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Sweet! Bons baisers de l'écolière japonaise (3)

Publié le 10 novembre 2008 par Blaised
La suite de l'épopée de JBM et Carl-André au Japon... (début: ici)
Mercredi, c'est shinkansen (de "shin" : TGV, et "kansen" : japonais) jusqu'à Kyoto. 520 bornes plus tard, nous sommes installés au 10ème étage d'un Westin, situé sur le flanc d'un petit mont surplombant la ville, avec vue sur collines boisées. Je dis que "Sweet... On respire un peu", Carl ajoute que "J'espère qu'Obama se laissera pousser un afro, s'il est élu". Nous descendons en ville nous faire une Green Tea Ceremony à la japonaise.
10 km de marche plus tard, j'ai une ampoule au pied droit mais nous avons vu la cité by night depuis le 22ème étage de la Kyoto Tower, puis cheminé par à peu près tous les quartiers éclairés. Ville plus aérée, traversée par un petit filet d'eau dans son grand lit, Kyoto, bien qu'étendue, se parcourt bien à pinces. Première ville impériale, elle fait un peu l'effet d'une bourgade de province pour qui vient de Tokyo. (Parce qu'en surplombant la capitale, on se rend compte que 33 millions de mecs dans une ville, ça prend un peu de place. Où que le regard porte à Tokyo, c'est construit. Pas forcément des gratte-ciel de 50 étages, plutôt de l'immobilier résidentiel construit des les 70's et 80's à 10/12 niveaux max, mais une vraie bonne densité... Kyoto, avec ses 2-petits-millions-5 d'habitants de rien du tout et ses constructions basses, repose la vue.)
Décalage horaire persistant, marche et boissons font qu'on s'écroule tôt ce soir là. Carl me demande si je pense que le Japon est le seul endroit au monde où les japonais ne prennent pas de photos, je réponds que je dors.
Le problème d'avoir fait un vol est-ouest pour moi et ouest-est pour lui ? nous n'avons pas le même type de jet lag. Jusqu'au jeudi, il aura été frais comme un gardon tous les jours à 4H00 du mat' et moi, moins. Je n'avais par contre aucune pitié pour son coup de pompe de 18H00 à la nuit tombée. Mais c'est pas si grave, vu qu'on est justement jeudi et qu'on est remis, attablés pour le petit déj à la terrasse d'un Starbucks (une chaîne de coffee-houses locale typiquement japonaise) face à la rivière Kamo-gawa. Le soir venu, des joueurs de musique investissent les berges, mais le jour, c'est le point de ralliement d'une demi-douzaine de buses et d'immenses corbeaux. Vols majestueux des rapaces en cercles au-dessus du Starbucks - Carl se dépêche d'avaler son sugar-donut-w.-cream. "J'espère qu'il n'y a aucune calorie là-dedans" s'encourage-t-il.
Une marche dans le Kyoto central, loin des grands axes quadrillant la ville à angles droits, dans ces petites rues bordées de petites maisons en bois à deux petits niveaux seulement, enserrant de temps à autres un petit temple à l'accès souvent fermé par une (petite) chaînette, et l'arrivée au Nijo Castle. Superbe havre de paix et de verdure, des bâtiments et portails du 12ème siècle, plein de salles dédiées chacune à une occupation typique du shogun : celle où il recevait, celle où il écoutait, celle où il décidait, celle où il décidait de ne plus écouter ceux qu'il recevait... une enfilade de pièces et des peintures/tapisseries dorées d'époque à faire pâlir la déco d'un rappeur bling bling. Mais surtout, un jardin d'un raffinement extraordinaire. Les arbres tortueux et travaillés, les pierres assemblées zen au sol, un héron et sa grue payés par le syndicat d'initiative kyotoïte qui posent tranquilles les pattes dans une mare au reflets verts/jaunes sereins... Un vrai beau moment, qui nous a donné faim. On s'attarde chez un artisan fabriquant des sabres traditionnels puis, en terrasse d'un "bar/lounge à nouilles" très tendance où Carl mixe des pâtes de riz avec une green tea pina colada ("Pour faire viril" précise-t-il), l'on décide de finir le jour au Kiyomizu Temple. Un saut de tacos plus loin, nous sommes englués dans une marée de scolaires nippons qui ont eu la même idée de visite. Des classes dans tous les recoins du temple bouddhiste, magnifique au sommet de l'un des petits monts entourant Kyoto-la-cuvette. Un cimetière forestier à flanc de colline, une source aux vertus régénérantes à laquelle chacun fait la queue pour boire (dans des gobelets métalliques immédiatement stérilisés par une machine incrustée dans la pierre à côté), une vue sur la ville au soleil rasant de toute beauté... De chouettes instants, tout comme au Yasaka Shrine, à deux kilomètres de là seulement. Un autre temple reconstruit vers 1650 en l'honneur du dieu de la santé et de la prospérité, vu à la nuit tombante. Et cette scène fameuse de 4 danseurs/danseuses répétant une lente chorégraphie sur une estrade couverte et entourée de centaines de lampions traditionnels, dans un silence juste troublé par l'eau d'une fontaine à petit débit. (A côté du distributeur Coke.)
Encore tout émus, nous reprenons nos esprits dans une roulotte/resto devant une soupe de nouilles méritée. Un de ces nombreux restaurants "sponsorisés" où le cuistot est fier de servir de la soupe X et des grillades X cuisinées grâce à la marmite X et au grill X. Un gage de qualité mis en avant sur une dizaine de posters constituant l'intégralité de la déco dans la roulotte. Des filles souriantes parce qu'elles mangent du boeuf X tranché fin, d'autres lascives parce qu'elles vont s'envoyer une bonne bolée de soupe mizo X... Nous remercions le restaurateur fan de X en sortant, lestés, et dissertons de cette manie marketing japonaise de mettre une fille à la peau la plus blanche possible en photo, un doigt coquin en bouche, la mine mi-naïve, mi-aguicheuse en façade de n'importe quelle pub. Lorsqu'on ne lit pas les idéogrammes et que la publicité vante une marque et non un produit représenté, impossible de savoir de quoi la demoiselle en photo fait la retape. Franchement c'est étrange, ces clichés de filles aux mêmes mimiques où que le regard se pose ; et un vrai jeu pour le touriste qui tente d'imaginer le sens du message. Tiens, celle-là : un fond rose, une damoiselle en couettes aux lèvres rouges pulpeuses, des dessins de fleurs stylisées de-ci de-là sur l'affiche. Une réclame pour des cours de rattrapage scolaire niveau 5ème ? Pour un parfum d'intérieur contre odeurs tenaces ? Renseignement pris, c'est pour une caisse de retraite. Ok... (Ou pour une marques de clopes : pas sûr d'avoir tout saisi, en fait.)
A suivre...

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