Usages numériques et le continuum temps

En cette rentrée universitaire, j’ai plusieurs demandes d’étudiants sur la thématique audioguide, et la médiation culturelle. Quelles sont les attentes des visiteurs ? Quels sont les services possibles ? Comment s’assurer de ne pas proposer qu’un gadget ? On est vite embêté, car on ne dispose pas vraiment de terme pour désigner tous les services numériques à destination des visiteurs. Je n’aime pas par exemple le terme dispositif d’aide à la visite, car trop centré sur le temps même du déplacement, alors que la visite commence derrière l’écran de son ordinateur, pour se poursuivre de plus en plus sur les médias sociaux. La visite peut même rester totalement virtuelle, mais quelle importance…

Pour en savoir plus sur les trois temps du voyage, j’ai écrit Du bon usage des technologies de l’information et de la communication pour le tourisme culturel. J’aurais pu dans ce billet d’écrire les différents services. Par exemple le GPS permet de reconstituer un parcours pendant les vacances et de créer de nouvelles formes de souvenir. On voit de plus en plus d’internautes proposer leur parcours. A ce niveau aussi, l’envie de partager est également prégnante. J’aime bien parler de “géoservices”, car cela a plusieurs application pour le voyageur. Cela permet à ce dernier de visiter un lieu à son gré, à son rythme et selon ses envies.

J’ai tendance à utiliser le terme bâtard d’audioguide même si j’englobe le podcast, le GPS, l’audioguide stricto sensu, les vidéos sur PDA, téléphone portable, et si j’osais les mondes virtuels etc. Bref si vous trouvez mieux je suis preneur ! Personnellement ce qui m’intéresse ce sont les usages et les services. Le flacon importe peu…

Il s’agit tout d’abord de donner envie en donnant à voir, c’est même le premier intérêt de ces dispositifs. C’est une invitation à la visite. The Museum of Modern Art (MoMA) est pour moi un bon exemple. On peut en effet voir en ligne une grande partie des expositions temporaires tout en associant à la fois l’image et le son. Il en est de même sur les pages de téléchargement, où systématiquement le fichier mp3 est associé à une image. Ma remarque peut sembler bête, mais on constate généralement que les audioguides sont conçus comme des outils de médiation in situ. Par exemple le Musée Jacquemart-André pour sa dernière exposition sur Van Dyck propose gratuitement de télécharger l’audioguide, mais ce dernier n’est pas vraiment utile pour préparer sa visite, car réalisé dans l’optique de la seule visite. Le MoMA est pour moi un bon exemple d’une réflexion englobant les 3 temps de la visite (avant, pendant et après).

Ces services visent à faciliter la préparation du voyage. Toutefois, je n’ai pas en tête des audioguides sur Internet qui permettent aux visiteurs de préparer sa visite d’un lieu. A quand des services multimédias pour aider le touriste à faire des choix ? Il y a en effet une tendance globale à vouloir tout mettre au même niveau.

On me fait remarquer que la maîtrise de tous les services tic dans mon billet sur concevoir des services numériques pour satisfaire les attentes des touristes est difficile pour ne pas dire impossible à faire par un organisme. Il faut bien entendu avoir une approche globale, mais cela ne veut pas dire pour autant de tout faire soi-même (think global, act local). C’est-à-dire qu’il convient de s’insérer dans un réseau. Qui m’assure aussi ma promotion ? Quels sont mes relais sur les réseaux sociaux ? etc. Par exemple pour un site culturel, il s’agit de ne pas aborder uniquement le problème sous l’angle patrimonial. C’est-à-dire de ne pas isoler son offre du reste. Il faut penser de plus en plus son produit en prenant en compte le continuum temps (restauration, shopping, transport, hébergement…).