Des goûts et des couleurs

Bizarrement, quand il s’agit de sortir, il me faut toujours un temps pour trouver la tenue appropriée. Peut-être suis-je coquette, certes, mais j’aime encore moins être ridicule ou mal fagotée (je ne suis pas assez canon pour ça, rendons-nous à l’évidence, il faut être sublime pour pouvoir sortir nonchalamment en guenilles et rester canon). Alors, je médite un moment devant mon placard en quête d’inspiration divine. Quand j’ai sélectionné deux ou trois tenues, j’en réfère à l’avis éclairé de Monsieur, car son avis peut m’aider à trancher et puis c’est lui qui se trouve à mes côtés après tout. Bref. Et là, outre les habituelles répliques rebattues (”Oui ma chéri tu es très belle”, “Oh, c’est joli, c’est parfait allez mets-ça”), d’avis éclairé, point. “Mais tu en penses quoi?” insisté-je, têtue (mon côté breton ressort à des moments parfois incongrus). Aïe. La colle. Il n’en pense rien (ou que, ben, c’est une robe, un pantalon, c’est gris ou marron, à la rigueur il peut discerner des petites fleurs sur un imprimé liberty en plissant bien fort les yeux, mais ça, il ne le dira pas, sachant très bien que ce n’est pas la réponse que j’attends. Petit malin). Il y a bien évidemment la traditionnelle feinte de vitesse (à savoir, il est pressé et du moment que j’ai quelque chose sur le dos, c’est parfait, si je pouvais à présent me diriger rapidement vers la voiture, merci, ce qui donne en v.o. : « Oui oulala mais c’est très joli ce que tu portes génial allez on y va ? »), que je sais neutraliser maintenant (à force) . J’ironise, mais je dois admettre qu’il a quand même fait de nets progrès. Il est capable aujourd’hui de me dire si telle paire de chaussures va mieux avec ma tenue que telle autre ; et aussi d’émettre un jugement personnel (a-t-il compris que je n’allais pas le menacer de sévices domestiques s’il me disait le fond de sa pensée ?). Mais un avis sur la pièce-même? mouahaha (ceci est un ricanement sardonique). Et puis je dois me rendre à l’évidence. Des fois mieux vaut ne pas creuser en profondeur, car en surface, presque tout me va et je suis ravissante (si si c’est lui qui l’a dit). Mais en profondeur, si je suis bien pénible et que j’insiste trop, il préfère toujours le vêtement que j’aime le moins et sans jamais me donner une explication critique et neutre. Grrr. Quand il s’agit de ses vêtements et de son shopping, en revanche, ai-je déjà mentionné que le bougre est difficile ? Oui, je crois. Là il est d’un coup plus disert et se lâche totalement sur les descriptions détaillées des lignes horizontales gris clair au lieu de vert kaki, de la coupe trop cintrée ou pas assez, des empiècements bizarres sur la chemise qu’il convoite, des boutons qui font bizarre… Bref, des goûts et des couleurs, on ne discute pas, mais avouez que c’est quand même mieux de pouvoir échanger librement avec sa moitié au sujet vestimentaire (et faire les magasins de concert, soyons fous) !

PS : en parlant de style, j’avais oublié

de mettre le lien ici : pendant mon absence prolongée d’Internet, Caroline a publié sur son blog mon Interview Dressing, comme de nombreuses particpantes du forum CarolineDaily ! Merci à elle !