ce sont des évidences tout ça - je dirais, peut être, mais ça ne me semble pas si clair.

En tout cas c’est une évidence qui reste lettre morte, qui pourrit sur pied, qui se dessèche, et dont plus aucun "leader" soi disant de gauche ne semble vouloir tirer les conclusions à fond...

Dans le meilleur des cas on reste au niveau de l’abstraction romantique, ou des revendications certes véhémentes, mais qu’au fond, les syndiqués portent tout aussi bien (et plus efficacement) que les politiques.

La conclusion que je tire de cette évidence, c’est d’abord que le parti qui se prétend un parti de communistes, quel qu’il soit, doit savoir écouter la classe, et pas l’inverse.

Il doit savoir transcrire politiquement les attentes concrètes de la classe pour laquelle il existe et d’où il tire sa justification. En théorie, il ne devrait pas avoir trop de peine à le faire parce qu’il est supposé être une organisation politique d’une partie de cette classe...Donc, issu de ses rangs directement, et selon ses principes.

L’avant-garde de la classe qui a jugé utile et opportun de se retrouver dans un parti dit communiste doit savoir avant tout traduire les attentes profondes de la classe.

C’est à dire que, particulièrement à un moment comme celui que nous vivons toutes et tous, je veux parler de ce moment de "Krise" du capitalisme, il faut un projet politique pour notre classe.

Or, aucun projet politique n’affleure à ce stade, d’aucune discussion des organisations politiques dites "de gauche", et certainement pas dans la gauche communiste.

Ce que l’on propose, ce que l’on voit, c’est à la rigueur un programme, plus ou moins bien ficelé, enrobé plus ou moins de "marxisme" - on trouve bien des expressions consacrées ici ou là.

Un programme avec parfois de bonnes idées mais surtout, où que l’on pose les yeux, un programme sans projet politique, un programme, une illusion de force, qui, de fait, nous condamne à répéter les mêmes erreurs et qui traduit notre autisme, au fond alors, un programme impardonnable.

Un geste qui confond utopie et espoir.

Je pense que, tout mis bout à bout depuis 25 ans, ce que nous devrions traduire, en tant que communistes, c’est avant tout que notre classe est désespérée (ce qui ne signifie pas qu’elle ne sache ni ne veuille se battre).

Comment voit on qu’elle est désespérée?

Parce qu’elle ne vote pas ou plus. Ou avec difficultés.

Parce qu’elle se laisse piéger par des bateleurs d’estrade, des champions de foire, un jour Le Pen, "candidat anti-système", un autre Sarkozy , celui de la "rupture".

Parce que même face à un Sarkozy justement, on ne vote plus pour ce qui fut un jour "le parti socialiste".

Parce que ses jeunes disent "ce sont tous des bouffons, le système est pourri, on ne s’y reconnait pas..."

Parce qu’elle se syndique de moins en moins.

Parce qu’elle est absente des débats de tous les congrès de tous les partis, laissés en grande partie aux mains de travailleurs qui sont plus souvent des partisans, ou des militants, que des représentants de leur classe.

Et encore, quand ils peuvent se faire entendre, si les élus et autres apparatchiks ne les ont pas privés d’intervention réelle.

Parce qu’elle est absente de la discussion politique tout court, ou presque.

Elle est désespérée car les partis communistes et socialistes l’ont désespérée au sens où ils l’ont privée d’espoir.

Au sens où Sartre disait "Il ne faut pas désespérer Billancourt".

Et elle est désespérée avant tout par la politique.

La politique telle qu’on la fait, la politique telle qu’on la vit.

Qu’elle se dise communiste ou socialiste ou que sais je. Quand elle entend "politique" elle pense d’abord (et moi aussi, je le reconnais, si je n’avais pas mon "surmoi militant" qui se rebelle) on pense "magouilles, places, politicards, politique politicienne" - trois petits tours et puis s’en vont.

Elle exprime confusément parfois, comme elle peut, avec les moyens du bord, une chose que nous refusons d’entendre, tellement nous confondons "avant garde" et "gardiens de troupeau" : notre classe, les éléments de notre classe qui sont plus ou moins conscients d’y appartenir, elle ne veut plus faire de politique comme nous la connaissons depuis des décennies, sinon des siècles.

Le système politique, la démocratie telle qu’elle existe, ne permettent plus à notre classe de faire valoir ses droits, et notre classe le sait ,le voit, puisque tous les jours elle en paie le prix dans sa chair, tous les jours la fin du mois commence le 15, les gosses ne vont plus en vacances, les pavillons pas finis d’être payés sont saisis faute de sous, les cités autrefois ouvrières pourrissent, croupissent , se ghéttoïsent, et nous, communistes, nous ne faisons plus aucune proposition sérieuse pour changer cela.

Certes, les travailleurs luttent pour leurs droits immédiats, ils ne peuvent pas faire autrement car c’est leurs vies qui sont en jeu. Ils n’ont pas le choix.

Mais nous, communistes, ne leur sommes d’aucun secours, car au fond, nous refusons catégoriquement de prendre le pouvoir.

Nous refusons de nous construire la possibilité de prendre ce pouvoir et nous refusons d’envisager comment nous devons le prendre.

En somme, ce sont nos lâchetés qui détruisent le communisme comme hypothèse d’avenir crédible.

Et cela, les travailleurs, qui sont aussi des citoyens, le savent, le sentent, le voient, plus ou moins clairement.

Combien nous disent sur les marchés, dans les bistrots, les cages d’escalier "Vous les communistes, on vous aime bien, mais aujourd’hui vous ne servez plus à rien".

Comment faut il traduire, expliquer cela?

Par les "valises de plomb"? Par la mise au placard de ce désir fou de changer de société? En disant "tout cela n’est plus d’actualité"? Mais non, justement, c’est l’inverse !

De fait, si nous respectons les règles du jeu de la bourgeoisie (la constitution de la 5ème république, comme celle de la 3ème, bref, toutes celles qui sont plus ou moins issues de la tradition de la Révolution française) nous ne servons à rien - ces règles ont été faites, exactement, pour nous tuer.

Notre système actuel est fait pour garantir les droits des exploiteurs, notre système est fait pour, toujours, que la droite ou que la gauche gouverne, ce soient les patrons qui s’en sortent et les salariés qui trinquent.

Nous le savons bien que la loi en France, aujourd’hui, c’est la loi du Maitre et pas celle de l’esclave !

C’est la loi de l’exploiteur et pas celle de l’exploité !

On envoie au trou un pauvre gars qui a piqué deux tranches de jambon parce qu’il crevait la dalle, mais on garde bien au chaud avec caviar et champagne, les salauds qui, pour quelques centaines de milliers d’euros de plus, quelques millions, délocalisent une usine construite et entretenue pendant des années avec la richesse créée par le travail des salariés !

Et vlan, 50 familles foutues à la rue, un département qui sombre davantage dans la misère et la précarité.Des salariés qui se suicident, des chômeurs qui se tuent, des retraités qui crèvent de faim.

Mais MM. Arnault, Lagardère, Dassault, Mittal et compagnie continuent de se pavaner sans crainte. Est ce que pourtant, ce qu’ils font ne mérite pas la prison?

Mais eux ,non, ils ne vont pas en prison et pourtant , ce sont bien plus des voleurs que ce pauvre gars qui pique sa tranche de jambon.

Et ce sont des voleurs dont les crimes ont des proportions gigantesques, des vols à côté desquels Mesrine est un enfant de choeur !

Chacun de leurs plaisirs, de ces plaisirs qui s’étalent honteusement dans les pages des magazines, chacun de leurs plaisirs, de leurs caprices, est payé de notre travail, de notre sueur, pour certains d’entre nous, de notre santé. Chacun de leur achat d’hôtel particulier, de vacances au bout du monde dans des havres de paix, est payé par le recel de ce qu’ils nous ont volé.

Où vont aller les 360 milliards pris au travail, pris dans nos poches, pour "sauver les banques"? Combien vont ils décider de nous voler, au sommet du G20, le 15 novembre prochain, et comment?

En France, par exemple, notre code civil construit la notion de propriété exclusivement comme privée, non pas pour protéger l’acquisition légitime d’une maison pour y vivre, non, exclusivement comme une continuation de l’exploitation de notre majorité, les prolétaires, par une minorité, les capitalistes.

La notion de propriété, comme celle de citoyenneté d’ailleurs, ne reposent pas sur le travail dans la plupart des pays non socialistes.

Elles reposent, implicitement, sur le déni de justice, elles légitiment le vol permanent dont nous sommes toutes et tous victimes.

Elles reposent sur des ségrégations factices, comme l’ethnie, la couleur de peau, le hasard de la naissance sur un territoire ou sur un autre.

On ne dit pas d’un patron qui sous paie ses salariés pour pouvoir, lui, se coller des dizaines, des centaines, de milliers d’euros dans la poche chaque mois, qu’il détourne ainsi une propriété collective, celle des travailleurs, on ne lui dit pas, à lui, que c’est un voleur.

Légalement on ne peut pas lui dire d’ailleurs, car la loi, le droit, ici, sont ceux des Maitres.

Et si vous le lui dites, la même Loi, l’action en diffamation, sera là pour vous rappeler que vous n’avez pas le droit de dire que votre patron M. Duschmoll est un voleur parce que c’est un capitaliste !

Ah non Monsieur Durand, l’ouvrier de l’usine, le vol ce n’est pas ce que vous fait votre patron, c’est ce qu’a fait votre voisin en piquant deux tranches de jambon, ne faites pas l’idiot, allons, vous le savez bien.

On ne retire par leur citoyenneté aux patrons qui foutent tout leur fric, le recel de ce qu’ils nous volent, dans des banques étrangères où ils ne seront pas soumis à l’impôt, tout cet argent détourné de l’investissement dans les entreprises, dans les salaires, dans les services publics, ça non, mais on refuse des droits élémentaires à des travailleurs "venus d’ailleurs" alors que eux contribuent largement à l’économie locale, construisent la société, et se font exploiter sur notre sol.

Alors oui, nous le refusons, le pouvoir, nous les communistes.

Nous ne voulons pas le prendre.

On veut bien gouverner, ça c’est même devenu notre dada pour certains, mais ça, ce n’est pas la même chose ; quand on est communiste, gouverner avec les bribes que nous laisse le pouvoir bourgeois, ce n’est pas prendre le pouvoir.

Nous faisons semblant d’attendre qu’au travers d’un processus qui a été mis en place par la bourgeoisie pour nous étouffer, "on"nous le donne.

C’est très très malhonnête - nous savons qu’on ne nous ne nous donnera jamais rien dans une dictature bourgeoise, et certainement pas le droit ni le pouvoir de faire une révolution socialiste par les urnes au terme des échéances électorales bourgeoises !

Alors, si c’était cela que nous faisait payer nos semblables, les prolétaires, qui n’ont aucune pitié pour nous (et ils ont bien raison) car nous venons de la même classe?

Si véritablement nous avions encore envie de le prendre, le pouvoir, il y a belle lurette que nous aurions commencé par reprendre nos combats ancestraux.

Ceux qui sont notre essence même, c’est à dire par exemple le combat pour que la majorité , nous les prolétaires, nous puissions, non pas seulement "faire valoir nos droits", les droits que nous arrachons au patronat à travers des lois faites par les patrons, mais pour que nous puissions décider dès l’origine de ce qu’il nous faut pour nous.

Notre combat principal, et particulièrement aujourd’hui, c’est celui de la démocratie prolétarienne, notre objectif, c’est de dire à notre classe :

"Oui, le système est pourri, nous le savons, il faut en changer, sinon, rien, en effet, n’ira jamais mieux. Cela pourra aller un peu mieux en fonction de la couleur des uns ou des autres, mais ce mieux sera toujours précaire, toujours fragile. Tant que nous n’aurons pas le pouvoir, à la base, nous, les travailleurs, nos combats dans une guerre des classes inégale, seront épuisants, parfois vains et nos gains seront minimes et toujours en danger."

Quand D. Kessler, un des chefs du MEDEF, a dit, triomphant, "il faut casser le modèle hérité du Conseil National de la Résistance", il visait, non pas les accommodements sociaux-démocrates qui en ont suivi, non, il visait un projet politique de société, traduit dans le préambule de la constitution de 1946, que je me permets de vous remettre ici :

"Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.

Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après :

La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme.

Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République.

Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi

. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.

Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au syndicat de son choix.

Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le règlementent.

Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises.

Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.

La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.

Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs.

Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.

"

Voilà, ça, on le devait principalement aux communistes.

C’est ça, le modèle hérité de la Résistance en France, et ce n’est pas un hasard vu le poids des communistes dans cette résistance et leur poids dans les institutions - en 1945 nous, les communistes, nous sommes majoritaires à l’Assemblée nationale.

C’est cela qui était visé par Kessler, c’est cela que Sarkozy, qui parle, avec raison de "projet de civilisation", a dans son viseur.

C’est cela que les Maitres des Forges n’ont toujours pas encaissé. C’est l’heure de la revanche.

Si ce n’est pas aujourd’hui, aujourd’hui que notre ennemi a enfin mis un genou en terre, que nous faisons le lien entre l’économie et le politique, si ce n’est pas aujourd’hui, alors que tous nos frères de luttes s’arcboutent pour ne pas céder à la pression du capital, que tous les travailleurs vont bientôt être dans la tourmente, si ce n’est pas aujourd’hui que nous disons

"Démocratie prolétarienne, sociale, contre le capitalisme et la dictature bourgeoise",

alors quand?

Comment lutte-t-on contre le capitalisme si on ne lutte pas aussi contre les lois qui le fondent, contre les structures qui le protègent, contre l’Etat bourgeois qui le nourrit, que cet Etat soit celui d’une hypothétique nation française ou qu’il soit celui de l’Union Européenne?

On ne peut pas.

Tout ce que nous faisons, tout ce ce que nous mettons en place, nous communistes, dans cette dictature bourgeoise, est voué à nous péter à la gueule à court ou moyen terme, car nous ne sommes pas faits, nos idées, nos combats, ne sont pas faits pour accepter ce système-là, nous ne sommes pas faits pour le supporter ni pour le gérer.

Nous sommes faits pour le combattre ardemment, par toutes ses faces, tant qu’il tient debout.

Sinon, nous devenons, vulgate marxiste léniniste ou pas, nous devenons des socio-démocrates, c’est à dire , des gens qui ont accepté, finalement, et même sans le dire, de gérer le capitalisme, de faire avec les institutions bourgeoises, avec, selon nos chapelles, une tendance plus ou moins marquée à la bureaucratie, au népotisme, au nationalisme ou à la dépolitisation...

C’est ce combat là que nous avons abandonné depuis trop longtemps, le combat contre l’Etat bourgeois et si nous ne le reprenons pas, tout combat contre le capitalisme sera vain, car l’Etat bourgeois nous contraindra à abandonner ce que nous avons acquis dans nos luttes de terrains, dans nos confrontations immédiates, locales, avec les forces capitalistes.

C’est nous qui travaillons, quelle que soit notre couleur et notre nationalité, c’est nous qui payons et produisons la quasi totalité des richesses de ce pays, donc, c’est à nous de décider.

La Loi, expression politique d’une classe et de ses intérêts, doit être faite par nous.

La propriété, la citoyenneté, doivent être fondées aussi sur le Travail.

Démocratie prolétarienne, voilà le cri qui doit résonner partout.

Voilà le projet politique que le PCF n’a plus et sans lequel, de toute manière, il périra.

Qui de Buffet, de Gérin, de Bessac ou de Le Reste doit chapeauter le PCF, au fond, on s’en fout ! Que la LCR s’appelle NPA ou truc, on s’en fout aussi ! De la tronche des gens sur les listes européennes, de la couleur du papier, on s’en fout aussi ! Que Mélenchon se barre et que Royal reste, on s’en fout !

Ce n’est pas cela qui changera cette société pourrie à l’os, ce n’est pas ça qui nous sortira de nos fers. Bien sûr avec certains, on bouffera mieux qu’avec d’autres et ce n’est pas négligeable. On ne doit pas cracher sur les réformes sinon on n’est pas révolutionnaire !

Mais ce n’est pas ça qui doit nous unir, nous prolétaires, dans un combat communiste. Ce n’est pas ça qui doit faire la différence, puisque, nous le savons, cela ne fera pas la différence au bout du compte !

Le pouvoir et la liberté pour notre classe, voilà le seul combat digne d’un parti de communistes.

Le projet politique de donner vraiment le pouvoir aux travailleurs, du sommet d’un Etat, appelé à disparaître, jusqu’aux tréfons des usines et des bureaux, voilà notre combat.

Cela signifie oser réclamer que nous ne soyons pas dépossédés du contrôle et des décisions sur notre argent, nos richesses, dans les entreprises et dans les services publics.

Oser dire "il faut vider les prisons de tous ces malheureux qui n’ont rien à y faire, et les remplir des patrons voyous".

Cela veut dire nationaliser les entreprises, les banques.

Oser établir une véritable liberté d’expression, partout, au plus simple, non, les usines, les bureaux, ne doivent pas regorger de salariés dont les lèvres restent fermées comme des tombeaux même au pire des humiliations, des brimades.

Oser le dire et oser le faire.

Voilà le combat d’où les communistes tirent leur utilité pour leur classe, et donc, leur légitimité.

Denis Kessler, Nicolas Sarkozy, Antoine Seillières, Laurence Parisot, ils veulent la mort de notre projet politique, ils veulent liquider le projet de société issu du Conseil National de la Résistance?

Et bien camarades, c’est aujourd’hui que nous devons le reprendre, le combat politique des résistants communistes !


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