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Sarajevo, 1992, par Lundgren

Publié le 09 novembre 2008 par Emmanuel

Je ne me souviens plus tout à fait de ce que j’ai fait à Kiev cette année là, ni du prénom de ma petite fiancée de l’époque. Ah, si, Nastassja. Pendant ce temps-là, d’autres Nastassja, parlant une langue similaire restaient cloitrées dans les caves, au bord de la crise de nerfs. Blanches de ne pas avoir vu la lumière depuis des mois.

Guerre civile, les balles crépitantes, deux voitures surgissent, une Lada, une Dacia, accélérateurs au plancher, elles doublent le tramway carbonisé. Les voitures franchissent le carrefour, les feux de signalisation ne marchent plus, rafales, poussière. La Dacia se perd dans une embardée, touchée. Elle s’écrase  contre la Narodna Bankata. Nastassja n’en peut plus. Elle se remémore le voyage qu’elle devait faire quelques semaines après le début des combats et du siège de la ville. En Autriche. Ossip n’est pas là. Elle ne sait pas où il est. Il se bat. Il ne sait pas qu’elle est là… Elle se sent sale. Elle n’a plus rien à manger, plus rien à boire. Au moins pas avant demain. « Zavtra ! Zavtra ! »

Elle n’en peut plus. La porte en haut de l’escalier. Respirer. Elle monte, ouvre la porte, la neige est gelée, le ciel est bleu, bleu d’azur et d’hiver. Il occulte les ruines avoisinantes, les épaves jonchant la rue. Elle respire profondément, son corps se réveille, c’est l’accalmie des combats semble t-il. Elle inspire profondément cet air glacial de janvier. Son pull turquoise et son jean sont sales, elle s’en fout, elle respire, elle vit, ses petits seins pointent, piqués par le froid vif, dardent sous son pull, presque arrogants… La vie. Une balle.

  

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