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103. Resnais : Hiroshima, mon amour

Publié le 11 novembre 2008 par Mouflon
1001 films : Hiroshima, mon amour
Titre japonais : 24 - jikan no joji (a 24 Hour Affair)
Palmarès des meilleurs films du 20ème siècle :
Au 118ème rang
Film français réalisé en 1959 par Alain Resnais (1922)
Avec Emmanuelle Riva et Eiji Okada
"Pourquoi nier l'évidente nécessité de la mémoire"
Nevers (Emmanuelle Riva)
Alors donc, plongée dans ma biographie, puisque c'est l'incantation de ce film.
Deux paliers dans cette plongée : d'abord en profondeur au niveau de 1960 puis remontée au palier intermédiaire de l'automne de 1973.
Palier 1960
Le Québec commence à peine, depuis la mort du populiste fascisant Maurice Duplessis, premier ministre du Québec pendant des siècles, à sortir de la période connue sous le nom de la "grande noirceur". (exemple de cette noirceur: Les enfants du paradis de Marcel Carné, interdit de distribution au Québec).
J'avais 13 ou 14 ans, on allait présenter au Ciné-club de fin de soirée de Radio-Canada, Hiroshima, mon amour. Grand émoi dans les journaux : comment la société d'état pouvait-elle présenter, même à une heure tardive, l'apologie de l'adultère.
Grand émoi dans la famille aussi, quand mon père, grand catholique pratiquant, membre de l'Ordre de Jacques-Cartier (regroupement clandestin canadiens-français voué à la défense de la langue française et de la religion catholique au Québec) décide de regarder, seul, cette oeuvre à la réputation sulfureuse (le dos nu de Riva, caressé par les mains de son amant, suffisait, à cette époque, au Québec, pour faire classer le film AR, i.e. adultes avec réserve). Qu'y cherchait-il?
Grand plaisir, pour moi, de trouver enfin, chez mon père, une faille dans son orthodoxie Patrie-Famille-Travail et, pour faire le compte, Religion. Je n'allais plus jamais voir mon père de la même manière à partir de ce jour. Malheureusement, plaisir qui dura peu, puisqu'il allait mourir 4 ans plus tard, quelques jours après avoir terminé la lecture d'un roman que je lui avais suggéré, La puissance et la gloire de Graham Greene (caméo dans le film La nuit américaine). Suggestion qui faisait partie de mon entreprise de "sapage" des fondations de ses valeurs catholiques.
Palier automne 1973
Avec Tomiko, mon amour de l'automne 1973, originaire de Nagasaki (ça ne s'invente pas), on regarde, à la télé, dans mon meublé cradingue en face du parc Lafontaine sur la rue Sherbrooke à Montréal, Hiroshima, mon amour; ahuris de retrouver de telles similitudes avec ce couple eurasiatique : la soudaineté d'une rencontre des plus hasardeuses (à la sortie de la gare de Cordoba en Espagne) et dont l'espérance de vie se mesure en jours tant le passé est têtu à tracer des routes divergentes.
Nevers (Emmanuelle Riva) : "Il est probable que nous mourrons sans nous être jamais revu"
25 novembre 1973, aéroport de Montréal, Tomiko prend le vol Montréal-Paris-Tokyo.
Jamais revue depuis.
Alors, si j'aime Hiroshima, mon amour? Immense...comme cette photo de la Riva. À propos du titre
Un écrivain, dont j'ai oublié le nom a fustigé le titre du film : "Après avoir tourné Hiroshima, mon amour, pourquoi pas tourner Auschwitz, mon coco?"
Titres oxymores. Exemple d'un oxymore : un silence assourdissant
1. Hiroshima, mon amour
Tout le film est fondé sur cette figure de style : "Tu me tues, tu me fais du bien", "Je te mens, je te dis la vérité"
2. Paris, Texas de Wim Wenders
3. L'ami américain de Wim Wenders (oxymore, disons, pour un Taliban)
4. Kiss Me Deadly de Robert Aldrich
5. Hell in the Pacific de John Boorman
6. True Lies de James Cameron
(À compléter. Tiens, un jeu intéressant pour toutmoncinema.com)
Proposition d'une lecture cinéphilique
Cahiers du cinéma. Numéro 97. Juillet 1959. 18 pages d'une table-ronde au sujet de Hiroshima, mon amour. Lumineux. Participants : Éric Rohmer, Jean-Luc Godard, Pierre Kast, Jacques Rivette, Jacques Doniol-Valcroze. Excusez du peu!!! (221 films réalisés entre eux). L'article s'achète sur le site des Cahiers du cinéma.
Festival de Cannes de 1959 : À qui va la palme d'or? À Hiroshima, mon amour, bien sûr, non? alors à Truffaut pour Les quatre cents coups. Non plus? Mais, diantre, quel chef-d'oeuvre coiffe ces deux productions au poteau? L'improbable Orfeu negro, cette bluette exotique, de Marcel Camus (mais qu'a-t-il fait d'autre de marquant, celui-là?). La mâchoire m'en tombe comme celle de Jim Carrey dans Le masque lorsqu'il se retrouve face à Cameron Diaz.
Évaluation IMDB : 8,0 sur 10 par 4835 votants.
Toutes les informations sur le film sur IMDB
Visionné, la première fois, le 14 novembre 1973 à la télévision à Montréal

Mon 103ème film des 1001 films

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