Belle cérémonie, beau discours ! Même s’il masque le fait que cette guerre fut un peu moins barbare que celles qui la précédèrent ou la suivirent. En fait, elle fut surtout un massacre de combattants. Renouant avec la tradition de temps plus anciens, on a su depuis exterminer aussi des civils : on pratique désormais le nettoyage ethnique comme, autrefois, après la prise d’une ville, on passait toute la population, hommes, femmes, enfants, au fil de l’épée. Autre intérêt de l’exercice, enseigner à de nombreux journalistes incultes que Douaumont n’est pas seulement un fort, mais aussi un ossuaire qu’ils auraient eu intérêt à visiter depuis longtemps. Et permettre d’éviter aux mêmes ignares de répéter que cette commémoration est la première sans survivants alors qu’en fait, il s’agit de la première sans survivants français.
Mais tout cela n’est que broutille à côté de l’observation principale : il est indécent d’honorer ceux qui sont morts pour la patrie et, dans le même temps, d’accorder des réductions d’impôts à cause qui sont prêts à l’abandonner pour économiser, peut-être même des millions, mais millions qui n’affecteront pas leurs moyens d’existence. On ne peut célébrer l’héroïsme des poilus et se déclarer l’ami d’un Johnny Hallyday ou d’autres déserteurs.
En temps de guerre, des femmes perdent leur époux ou leurs enfants, des pères leurs fils, des hommes leur vie. En temps de paix, participer à la communauté nationale, servir sa patrie, c’est aussi payer ses impôts. Ceux qui quittent, ou font mine de quitter, leur pays devraient être frappés d’indignité nationale ou, plus efficacement, il conviendrait d’adopter peut-être sur ce point ce que je crois être la législation américaine : tout citoyen des États-Unis doit payer des impôts sur ses revenus quels que soient son lieu de résidence et leurs lieux de réalisation.
En temps de guerre, on verse son sang, voire sa vie ; en temps de paix, on se prive d’argent, jamais de sa fortune. Bien sûr, encore faut-il que cet argent soit bien utilisé. C’est précisément à quoi sert la démocratie, destinée à assurer le contrôle de l’État par ses citoyens. Y sommes-nous encore ? En 2007, on avait pu lire dans Le Canard enchaîné que Nicolas Sarkozy avait, pour la première fois, fait une déclaration d’ISF en juin 2006, avant de vendre fin 2006 son appartement de Neuilly quelque deux millions d’euros. Ces informations méritent bien sûr d’être vérifiées mais, si elles sont vraies, il est difficile d’imagine qu’en l’espace d’un an, à moins d’avoir bénéficié d’un héritage ou d’un gain au Loto, la fortune d’un particulier puisse soudainement dépasser 760 000 euros pour bondir à deux millions d’euros, éventuellement minorés par le remboursement de prêts. Si ces éléments sont valides, il est fort possible que notre Président n'eut pas dû attendre 2006 pour déclarer sa ortune. Notre administration fiscale a-t-elle eu la curiosité d’interroger à ce propos celui qui, candidat, affirmait qu’être président, ce n’était pas avoir plus de droits que les autres ?
Vis-à-vis de la patrie, les impôts, c’est la version présente du sang versé par nos pères, et même par certains de nos contemporains, pendant la deuxième guerre mondiale, en Indochine, en Afrique du Nord, au Liban, en Irak, en Afghanistan et sans doute en bien d’autres lieux. Honorer les sacrifices des uns, c’est bien, mais dans le même temps, que notre monarque ne protége pas les fraudeurs et déserteurs qui l'entourent !