Magazine Humeur

La synthèse c’est Peillon

Publié le 16 novembre 2008 par Jlhuss

peillon.1226817862.jpgIl serait de bon ton de se gausser des difficultés du PS à se sortir de son pétrin Rémois. C’est à mon avis une attitude pusillanime, car les tensions qui traversent ce parti actuellement dans l’opposition, ne traduisent en fait que celles qui sont sous-jacentes dans la société toute entière.

Dans un commentaire sur la note “Royal abandonne le frigidaire ” on pouvait lire :

« On a beau dire et dire et tourner autour du pot, la vocation d’un parti politique est d’aller au pouvoir, pureté doctrinale ou pas, après on se débrouille, on avise, on fait ce qu’on peut. Pas fous, les militants PS, pas plus que les autres : à mon avis ils choisiront le candidat qui a le plus de chance d’atteindre le pouvoir, et, dans le système médiatique mondial, où prime le “charisme” (qui n’est pas seulement le charme), Ségolène Royal reste en France à gauche la mieux armée, comme le comprennent les Valls et autres frais minois».

Cynisme ? …

mitterrand-grand.1226818082.jpg Cette remarque n’est pas fausse, il est évident qu’un parti politique est un instrument, un outil de conquête du pouvoir dans un système démocratique. Qui pourrait affirmer le contraire? Mais l’outil bien conçu doit aussi être adapté au travail que l’on souhaite accomplir. Les motivations autres que celles du pouvoir pour le pouvoir, les missions assignées, les objectifs visés ne peuvent pas être évacués pour après. Ils font partie à part entière de la construction de l’outil.

C’était le sens de l’intervention clairvoyante, de Vincent Peillon. Il réalise une “synthèse” en associant deux approches :

Celle qui consiste à ne pas nier la nécessité “d’incarner” un projet, à lui donner un visage; il rappelle les grands prédécesseurs. C’est souvent l’approche préférée des médias, porteuse de petites phrases assassines, d’effets de tribune. Mais c’est un fait que les combats de personne sont inhérents à toutes les actions politiques. Le PS n’en a pas l’exclusivité. Les institutions de la Vème République et l’élection du Président au suffrage universel rend l’exercice obligatoire : il faut mettre un visage sur un projet. Mais il faut également, c’est l’approche programmatique, s’attacher à discerner les différences au niveau de la pensée, de l’adaptation au monde environnant, de la réactivité aux événements.

On fait souvent référence au fameux congrès d’Epinay qui permit à François Mitterrand, -c’était “l’incarnation” du moment- de faire son OPA sur un PS en crise. Cette crise portait aussi sur des valeurs, on liquidait l’héritage douteux de Guy Mollet face à la décolonisation. En 1971, le premier choc pétrolier n’avait pas eu lieu, on appelait la période « trente glorieuses », l’économie marchait sans frein. Mitterrand, bousculant sa propre histoire, proposa l’alliance « à gauche toute » avec les communistes. Ce n’était pas évident à l’époque. Le parti communiste était fort, le PS en ruine. La stratégie était claire, le boom économique permettait toutes les promesses. Il fallut attendre 10 ans mais la victoire a été au rendez-vous. Trois années plus tard (1983), Mitterrand revenait à l’orthodoxie libérale en économie sous les conseils du père de Martine Aubry, Jacques Delors. Il se lançait alors dans la construction européenne sans retenue. Cette « fracture » de 1983 et celle, plus récente du référendum sur le TCE, n’est en fait toujours pas réduite.

Par l’exercice d’un pouvoir « rusé », le talent et la manœuvre, Mitterrand a éliminé le PC, -ce dernier n’ayant rien fait pour évoluer-, il utilisa ensuite habilement le Front National pour « paralyser » plus ou moins la droite pendant 14 ans. Mais sur le fond, sur les idées et l’adaptation au monde, il paralysait également sa propre formation politique. Et c’est maintenant dans la relative urgence, -quinquennat oblige- que les évolutions essayent de s’exprimer, sous les feux des projecteurs.

Ne caricaturons pas les difficultés du PS, elles dépassent largement la seule ambition des femmes et des hommes qui désirent le diriger; elles sont idéologiques, presque “existentielles”, car le PS n’est pas toute la gauche, même si Mitterrand avait réussi à le faire croire pendant une longue “parenthèse historique”.Par ses origines, son parcours, et ses positions actuelles Vincent Peillon représente bien à lui seul une “synyhèse”. Il regroupe assez bien l’idéologie pointilleuse et le pragmatisme. Mais alors ! Il y aura danger pour les ambitions de Ségolène, le pouvoir ne se partage pas.

[En direct de Reims]

Dernière minute :

Royal claque la porte . 1 h 25. Trois heures après le début de la commission des résolutions, les partisans de Ségolène Royal annoncent leur départ. Accueillis par une nuée de photographes, Ségolène Royal, Manuel Valls, Jean-Noël Guérini, et la garde rapprochée de Royal se présentent devant les journalistes.

“Les militants vont avoir la parole jeudi prochain : la main tendue que nous avons offerte n’a pas été saisie”, assure Ségolène Royal. “Nous en prenons acte. J’appelle tous les militants à choisir jeudi prochain entre le retour aux méthodes d’un autre âge et un PS avec d’autres méthodes, le PS a besoin de changer”.

ééé

ééé


Retour à La Une de Logo Paperblog