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La relance par l’estomac

Publié le 15 novembre 2008 par Kalvin Whiteoak

On voit toutes sortes de plan de relance surgir au détour des crânes humides des politiques. Oui, de ceux-là même qui il y a deux mois nous racontaient que la crise ne serait que financière et non pas économique.

De ceux-là qui estimaient que la faillite d’une banque était impossible, et celle d’un Etat impensable. Rappelons au passage que l’Islande est en faillite, et que le Pakistan vient de recevoir une aide d’urgence du FMI de plus de 7.5 milliards de US dollars pour pouvoir faire face aux dépenses courantes.

On espère simplement que le FMI aura suggéré fermement que cette somme aille dans la bonne poche et au demeurant ne serve pas directement les intérêts des mollahs radicaux et violents.

Ceci dit, il ne manque pas de piquant de vouloir relancer maintenant une machine économique mondialement grippée alors qu’on la disait en pleine forme il y a 45 jours seulement. Enfin, comme dit le pseudo-proverbe, il n’y que les imbéciles qui ne se trompent jamais.

Il y a selon les statistiques de la FAO plus de 900 millions de personnes dans le monde qui sont chroniquement en sous-nutrition. Outre le côté parfaitement immoral de cette situation, elle coûte (pour rester dans les chiffres) environ 160 milliards de “non-création” de richesse en raison de la disparition des victimes ou de leur incapacité de travail.

LA FAO réclame à corps
et à cri depuis des lustres de quoi éradiquer le plus vite possible la faim dans le monde. Elle estime (juin 2008) les montants nécessaires à cette tâche à un total annuel de 22 milliards de dollars (trois fois moins que la “valeur” des pépites pourries extraites du dentier acide de l’UBS) .

Le meilleur moyen, on l’a déjà dit ici, de relancer une économie n’est pas de faire comme on le pratique déjà en approvisionnant les banques pour qu’elles refusent ensuite de prêter de l’argent aux particuliers et aux PME.

Non le meilleur moyen est de faire en sorte que le citoyen de base, dans le monde entier, ait un logement décent en standards internationaux et puisse manger à sa faim. La communauté internationale tente de sauver ses banques par des milliers de milliards de dollars. Elle va aider ses propres économies par des plans de relance qui eux aussi totaliseront des milliers de milliards de US dollars.

Le New Deal du 21e siècle passe certainement par une éradication de la faim dans le monde. Car même dans un capitalisme revu, corrigé et vraiment régulé, seule la vie d’abord, puis une consommation  raisonnable permettront de travailler et donc de créer des richesses exploitables et commercialisables, et donc de redonner vie durable à un système économique refondé.

Les 22 milliards de US dollars nécessaires pour apaiser les estomacs des affamés dans le monde ne ressemblent qu’à une goutte d’eau en comparaison de sommes que l’on dépense pour sauver la cravate des banquiers et leurs sièges en cuir riche et souple.

Et pendant ce temps, eux, ils vivent et mangent quand même. Il est donc impératif qu’un plan de relance type G 20 ne soit pas juste une déclaration d’intention politiquement correcte et un peu vague, mais une réelle prise de conscience mondiale.

A ce prix, on contribuerait à la fois à résoudre un problème pratique et moral immense et à pacifier des relations Nord-Sud qui ne sauraient sinon que se durcir dans les années à venir.


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