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Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #2

Publié le 14 novembre 2008 par Madelaine

Partie II: L’interrogatoire et les premiers signes de sorcellerie.


La pauvre femme qui se trouve sous le coup d’une accusation pour sorcellerie a beaucoup de soucis à se faire.
Le Malleus Maleficarum ne donne aucun élément pour vérifier l’innocence d’une personne, il ne sert qu’à trouver un moyen de prouver l’accusation. Dans le droit français du 21ème siècle, tout accusé est innocent tant qu’il n’est pas reconnu coupable; Krämer et Sprenger fonctionnent sur le même principe à la différence près qu‘ils ont des moyens irréfutables pour prouver qu‘une femme jusqu‘ici innocente est en fait une sorcière. Peu importe si l’accusée a toujours mené une vie irréprochable, s’ils arrivent à trouver chez elle un signe de sorcellerie et qu’elle ne peut pas se repentir, elle finira sur le bûcher.



La première étape de l’enquête menée contre l’accusée consiste tout simplement à lui poser une série de question pour vérifier si l’accusation qui pèse sur elle est justifiée. Les juges vont se faire une idée de son potentiel et décident s’il est juste ou non de continuer la procédure. C’est une étape capitale pour l’accusée, sa seule chance de prouver son innocence. Si elle échoue ou qu’elle répond mal aux questions qu’on lui pose, elle est déjà condamnée; les étapes suivantes se limitant à une série de tortures de plus en plus cruelles, elle sera obligée d’avouer et plus rien ne pourra décider les juges à revenir en arrière.



Grâce aux judicieux conseils du Malleus Maleficarum, l’interrogatoire est en fait une simple formalité pour les inquisiteurs. Formés à débusquer les moindres signes de sorcellerie, chaque attitude adoptée par l’accusée chaque réponse donnée peuvent être perçues comme une preuve de sorcellerie. Si la femme pleure, c’est qu’elle à quelque chose à se reprocher, si au contraire elle ne pleure pas et qu’elle se réfugie dans le silence, c’est sur le conseil du diable, son complice, qui se croit ainsi plus malin que les juges.



L’accusée, le plus souvent ignorante et comprenant mal ce qui se passe, tombe facilement dans le piège. Les questions qu’on lui pose sont ambiguës et amènent toujours une mauvaise réponse. On pouvait lui demander par exemple si elle croyait aux sorciers. Si elle répondait non, c’est qu’elle ne croyait pas au diable ce qui est contraire aux saintes écritures, si elle répondait oui, on lui demandait quel sorcier elle connaissait et d’où lui venait ce savoir. Si un de ses voisins était mort d’une maladie, on lui demandait si elle avait eu de l’affection pour lui, si elle répond non, c’est qu’elle est peut être responsable de sa mort, si elle répond oui, elle est accusée d’avoir voulu commettre l’adultère. Le simple fait d’utiliser une plante comme ingrédient dans une soupe pouvait être interprété comme un aveu de la femme à préparer des potions maléfiques.



Pour échapper au procès, il fallait surtout être chanceuse.



Mais les soupçons qui pèsent sur l’accusée, ne suffisent pas à la juger pour sorcellerie. Il faut aux juges de la Sainte Inquisition d’autres preuves qui ne se basent pas uniquement sur leur savoir faire. Ils fouillaient son domicile, à la recherche d’ustensiles type de la sorcière, chaudron, flacon contenant des huiles ou des graisses, plantes, animaux suspects (morts ou vivants) ou n’importe quoi de bizarre sur lesquels ils finissaient toujours par tomber. Ils soumettaient aussi l’accusée à divers épreuves. Les plus communes étaient la pesé ou les bains, imaginée sur l’idée la plus répandue que les sorcières devaient être légères. Étant les complices du diable, on les associait au feu qui est un élément plus léger que la terre. Lors de la pesée, si son poids ne correspondait pas à sa corpulence selon un barème que les juges établissaient et si la femme se révélait être plus légère que ce qu’elle devrait peser, il tenait alors une preuve évidente de sorcellerie. Dans le cas des bains on liait les mains et les pieds de la « sorcière » et on la jetait dans l’eau, si elle coulait à pic et restait au fond, l’épreuve avait échouer mais si elle flottait, elle était perdue.



L’inconvénient de ces pratiques est qu’elles se révèlent incertaines et ne vont pas souvent dans le sens de l’accusation. Il est difficile de se convaincre de l’innocence de l’accusée sur la base de la pesée ou du bain ( on oubliait d’ailleurs souvent d’aller chercher les femmes qu’on avait jeté dans l’eau ou on avait tout simplement peur de le faire, craignant une réaction de la sorcière). Les sorcières ont assez de pouvoir pour truquer les épreuves. Même si ces femmes réussissaient ces tests, elles n’étaient pour autant innocentées.



Heureusement pour les valeureux juges de la Sainte Inquisition, le Malleus Maleficarum est une source inépuisable de renseignements sur la sorcière.
Il existe chez ces femmes un signe distinctif qui permet sans aucun doute de l’identifier comme telle. Une marque qu’ils appellent sobrement la marque du diable et qui vont s’employer à rechercher sur toutes les malheureuses présumées sorcières.


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