Voila, une loi et un débat qui semble bien étrange en temps de crise.
En effet, alors qu’on se voit annoncer tous les jours des plans sociaux, des mises au chômage technique, le gouvernement déclare l’urgence sur le projet de «riposte graduée».
Alors qu'est ce donc que cette loi "création et internet", et pourquoi avons nous autant besoin d'elle en ce moment?
Essayant au possible d'être objectif dans mes articles je vais vous donner la définition que les "hadopistes" donnent de leur loi sur le fameux site http://jaimelesartistes.fr:
"Offrir aux internautes un accès plus large et plus simple à l’offre de musique et de films en ligne, prendre collectivement conscience du besoin de protection et de valorisation des œuvres et de leurs créateurs, contribuer à développer la création grâce à Internet, innover pour adapter notre cadre légal et technique et donner à chacun plus de libertés mais aussi plus de responsabilités dans la régulation des échanges de fichiers en ligne, voilà le sens de ce projet de loi."
A première vue, on se demande comment quelque chose de contrôlé par quelques majors peut proposer plus de choses que tous les internautes du monde entier réunis aux travers des réseaux P2P (Peer to peer).
Ensuite, je me demande ce qu'ils entendent par accès plus simple. Pour avoir déjà téléchargé via des plateformes légales je n'ai pas trouvé cela plus simple que le P2P actuel. Au contraire même pour certains sites de téléchargements de jeux vidéos en ligne, les softwares obligatoires sont très gourmands et parfois défaillants (je ne citerai personne).
Pour la création par internet, une fois de plus je ne vois pas de quoi ils parlent. De plus, certains artistes se sont fait connaître par le biais du P2P ou tout du moins par des plateformes autres que celles de téléchargement légal (Artics monkey, Lorie ^^ etc...).
Pour ce qui est d'accorder plus de libertés à l'internaute alors là j'ai l'impression que l'on se moque de moi.
On me parle ici de "valorisation des créateurs", mais sachant que sur un MP3 acheté 1 euro, seulement 0.05 centimes vont à l'artiste et 0.75 centimes à la maison de disques, une fois de plus je m'interroge sur les motivations et les instigateurs de cette loi.
Enfin bref, tout cela n'est qu'un avis à chaud lorsque j'ai lu pour la première fois ce petit article. J’ai donc cherché à en savoir plus pour conforter ou écarter mes doutes et mes interrogations.
Alors que se passe t'il si l'on télécharge le si bon dernier album de la Star'Ac sur un réseau P2P?
Tout d'abord, un email vous sera envoyé. Je ne sais pas à quelle adresse email cela dit. Surement, l'adresse mail de notre FAI (fournisseur d'accès à internet). Pensez à vous y rendre :) car personnellement je ne m'en suis jamais servi et n'y ai d'ailleurs jamais jeté un œil. A ce propos l'amendement qui donnait la possibilité aux abonnés de contester les recommandations dès l'envoi du premier e-mail avec obligation de réponse a été rejeté. Christine Albanel a jugé qu'une telle procédure contradictoire pourrait "gripper l'ensemble du système voire empêcher son fonctionnement si des milliers d'internautes décident de contester". Certains osent dire que l'administration fait tout trop lentement, vraiment des mauvaises langues!
Par la suite, si vous retéléchargez un fichier, un second mail vous sera alors envoyé.
Enfin, si vous n'en faites qu'à votre tête il sera alors possible de vous couper votre accès à internet pendant 1 mois.
Les sénateurs ont également incorporé le principe d'un label décerné par l'Hadopi aux éditeurs de firewalls et autres
logiciels de filtrage jugés suffisamment efficaces, et accepté le principe d'un spyware imposé aux internautes pour vérifier leurs activations. Ils ont également validé l'intégration
de la lutte contre le piratage au programme du Brevet informatique et Internet des collégiens.
Me voila bien chagriné de devoir installer un spyware sur mon PC pour prouver ma bonne foi.
Enfin certains problèmes me viennent à l'esprit.
Pour ce qui est des connections dites sécurisées sachez qu'en deux temps trois mouvements il est possible de s'y connecter aussi. Je ne m'attarderais pas sur ce sujet car l'on parle là de piratage de connexion WIFI, mais sachez juste que cela est tout à fait possible.
Ensuite, les "pirates" seront traqués à partir de leur IP récupérées sur certains logiciels P2P (emule, shaeraza etc...) mais les moyens de téléchargement sont aujourd'hui beaucoup plus divers et souvent plus rapides. L'exemple tout bête des sites dit de Warez qui proposent des liens vers des fichiers hébergés chez Megaupload, rapidshare etc (donc pas P2P) montre bien qu'il existe des moyens plus rapides, et donc ici pas sanctionné par Hadopi, de télécharger.
Un autre point m'a fait sourire. Un fameux site de "piratage" ( ThePiratebay pour ne pas le citer) a pollué ses trackers de fausses adresses IP¨. En gros, il se peut que votre IP soit une des IP que ce site fait circuler sur des plateformes de téléchargement illégal. Imaginez votre surprise si une de ces adresses IP est la votre :)
Pour finir, « Le budget annuel de l’HADOPI est estimé à 6,7 millions d’euros, auxquels s’ajoutent le coût du repérage des actes de piratage et de leur signalement à l’HADOPI (pris en charge par les ayants droit) et celui de l’identification des internautes responsables, qui devraient reposer sur les fournisseurs d’accès à Internet, sur requête de l’HADOPI. »
On comprend mieux pourquoi le FAI FREE s'oppose au projet.
En conclusion, ce qui ressort pour moi c'est une loi imprécise, qui ne combat pas le pirate à proprement dit, ni celui s'y connaissant assez pour passer outre, mais l'utilisateur lambda ou celui bien malheureux qui verra sa connexion piratée. Je ne vois pas non plus sur le site de l'hadopi d'écrits faisant référence aux artistes, seulement des justifications aux problèmes qui pourraient émaner de leur loi. Dommage pour un site dont le nom est "j'aime les artistes".
Il est essentiel de protéger les artistes, la création est un moteur, hélas je n'ai pas l'impression que cela soit vraiment le thème de cette loi qui, de plus, à mes yeux est déjà obsolète.
Enfin, le texte de la loi Hadopi a été critiqué par bon nombre d’autorités ou institutions : la CNIL (défaut de proportionnalité), l’ARCEP, l’ISOC (liberticide), le Conseil d’État (plusieurs volets de critiques), en sus des organismes privés et autres initiatives (UFC-Que Choisir, la Quadrature du Net, etc.).
Ajoutons pour finir l'amendement Bono, qui met en lumière les difficultés du texte Hadopi. Cet amendement exige l'intervention d'un juge avant toute mesure attentatoire aux libertés et droits fondamentaux. Pour la ministre Albanel, toutefois, l'amendement est sans conséquence sur le projet de la riposte graduée car l'accès à Internet ne serait pas lié à ces droits et libertés de premier ordre.
Quelques sites pour approfondir la question:
- http://www.numerama.com/
- http://www.pcinpact.com/actu/news/43802-olivennes-hadopi-scpp-verites-sondage.htm
- http://www.clubic.com/actualite-144596-objectif-hadopi-reduire-piratage-70-80.html