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Mon dentiste, ce héros

Publié le 09 novembre 2008 par Prland

Depuis un mois, j’ai découvert un problème que je ne pensais pas avoir un jour : pas facile de rester immobile face à la fraise du dentiste quand on rit !

Parce que pour moi comme pour à peu près tout le monde, un passage chez le dentiste ne représente pas exactement le meilleur moment de détente dont on puisse rêver. Je dirais même que, douillet comme je suis, ça s’apprente d’avantage à un croisement entre un film gore des années 50 et la pire séquence de Fear Factor qu’à une bonne séance de rigolade. Mais ça, c’était avant que je découvre le dentiste le plus fun de tout Paris.

Fun dentiste

Autant le dire, la photo est non contractuelle, mon dentiste est beaucoup plus jeune que ça et son humour beaucoup plus subtil. OK, je vous raconte.

Au premier rendez-vous, il y a des signes qui ne trompent pas : un look d’ado, l’oeil qui frise, des baskets au pied, un téléphone avec une voix de monsieur qui hurle “DRING DRING” toutes les 15 secondes en guise de sonnerie : ceux que la maturité rassure passeront leur chemin. Un ami me l’a conseillé en me disant “tu vas voir, je suis sûr que t’as jamais eu un dentiste comme ça, c’est le seul qui ne m’ait jamais fait mal”. J’admets que c’est la deuxième partie de la recommandation et la proximité avec mon bureau qui m’ont convaincu. Je n’attendais pas vraiment un moment de détente remboursé par la sécu, je n’avais pas pris toute la mesure de “t’as jamais eu un dentiste comme ça”.

Au premier travail un peu sérieux sur des plombages qui datent vaguement des années 30, ça se précise : le temps de laisser l’anesthésie locale faire vraiment son oeuvre (ce qui évite au passage d’attaquer le nerfs avant que l’insensibilité ne soit vraiment déclarée), le monsieur vous parle. De son emploi de temps qui continue après le cabinet en aidant des potes à confectionner des sneakers en série limitée Swarovski, de son dernier TShirt Obama / Mac Cain, de basket, de la dernière idée de business qu’il a eue, le tout rentré au chausse pied dans un agenda visiblement très rempli et consacré pas loinde 10 heures par jour à faire son vrai métier.

Contrairement aux apparences que cet artifice pourrait créé, il profite surtout de ce quart d’heure pour vous écouter activement : votre rendez-vous tombe entre deux réunions de crise chez un client ? Il réfléchira pour aider à trouver des slogans malheureusement un peu trop fun pour que ça marche en com de crise. Vous mentionnez l’impact d’internet dans votre quotidien ? Il vous raconte son usage de msn. Invariablement avec l’anecdote qui fait rire, une pincée d’humour noir et 2 grammes de mauvais esprit dignes d’un gamin de 12 ans.

Quand la partie hardcore du rendez-vous doit commencer (ça finit toujours par tomber), vous vous retrouvez avec, sur le nez, des lunettes dignes de Star Trek pour regarder le dernier concert de Mika, un reportage sur la reproduction des pingouins ou tout autre divertissement à choisir parmi une collection impressionnante de DVD. “Parce que regarder le plafond pendant qu’on peut pas parler, c’est pas très sympa”. Un début de grimace apparait sur votre visage ne serait-ce que parce que vous continuez à trouver le bruit de la fraise insupportable ou parce que la reproduction de spingouins peut se révéler plus violente qu’on ne croit, il vous demande aussitôt si ça va. Et moi, j’aime bien que mon dentiste me demande si ça va.

A l’aube du 5ème rendez-vous, je sens bien qu’il en a encore sous le pied mon dentiste, qu’il va me révéler une nouvelle idée improbable ou me sortir un gagdet aussi inattendu que finalement assez bien à sa place dans un cabinet. Je sais aussi qu’il n’aura rien oublié de nos conversations précédentes et qu’un nouveau slogan lui sera apparu par surprise, au milieu des 200 autres idées délirantes qu’il a par seconde sans les rechercher vraiment.

Dans ma quête du dentiste qui ne ferait vraiment pas mal, j’ai avancé cette année d’un grand pas. Le reste, ce n’est que du bonus. Un bonus vraiment agréable.


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