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Présidence de l'union Européenne : Nicolas Sarkozy ne sera plus "Roi" d'Europe en 2009

Publié le 14 novembre 2008 par Slovar
Nicolas Sarkozy est un démocrate au sens politique et institutionnel du terme. Il l'a prouvé en acceptant la victoire de l'opposition lors des derières consultations électorales en France. Devenu par le principe de la Présidence tournate de l'Union Européenne, il est entre temps devenu le Chef de plus de 460 millions d'habitants jusqu'à fin 2008.
Au fait, c'est qui et comment fonctionne la Présidence tournante de l'UE ?
La présidence tournante permet à des minorités d'accéder au pouvoir et de faire prévaloir leur point de vue. Elle évite les problèmes de susceptibilité et de jalousie entre pays ou communautés. Elle permet de régler les problèmes de succession ; elle évite les interminables négociations et blocages pour savoir qui prend la présidence d'une institution. Chaque pays accède à la présidence du Conseil européen et du Conseil de l'Union européenne à tour de rôle. La rotation s'effectue tous les six mois, dans l'ordre alphabétique du nom de chaque État membre dans sa langue officielle. Ceci donne aux pays à faible population la possibilité d'avoir une influence sur les décisions prises au sein de l'Union européenne.
Le président du Conseil de l'Union européenne est le ministre des Affaires étrangères de l’État chargé de cette présidence. Le chef d'État ou le chef de gouvernement du pays présidant le Conseil de l'Union européenne préside le (sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne) - Source Wikipedia
Bien qu'hyper actif comme Président de l'Union en ce qui concerne la crise économico financière (organisation du G20) et nous l'avons dit, démocrate, lorsqu'il s'agit de cette présidence, le naturel revient au galop et sa tendance à tout vouloir piloter (puisque seul compétént) reprend le dessus.Et pourtant, démocratie oblige, il doit rendre la Présidence de l'Union (ce qui jusqu'à présent n'a jamais posé de problème) en 2009. Mais fait nouveau : Il veut la conserver ... pendant encore deux ans.
Rappel des faits
Le Monde du 22 octobre révèlait que «Nicolas Sarkozy voulait diriger la zone euro jusqu’en 2010». Lors de son intervention devant le Parlement européen, le 21 octobre, le président français a une nouvelle fois évoqué la nécessité de mettre en place un gouvernement économique européen. Cette idée, répétée à l’envi par Sarkozy depuis son élection en juin 2007, prend un sens différent en pleine crise financière. Surtout depuis le sommet extraordinaire, qui a réuni à Paris les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le 12 octobre, et qui a permis de trouver un consensus européen pour tenter de résoudre la crise.
Nicolas Sarkozy se verrait présider ce groupe hypothétique jusqu’en 2010 afin de mettre en place une meilleure gestion que celle qui serait à l’œuvre au hasard des présidences semestrielles, en tombant tout d’abord entre les mains du gouvernement eurosceptique tchèque, qui est en difficulté, puis entre celles des Suédois, qui sont toujours en dehors de l’Eurozone. En 2010, l’Espagne pourrait reprendre le mandat de M. Sarkozy, en assumant à la fois la présidence de l’UE et celle de l’Eurozone.
Ce qui était une manipulation parfaitement illégale au regard des textes et règlements de l'Union. Nicolas Sarkozy n'ayant pu imposer le Traité de Lisbonne qui prévoit que : "Le traité instaure un nouveau poste permanent, celui de président du Conseil européen, qui sera nommé par le Conseil européen pour un mandat de deux ans et demi".- Source Europa
Or, le traité ayant été rejeté par les Irlandais, il devait soit céder sa place, soit essayer de trouver une faille dans le système lui permettant de conserver la Présidence (ou la coprésidence) de l'UE en écartant la République Tchèque et la Suède.
Il est interessant de noter, au passage, que l'idée de Nicolas Sarkozy avait un fervent supporter : Business Europe (Lobby des entreprises à Bruxelles) dont le Président est Ernest Antoine Sellières
Business Europe, l'organisation des employeurs europeéns a également soutenu les proposition du président français : « Nous avons été voir Nicolas Sarkozy pour lui dire qu’il était nécessaire de coordonner de façon intense les initiatives au niveau européen. Bien sûr, la responsabilité nationale sur les systèmes bancaires reste entière et voulue par les Etats, mais nous nous doutons que la vraie réponse doit être apportée au niveau européen. », a déclaré le président de l’association Ernest-Antoine Seillière .
« Nous souhaitons que les pays européens, notamment ceux de l’Eurozone, se concertent pour adopter ensemble des mesures qui créeront les conditions d’un fonctionnement amélioré des marchés financiers et du système bancaire. Nous avons également appelé à une perspective de ce qui pourrait être un gouvernement économique de l’Europe. On ne peut pas avoir créé une monnaie unique et ne pas avoir, entre nous, de vraies perspectives d’organisation au niveau économique », a-t-il ajouté. Source Euractiv
La visite de Business Europe a t-elle été déterminante dans la décision de Nicolas Sarkozy ? L'intéressé ne s'est pas manifesté sur le sujet.
Seulement, voila que les Tchèques (dont le président est un eurosceptique) ne l'on pas entendu de cette oreille
Le Vice Premier Ministre Tchèque M. Vondra a indiqué que les plans français diviseraient encore plus l’Union au lieu de la renforcer. « Si l'Eurogroupe se met d'accord pour être présidé par un Français et pour se rencontrer plus souvent, on ne peut probablement pas l'empêcher, mais ce ne serait pas une sage décision. Ce serait un pas de nature à diviser l'UE plutôt qu'à l'unifier », a-t-il affirmé. (A noter que L’Allemagne a également indiqué qu’elle était opposée à ces plans)
Et viennent de lancer leur logo de présidence.
Bleu ciel, rouge, jaune, bleu clair, vert et orange. Avec ses six couleurs, le logo de la future Présidence tchèque, présenté le 13 novembre, symbolise "l'Europe sans barrière", slogan de la Présidence, tout comme la devise de l'UE, "Uni dans la diversité." Le visuel de la République tchèque montre, dans une police de caractère basique et géométrique, que les Tchèques ne sont pas rabats-joies, qu'ils n'ont pas peur d'entreprendre des actions fortes, et qu'ils ont leur propre style, a indiqué le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Alexandr Vondra dans un communiqué. Le site Web qui sera dédié à la présidence n'est pas encore actif mais néanmoins, une page d'accueil existe http://eu2009.cz/
Nouveau pays, autre style
Alors que Nicolas Sarkozy s'était rendu en Irlande, suite au refus du Traité de Lisbonne, afin de les faire revoter jusqu'à ce qu'ils finissent par dire OUI (non mais !!!), le président tchèque, Vaclav Klaus, s'y est également rendu le 11 novembre dernier.
Et là , changement de style : Après un entretien avec le premier ministre, Brian Cowen ... / ... il a rencontré le leader du non au traité de Lisbonne, Declan Ganley ... / ... et surtout ne fait pas dans le demi mesure : "Mon prédécesseur, Vaclav Havel, aimait lui aussi rencontrer des dissidents de différents pays, donc maintenant je rencontre un dissident de l'UE. Et je me considère comme l'un d'eux".
Outre ce "monument" de déclaration, le pas encore Président de l'Union a quasiment déclenché un incident diplomatique. En effet : Le chef de la diplomatie irlandaise, dont le gouvernement a vainement plaidé pour un "oui" au traité de Lisbonne, a dénoncé mercredi des "commentaires très clairement politiques". De tels propos constituent "une intervention déplacée dans le contexte d'une telle visite d'Etat, particulièrement au moment où le gouvernement irlandais discute avec ses partenaires européens au nom du peuple irlandais"
Le pouvoir politique de Vaclav Klaus étant limité, sa visite pourrait n'avoir que de faibles répercussions. La semaine dernière, la Cour constitutionnelle tchèque a cependant reporté sa propre décision sur la constitutionnalité du traité de Lisbonne, à la suite d’une intervention personnelle du président Klaus. En conséquence, il est peu probable que le gouvernement tchèque parvienne à ratifier le traité avant le début de sa présidence, comme l’UE l’espérait - Source Euractiv
L'Union dirigée par un eurosceptique, voila qui devrait si ce n'est amusant, du moins pittoresque et en tout cas rendre encore un peu plus impopulaire l'actuelle Union, son fonctionnement et ses objectifs. Malgré les réactions et manifestations d'inquiétude des eurodéputés et des Eurobéats, Nicoals Sarkozy devra rendre sa couronne en temps et en heure. Si l'on en croît les Echos :
Le président de la République devrait également emmener dans ses bagages le ministre des Finances tchèque, dont le pays doit prendre le relais de la présidence de l'Union européenne au 1er janvier prochain. A défaut d'avoir pu imposer à ses partenaires l'idée d'un « gouvernement économique européen » qui se serait concrétisée par des réunions au sommet de l'Eurogroupe en 2009, les responsables français tentent d'associer au mieux la prochaine présidence aux débats du G20 dont le sommet de demain ne devrait être que le premier d'une longue série - Source Les Echos
Au delà de la frustration personnelle de notre président, il ne faudrait pas oublier qu'on a largement mis la charrue avant les boeufs en ce qui concerne l'élargissement de l'Union. Toutes les raisons ont été évoquées pour justifier l'entrée (en catastrophe) les pays de l'Est de l'Europe. Nous ne reviendrons pas sur le manque d'aide au développement (contrairement à l'Espagne ou au Portugal) qui a poussé ces pays à faire du dumping social et fiscal ni sur les difficiles adaptions au règles communautaires dans le domaine de la criminalité ou de la corruption.
Le défunt Traité Constitutionnel et son clône Traité de Lisbonne ne sont que des solutions "bricolées" qui ne feront qu'attiser la méfiance et la frustration de ces pays pour qui la première préoccupation reste la qualité de leurs liens avec les Etats Unis et dont un certain nombre représentent leur "cheval de troie".
La boulimie a rendue l'Europe obèse et ingouvernable. Que restera t-il de la déclaration du Président de l'Union Nicolas Sarkozy sur les nouvelles adhésions : "Nicolas Sarkozy, a affirmé lors du sommet européen des 19 et 20 juin à Bruxelles que l’élargissement de l’Union serait interrompu si la République tchèque ou d’autres Etats membres ne ratifiaient pas le texte rejeté par les électeurs irlandais quelques jours auparavant. Ses commentaires ont suscité des réactions immédiates. Le premier ministre slovène, Janez Janša, qui présidait alors le sommet, avait déclaré que les autres adhésions potentielles ne devaient pas être les victimes du traité. Le premier ministre polonais, Donald Tusk, avait quant à lui jugé inacceptables les commentaires de Nicolas Sarkozy" - Source Euractiv
Nul doute qu'on continuera à accueillir à tour de bras pour des raisons politiques, d'intérêts économiques (trouver des zones de productions moins chères) ou de solidarité financière (quid de la demande de l'Islande ?) sans parler de l'adjonction de l'UPM (Union pour la Méditerranée) qui transforme petit à petit la construction européenne en un "machin" où seuls les capitaux ont on gré de leur libre circulation montré leur implication dans une crise qui va toucher de plein fouet les habitants de l'Union.
En attendant, et plus prosaïquement, pour Nicolas Sarkozy, ne plus être "Roi" d'Europe au moment ou Barak OBAMA prendra ses fonctions au Etats Unis, c'est ballot non ?
Je rigole, mais espérons que redevenir "simple" Président de la République Française ne lui donnera pas envie de passer cette énorme frustation sur des français qui auraient le mauvais goût de ne pas apprécier une la croissance prévue entre 0 et 0,2% en 2009.

Libellés : europe, sarkozy, union européenne


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