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Progression

Publié le 16 novembre 2008 par Eleken

Mon bâton fouille les cendres épaisses laissées par l’éruption. Autour de moi, tout n’est que désolation. Les arbres, rares, ne s’apparente plus qu’à des racines aériennes dont les feuilles sont exemptes. Et pourtant, sur cette chape de mort qui est tombée sur le village et la forêt, il règne un sentiment de plénitude. Combien sont morts en tout, je ne saurais précisément le dire. Il y a ceux qui ont fui par la mer, ceux qui ont longé le rivage jusqu’aux terres de l’Est . Alors, ceux qui sont restés, une centaine peut-être, sont enfouis sous les cendres maintenant. A quelques mètres derrières les derniers arbres, je peux voir des dômes sombres, là où se trouvent les toits. Quel contraste que cette terre noire et ce ciel bleu. Ici bientôt, cependant, la nature reprendra vie. Je l’ai déjà vu souvent faire. La cendre va rester chaude encore quelques semaines. Puis elle s’apaisera et à la première pluie, les herbes recommenceront à pousser, leurs graines amenées d’un souffle et les arbres, ceux qui auront tenu ce temps-là, se pareront à nouveau de leur habit vert.

C’est un plaisir, de voir qu’après chaque destruction, le temps, la vie reprend ses droits et s’éveille plus flamboyante qu’avant. De mon bâton, je parcours la surface dénudée, je plonge sont corps dans les profondeurs pour éviter les trous dissimulés. Bientôt, il heurte un objet, le met à jour presque immédiatement. C’est un collier, celui d’un enfant. Il représente la déesse enfant Iounyt l’une des déesses de la fécondité. Le cadeau d’une mère à son enfant récemment né. Sous la quiétude se cache les hurlements, sous la mort la vie et sous la vie la mort. Ceci est le cycle qui mène nos pas vers nos destins. Il suffit de ne pas céder, de continuer d’avancer… Et le printemps arrivera… Et la vie germera… Ce qui s’est passé ici, la disparition du village. Déjà, cela appartient au passé. Il est temps de reconstruire. Ainsi pense le vent, qui de son bâton tourbillon creuse les montagnes et respire la vie et l’histoire. Ainsi je pense…

— Eleken,
Le dimanche, je me réveille :p


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