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Obama victorieux mais toutreste a prouver

Publié le 09 novembre 2008 par Graphseo

La victoire aura été écrasante ! Alors que certains prédisaient un possible retournement de dernière minute en faveur du républicain McCain, Barack Obama aura été solide jusqu'au bout. Empochant 53 % des voix et 349 grands électeurs sur un total de 539, sa victoire est sans appel. Mais, si l'Amérique exulte, le nouveau président sait que les mois à venir seront décisifs pour répondre à l'immense vague d'espoir qu'a suscitée l'annonce de son élection.

« Change we need. » Qui aura pu échapper à cette phrase, maintes fois répétée par le désormais nouveau président des Etats-Unis ? Le démocrate Barack Obama, 47 ans, est devenu cette semaine le 44e président des Etats-Unis d'Amérique. Cette élection est déjà en soi un changement. Mais les défis à venir, pour celui qui prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier 2009, s'avèrent d'ores et déjà gigantesques. Alors que la planète tout entière entame une période de ralentissement économique dont certains affirment déjà qu'elle se traduira par une inéluctable et longue récession, les changements promis par Obama devront intervenir rapidement.
Les réformes économiques et financières sont en effet très attendues, après le rôle prépondérant joué par la crise lors de la campagne. L'ancien sénateur de l'Illinois a martelé dans tous ses meetings un discours en droite ligne avec la doctrine démocrate, les principales mesures de son programme économique visant à soutenir la demande. Meilleur exemple de cette volonté de relance et principal chantier des réformes promises par le ticket démocrate : la fiscalité. Alors que son prédécesseur à la Maison-Blanche avait mis en place des mesures de réduction d'impôt arrivant à échéance à fin 2010, Barack Obama s'est engagé à les reconduire pour les familles les plus modestes, mais à les supprimer pour les ménages dont les revenus excèdent 250.000 dollars par an. En compensation, un système de taxation plus lourd sera adopté pour les foyers les plus aisés. La politique fiscale du nouveau président devrait apporter un soutien à la consommation, fer de lance de l'économie américaine, en berne depuis quelques mois.
Mener le combat sur tous les fronts économiques
Deuxième axe de travail : le système de santé. La situation actuelle est difficilement tenable. Avec 47 millions de citoyens américains privés d'assurance-maladie et un système de protection largement lié à l'entreprise, la réforme paraît urgente. Pas question de parler de système de redistribution tel que nous le connaissons en France, mais plutôt d'incitation à s'affilier à une assurance-maladie, à travers des aides et des subventions. Le candidat démocrate avait aussi largement fait état de sa volonté de rendre obligatoire la protection sociale pour tous les enfants. Et, pour réduire le coût des soins, il souhaite mettre en place des politiques de promotion des médicaments génériques ; les grands laboratoires pharmaceutiques devraient moyennement apprécier...
Les priorités fixées par le nouveau locataire de la Maison-Blanche portent aussi sur les infrastructures du pays (routes, ponts, installations électriques...). Celles-ci étant très dégradées dans certains Etats, leur simple rénovation se chiffrerait à 1.600 milliards de dollars sur cinq ans ! Bien sûr, cette initiative, qui rappelle la politique de grands travaux mise en place par Franklin D. Roosevelt dans les années 30, créera des emplois et redonnera un coup de fouet au secteur de la construction.
Mais la tâche s'avère difficile, tant le secteur a été victime de sous-investissements depuis près d'un demi-siècle. L'autre volet « infrastructures » du programme démocrate concerne le grand cheval de bataille de Barack Obama : les énergies renouvelables. Avec un plan d'investissement d'environ 150 milliards de dollars, il souhaite porter la part de ces énergies propres à 10 % de la production d'électricité d'ici à 2012, ce qui pourrait provoquer une ruée sur les valeurs vertes, et profiter notamment au secteur des énergies solaire et éolienne.
Le dossier de la réglementation financière figurera également en bonne place sur la table du bureau du futur président. Objectif : adopter au plus vite de nouvelles règles afin d'éviter encore une débâcle du secteur financier et des marchés. Aucune mesure précise n'a été présentée pour le moment, mais la réunion du G20 la semaine prochaine devrait être l'occasion pour Barack Obama, qui sera présent en compagnie de George W. Bush, d'exposer ses vues.
D'autres défis s'ajoutent à la liste des chantiers déjà énoncés, à savoir la réforme d'un système universitaire au coût devenu prohibitif, ou encore le retour d'une stratégie offensive dans le domaine des nouvelles technologies. Car si les Etats-Unis sont bien les pionniers de la révolution Internet, l'équipement des foyers en connexion haut débit reste faible. Signe de la perte de compétitivité américaine, cette situation reflète les défis technologiques à venir. Un généreux plan de 35 milliards de dollars a été promis lors de la campagne. On comprend mieux le ralliement des principales compagnies technologiques de la Silicon Valley à la campagne Obama.
La formidable résilience des Américains
Reste à savoir si le nouvel arrivant aura les moyens de ses ambitions. La marge de manoeuvre de la future administration démocrate paraît très étroite, tant certains fondamentaux de l'économie américaine sont aujourd'hui dégradés. Il ne faut pas oublier que la majorité des mesures annoncées l'ont été avant l'aggravation de la crise début septembre. Et depuis, aucun des chiffres et plans généreux annoncés n'ont été révisés pour tenir compte d'un contexte économique très chahuté.
Le déficit budgétaire est alarmant. S'élevant déjà à plus de 450 milliards de dollars, il pourrait dépasser 1.000 milliards de dollars l'an prochain ! Le dollar, quant à lui, malgré sa récente remontée, ne jouit plus de son aura d'antan. Pour faire face au déficit et retrouver la confiance des investisseurs étrangers, la solution passerait par l'augmentation des taux directeurs ; c'est justement l'inverse qui se produit. Rarement un président n'aura hérité d'un pays dont l'hégémonie économique est tant remise en cause, et ce dans tous les secteurs.
L'extraordinaire enthousiasme suscité par l'élection de Barack Obama ne sera pas de trop pour mener à bien les réformes promises et faire souffler le vent du changement, omniprésent dans son discours. La théorie du choc de confiance sur l'économie provoqué par cette élection devrait se vérifier dans les prochaines semaines, auprès tant des consommateurs que des marchés financiers. Les Américains fonctionnent beaucoup à l'enthousiasme et à la confiance, et font preuve d'une formidable capacité à surmonter les événements les plus graves. Ce fut le cas en 2001, après les attaques terroristes à New York. Mais cela suffira-t-il ? Le 20 janvier 2009, lorsque Barack Obama endossera officiellement son costume de président, la situation économique pourrait s'être aggravée. Le programme économique du candidat pourrait déjà être remis en cause.

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