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Les aventures du Prince Lexomil : XXXVII

Publié le 12 novembre 2008 par Porky

Episode 37 et dernier

Epilogue grandiose, à l’image des noces princières

En fait, au dernier moment, Citalopram-Biogaran refusa de prendre le même avion que son fiancé, arguant que cela porterait malheur. On  lui affirma qu’elle disait n’importe quoi ; on lui démontra qu’elle accordait foi à des croyances stupides.  Et puis, à tant faire d’être superstitieuse, autant l’être correctement car ce qui portait malheur était de se montrer à son futur mari dans sa robe de mariée avant les noces et non de voyager dans le même avion que lui. Mais Damoiselle Biogaran refusa de se laisser convaincre. Elle prendrait un autre avion. Dame Athymil la gifla encore, tout aussi inutilement que la fois précédente. Lexomil en fut donc réduit à regagner seul le Palais Royal de Coup Dur.

Sa majesté Xanaxa ne fut pas peu surprise (mais pas du tout choquée) que son fils eût eu le courage et l’impudence de consommer ses noces avant leur célébration. Elle en éprouva pour lui une sorte de nouveau et vague respect et se dit que, finalement, on allait peut-être arriver à faire de ce mollasson un homme à peu près correct. De son côté, Valium ne prit guère la chose au tragique, on peut même affirmer qu’il fit preuve d’une certaine philosophie, et même d’un orgueil paternel que rien, mais absolument rien, d’après Xanaxa, ne justifiait. « Il n’a fait que son devoir, déclara Sa Majesté la Reine. Et moi, je vais faire le mien en embauchant des tricoteuses royales pour le trousseau de mon futur petit-fils. » « Vous allez un peu vite en besogne, dit Valium. Rien ne prouve que notre future belle-fille soit déjà enceinte, et si c’est le cas, qu’elle mette au monde un garçon. De plus, je trouve le mot « devoir » un peu exagéré. Depuis quand un Prince déshonore-t-il sa fiancée avant les noces ? » De toutes façon, rétorqua Xanaxa, vu qu’elle doit être « déshonorée » pour reprendre votre désopilante expression, je ne vois vraiment pas où est le problème. Avant ou après, quelle importance, dites-le moi, Valium, vous prie-je. » Quelque peu déstabilisé par cette affirmation qui faisait fi de la morale la plus élémentaire, le Roi se perdit dans des arguties qui n’avaient rien d’argumentatif et confortèrent la Reine dans son opinion. « Je vous remercie de vos explications fort claires, dit-elle. Néanmoins, vous admettrez avec moi que voilà une bonne chose de faite. Surtout pour elle. » « J’espère pour eux qu’ils ne vont pas s’arrêter en si bon chemin », murmura Valium, inconséquent et Xanaxa lui jeta un regard sévère. « Valium, ne soyez pas libidineux. Le devoir conjugal est une chose sérieuse, qui ne se fait pas à la légère. » « Non, c’est certain, rétorqua Valium. Rappelez vos souvenirs, ma chère. Je sais qu’ils datent un peu mais tout de même… » Et sa Majesté Xanaxa rougit et détourna la conversation.

L’arrivée de Citalopram-Biogaran et son cirque familial provoqua de grands remous dans la ville. On savait déjà, par un indiscrétion des serviteurs du Palais que le Prince allait se marier. On savait aussi que la future Reine de Déprime venait de Déprime-sur-Boulot et ne tarderait plus à débarquer. Xanaxa et Valium, qui ne voyaient pas pourquoi on aurait caché plus longtemps ce fait, décidèrent d’envoyer à l’aéroport toute la suite royale et d’accueillir leur belle-fille en grandes pompes. Ce fut donc un Lexomil un peu stressé mais en Très Grande Tenue d’Apparat qui se tint droit comme un i en bas de la passerelle que descendirent les invités lorsque l’avion se fût posé. « Vous avez l’air un peu coincé, votre altesse, dit Do, invité parce qu’il était le seul à savoir se tenir et s’habiller correctement dans les grandes occasions. On dirait un bâton. » « C’est que je suis coincé, mon bon, dit Lexomil. Depuis hier soir, j’ai un lumbago du diable. Je ne peux plus me plier. » « Il va pourtant falloir baiser la main de votre fiancée, ça se fait, répliqua Do. Mais je subodore que le lumbago de votre Altesse est d’origine psychique. » « Vous voulez dire que tout ce tralala me porte sur le nerfs ? demanda Lexomil. Et que j’en ai plein le dos ? » « Pour faire court : oui. » dit Do et Lexomil, radieux, ayant enfin trouvé la source de son mal, sentit tout à coup ses muscles se relâcher. A temps, car la porte venait de s’ouvrir et Citalopram-Biogaran, à croquer dans une robe jaune citron apparut en haut de la passerelle et commença à descendre les marches. « Je vous nomme psychologue royal », chuchota Lexomil et ce fut tout ce qu’il put dire, charmé par l’apparition de la bien-aimée. « Votre Altesse ne va pas être déçue par mes traitements », rétorqua Do.

On retourna au palais dans une file de voitures découvertes, dans lesquelles paradait toute la famille de Dame Athymil. Le bon peuple, massé sur les trottoirs, acclamait Prince, fiancée du Prince, belles-sœurs du Prince, fiancés des belles-sœurs, et tutti quanti. Xanaxa Et Valium attendaient dans la salle du trône. Ce fut un grand moment que celui où la Reine et sa bru se rencontrèrent. Tout de suite, elles se détestèrent, mais comme ce n’était pas le moment de se taper dessus, elles remirent les combats à plus tard, quand il y aurait de vrais motifs et l’une comme l’autre pensait déjà à ce qu’elle allait inventer pour enquiquiner son ennemie.

Trois jours pus tard, ce furent les noces dans la cathédrale de Coup-Dur. L’assemblée, fort nombreuse, était très recueillie, à part Fa qui poussait de temps en temps des « hpff ! » de mécontentement révolutionnaire. Le discours que se crut obligé de faire Ré pour la circonstance plut beaucoup et il fut très entouré à la sortie par un groupe de dames d’honneur d’âge certes mûr mais encore assez consommables. Mi but plus que de raison à la réception et se fit un peu remarquer, La et Sol clabaudèrent sur les tenues vestimentaires des invités, Do voulut imposer à sa Majesté Xanaxa une cure de psychanalyse afin de savoir pourquoi elle détestait autant sa belle-fille mais se fit jeter promptement, à son grand soulagement, d’ailleurs. Xanaxa était insoignable, tout le monde le savait, y compris Lexomil, mais l’amour filial a la peau dure. On admira beaucoup la toilette sophistiquée de la mariée ; on fut moins enthousiaste pour le rideau de salle de bain coûtant 6 000 anti-dépresseurs dans lequel Beurk s’était enroulée ; on goûta encore moins la tenue de Séropram, d’une sévérité à toute épreuve, bien que le prix de sa robe de nonne dépassât largement le salaire mensuel d’un Déprimé moyen. Par contre, les fiancés étaient très bien. Et le Prince Lexomil ! Quelle classe, quelle allure ! Dommage que son royal père ait tenu à emmener sa tapisserie à la messe de mariage. Cela faisait un peu tache. Mais bon, c’était compensé par la beauté de la couronne qui glissait régulièrement de la tête de Xanaxa et menaçait à chaque instant de finir sur le dallage.

Quelques temps après, alors que Citalopram-Biogaran était en train d’annoncer à sa belle-mère qu’elle était enceinte et que le titre de grand-mère allait bientôt lui être décerné, un bruit courut dans le palais : le Prince Lexomil avait disparu. Biogaran s’affola, se pâma, s’effondra. Valium fronça les sourcils ; Xanaxa tira vigoureusement sur le cordon de la sonnette, lequel lui resta une fois de plus dans la main. Atarax fut sommé de partir IMMEDIATEMENT à sa recherche. On en fut quitte heureusement pour la peur.

Car, devinez : Mais oui. Une fois de plus, selon sa louable habitude, Lexomil s’était perdu dans les couloirs du palais et on le retrouva dans la lingerie où il attendait tranquillement qu’on voulût bien lui indiquer le chemin pour regagner la salle du trône.

Ce qui fit dire à Xanaxa qu’il allait peut-être falloir lui concocter un autre voyage dans le Royaume. Mais ceci est une autre histoire…

FIN


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