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La maison aux trois roses d'or

Publié le 14 novembre 2008 par Porky

Retournons à Prague, le temps d'une courte légende dont le texte est de Jan M. Dolan et la traduction française de Eva Janovcova...

La maison aux trois roses d'or

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Une histoire singulière se rattache à la Petite Place (Malé namesti ) qui se trouve à quelques pas de l'Horloge de la Vieille Ville.

Trois sœurs très belles auraient vécu à la place de l'actuelle Quincaillerie Rott. Conscientes de leurs attraits, elles refusaient tous les prétendants l'un après l'autre. Mais toutes belles et riches qu'elles fussent, elles ne con­naissaient ni le calme, ni le bonheur, car elles se querel­laient du matin au soir.

Trop souvent, beauté et or­gueil vont de pair.

Les voisins se disaient que les trois orgueilleuses vieilli­raient dans les disputes et que, malgré leur richesse et leur beauté, elles finiraient vieilles filles.

Mais un jour, un étranger sonna à la porte. C'était un prince d'un pays lointain. Il déclara qu'il était amou­reux de l'aînée des trois sœurs et s'efforça de gagner son amour. Il n'eut pas trop de peine, car l'aînée, heureuse de triom­pher de ses cadettes, crut vo­lontiers que le galant prince l'emmènerait vivre à l'étran­ger dans le luxe et l'opulence. La somptuosité de son train montrait une richesse dépassant de loin la sienne. Elle partit donc avec lui pour l'étranger.

Quelque temps après, la sonnette retentit de nouveau, annonçant l'arrivée d'un autre étranger. Celui-ci se présenta comme étant un Anglais et se déclara amoureux de la deuxième sœur. A ses dires, il ne pouvait vivre sans elle, et si son amour était partagé, il lui offrait une vie pleine de richesse et de bonheur. La seconde sœur se décida vite : depuis le mariage de son aînée, l'envie la rongeait. Désormais, elle serait son égale, peut-être même que son époux à elle serait encore plus riche. Peu de temps après, les voisins la virent quitter la maison au bras de l'étranger.

La troisième sœur resta seule. Elle arpentait la maison vide, ruminant sa haine. Ses sœurs étaient pourtant moins belles, pensait-elle, et plus âgées : quelle injus­tice d'avoir épousé ces riches étrangers, tandis qu'elle se morfondait toute seule dans la vieille maison... Elle se regardait dans le miroir et craignait de vieillir. Puis un jour la sonnette retentit une nouvelle fois... Elle regarda par ta fenêtre et exulta : un étranger somptueusement vêtu se tenait devant la porte.

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Peut-être vient-il me chercher...

L'espérance l'envahit, la chance lui souriait comme à ses sœurs. Tout indiquait qu'elle ne se trompait pas... L'étranger qui entra lui déclara son amour ; c'était vraiment un cavalier accompli. Quel dommage, se dit la cadette, que mes sœurs ne soient pas là pour m'envier ce riche prétendant. Selon ses dires il venait de France, était noble et possédait d'immenses richesses.

La soeur cadette en tomba amoureuse sur le champ. Fini de vivre dans la maison vide, en colère et pleine de rancœur en pensant à la bonne fortune de ses sœurs ! Allait-elle hésiter à suivre l'étranger dans son pays? Que nenni ! Une fois de plus, les Pragois virent un magnifique carrosse, plein de bagages, quitter la Petite Place, emportant une jeune fille au visage souriant.

Dorénavant, la maison de la Petite Place resta silencieuse. Les voisins pensaient aux trois belles, beaucoup de jeunes gens re­grettaient leur absence, à beaucoup leur départ avait fendu le cœur. Un long temps s'écoula avant que des nouvelles des trois sœurs ne parviennent à Prague.

Bien tristes nouvelles !

Pendant longtemps, on ne parla de rien d'autre dans le quar­tier ... Ce n'étaient pas trois prétendants qui avaient emmené les trois sœurs, mais bel et bien un seul : elles partageaient le même époux, un individu habile à se déguiser et à changer de voix pour s'emparer des grandes richesses des trois jeunes filles. A trois reprises il s'était introduit chez elles, emportant à chaque fois, avec la fiancée, un tiers de leurs biens. Guidées uniquement par le désir de triompher, elles n'avaient pas envisagé que leur séducteur pût être un misérable.

La fin des trois sœurs fut lamentable. Le criminel leur avait volé et leurs biens et leur rêve. Il Ies abandonna dans la misère et bientôt elles moururent, l'une après l'autre, dans des contrées lointaines.

Qu'est-il resté d'elles? Une histoire.

Et un nom : celui de la Maison aux trois roses d'or, où elles avaient vécu et que les gens nommèrent ainsi en souvenir des trois infortu­nées.


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