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Après Reims, quelques questions…

Publié le 17 novembre 2008 par Jfa

On a vu fleurir ou réapparaître quelques nouveaux termes au cours de ce congrès. Interrogeons-nous.

- L’alliance avec le Modem. Prétexte ou non ? En ce qui me concerne, je peux à l’extrême rigueur concevoir, au second tour des présidentielles et sur un programme de gauche, que le Modem rejoigne la gauche, d’autant que M. Bayrou se présente maintenant comme une opposition à N. Sarkozy. Ceci dit, j’ai comme beaucoup été plus que surpris en 2007 lorsque j’ai appris que Mme Royal envisageait de nommer F. Bayrou 1er Ministre en cas d’alliance, si elle était élue, à l’encontre de toutes les décisions du PS… N’oublions pas, en outre, que si le PS a quelques convergences avec le Modem sur les libertés publiques, il en diverge radicalement en ce qui concerne la poilitique sociale qui, à mon sens,va continuer à être la préoccupation principale des français dans les quelques années à venir.

- Parti de supporters ? De militants ? Cela n’a pas, pour moi, de sens. Personnellement, vu la proportion de “cartes”, souvent directement payées par les élus et les barons eux-mêmes notamment dans les grosses sections et fédérations, par rapport à celle des “militants”, cela me semble un faux débat. La proposition de MMe Royal de baisser le prix de la cotisation aurait pour principal avantage de coûter moins cher aux poches des patrons des grosses fédérations. On comprend alors pourquoi MM Guérini et Frèche la soutiennent.

- Ancrage à gauche. Cela recouvre, à mon avis, trois problèmes différents. Le premier est celui d’une ligne politique d’opposition franche à N. Sarkozy. Sur ce point, les divisions des députés socialistes ont conduit trop souvent à l’abstention. Le second est la place des questions sociales dans les propositions socialistes, qui devrait être centrale. Là dessus, rappelons-nous la campagne de Mme Royal en 2007 dans laquelles ces questions étaient largement passées au second plan au bénéfice de questions fumeuses relatives à la Marseillaise, au drapeau tricolore et à l’encadrement des jeunes délinquants. Enfin la troisième dimension est celle de la reconquête des couches populaires qui ont, en 2002, dramatiquement déserté l’électorat du PS. Et là, outre les propositions, c’est une réforme de la “militance” socialiste qui est nécessaire, avec des militants socialistes dans les quartiers, en dehors des périodes électorales, ayant autre chose à proposer que “Votez pour nous”, tissant des liens sociaux à partir des problèmes rencontrés par ces populations au lieu de se contenter de communiqués de presse des élus.

- Rénovation, refondation ? Certes, je crois qu’un vieux PS, symbolisé par l’alliance Delanoé-Hollande est le grand vaincu de Reims, suivi de près par la motion Royal-Frèche-Guérini qui ont obtenues, toutes les deux environ la moitié de leurs espérances et de leurs pronostics. Le problème est celui de la nature de cette rénovation. Retour à l’archaïsme marxien ? Transition vers un parti Démocrate de type USA ? Ou re-conquête des couches populaires et, dans le combat social, résistance contre le gigantesque plan d’austérité que nous concoctent MM Fillon et Sarkozy ?

“In girum imus nocte et consumimur igni ?” *. Non. Contrairement à la plupart des commentateurs, et mes impressions de dimanche soir, je crois que ce qui s’est passé n’est pas, loin de là, la catastrophe annoncée. Au contraire. Le pire aurait été une nouvelle synthèse molle dont F. Hollande avait le secret et qui aurait définitivement décrédibilisé le PS. Il me semble que là les enjeux sont en partie clairs et posés, à part celui de la “déguérinisation” nécessaire d’un certain nombre de fédérations et d’une redéfinition d’un militantisme qui ne se borne pas aux périodes électorales.

Dans ce vote, des surprises ne sont pas à exclure. L’une d’elle, exclue des grands commentateurs, pourrait venir d’un vote Hamon par les fabiusiens issus de la motion Aubry, donnant une coquille politique au “Non” socialiste au référendum européen et vidant le contenu de la démarche de MM Mélanchon et Dolez.

L’appel de B. Delanoé à voter Aubry éclaircit le débat et l’obscurcit à la fois. Il signifie qu’une grande majorité du PS est opposée à la dérive ségoléniste vers un Parti Démocrate ou un New Labour. Il va entraîner l’appel, symétrique, d’une partie de ses ex-partisans à voter Royal, mettant à nu l’hétérogénéïté des tenants du “vieux parti”. Il signifie aussi que, apeuré, une partie de l’appareil, des grands élus et barons se fondent dans un nouveau consensus mou ( de F. Hollande à L. Fabius) duquel B. Hamon ferait bien de s’extraire pour ne pas perdre une crédibilité nationale fraîchement acquise.

Je connais des organisations dans lesquelles on ne peut voter que si on a participé, sauf excuses valables, à au moins 50, voire 75% des réunions. Cela aurait l’avantage d’éliminer les adhérents fantomes qu’on ne voit qu’aux votes de congrès et aux investitures, simples clients des barons. Nous aurions alors là un vrai “parti de militants”. Mais bon, ne rêvons pas..!

* “Nous tournons en rond dans la nuit et sommes dévorés par le feu”.

- Les lobbies français et leurs sous-traitants parlementaires. Le Monde.

- Les professions de foi de S. Royal , M. Aubry et B. Hamon pour le vote du 20/11.

- Ah, les belles réformes de l’Université. Le Monde.


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