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Episode 14 : Silence, on tourne...

Par Michel Crémadès

Suite au succès du théâtre de Bouvard et du film « Les Ripoux », quelques réalisateurs s’intéressent à moi. Je tourne pour la télévision dans des téléfilms ou séries dans lesquels j’ai le plaisir de rencontrer le délicieux Pierre Mondy, Daniel Ceccaldi, André Dussollier, Georges Beller, Greg Germain, Guy Tréjean, Yves Rénier ou Marthe Mercadier. Pardon à tous ceux que je n’ai pas cité…

On se croise sur les tournages ou sur des plateaux, plusieurs fois d’ailleurs, je vais retrouver Ticky Holgado, dont la carrière fut riche en seconds rôles de qualité.

Il a eu la chance et surtout l’immense talent qui a fait que Gérard Jugnot lui a fait confiance pour interpréter le rôle de « Crayon » dans le film « Une époque formidable » et sa carrière a décollé. Il crevait tellement l’image.

Depuis longtemps, nous ses copains, on savait qu’il irait loin, il fallait simplement le petit déclic.

Merci et bravo à Gérard Jugnot pour ce choix si judicieux !

Ce métier est ainsi fait que, Roland Giraud, pour qui j’ai beaucoup de tendresse, je vous en parlerai dans un prochain épisode, me disait :

« J’avais fait beaucoup de petits rôles au cinéma et joué énormément dans des tournées théâtrales en France et à l’étranger, reprenant de grands rôles créés par des vedettes à Paris, qui ne voulaient pas partir jouer en province. Un certain lundi, je n’étais encore qu’un triste inconnu, le film « Trois hommes et un couffin » sortait le mercredi, le vendredi, le téléphone n’arrêtait pas de sonner, j’étais devenu une star. La semaine d’après, je recevais vingt scénarii par jour me proposant de jouer un rôle de père ne sachant pas comment élever son bébé. »

Que d’imagination… En France, nous avons, nous comédiens, un gros souci d’image, si on vous trouve bien dans la composition d’un rôle d’avocat, on ne vous proposera, en général, que des rôles d’avocat ! C’est un peu réducteur pour un artiste interprète, vous en conviendrez, mais c’est comme ça ! On m’a personnellement toujours considéré comme un « comique », et quand des producteurs, voire des réalisateurs, voient des courts métrages dans lesquels j’ai tourné des personnages loin du rire, du genre de « Lucie » que vous pouvez visionner dans ce blog, rubrique « Texte libre », je m’entends souvent dire :

« On ne savait pas que tu étais capable de faire ça ! »

Cela me met dans un état, même pas de colère, mais de désespoir…

Vie privée :

A cette période de ma vie, je n’étais pas souvent à la maison et je tiens à tirer mon chapeau à ma compagne qui acceptait la chose, elle comprenait vite que la vie de famille avec un comédien n’était pas une chose aisée. On donne souvent priorité à notre passion dévorante en oubliant parfois les siens. Il est essentiel pour ceux qui veulent faire ce métier d’être bien entourés. Cela permet d’avoir du recul sur les choses et de ne pas se laisser

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« bouffer tout cru ».

Notre couple se portait bien, ma fille était belle comme un cœur, ne comptez pas sur moi pour dire le contraire…

Nous décidions donc de mettre en route le second enfant.

Sitôt dit, sitôt fait. Je me mis à saler, plus que la normale, la nourriture de ma compagne, car nous avions une petite préférence pour « le » garçon, et on m’avait dit que la maman devait manger très salé pour augmenter les chances d'avoir un "Petit homme"…

Ah ! Ces remèdes de bonnes femmes !!! 

Je me concentrais donc très fort et…

Quelques jours plus tard, le test virait au bleu et l’échographie ne laissait aucun doute, c’était bien un petit mâle !

Au mois de juin 1986, Bernadette donnait donc naissance à un g

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arçon.

Le cercle de famille s’agrandissait donc, pour le plus grand bonheur de mon frère aîné.

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Je travaillais à l’époque sur France Inter avec le talentueux Daniel Mermet et toute une équipe de déjantés, François Rollin, Alain Sachs, Clémentine Célarié, Eric Thomas, Timbre poste ou Marc Jolivet.

Nous sévissions dans l’émission « Bienvenue à bord du Titanic ». Elle faisait un énorme carton d’écoute, et j’eus le plaisir d’entendre tous mes camarades l’après midi même annoncer en direct la naissance de mon fils et féliciter la maman. Ils se demandaient d’ailleurs comment j’avais pu réussir cet exploit !? Ah les amis !!!

Lors de cette année 1986, je tourne dans des séries, notamment « Maguy » avec J. Marc Thibaut et Rosy Varte.

Je joue le rôle d’un obsédé sexuel qui est très attiré par ces  dames, ce qui fera dire à Marthe Villalonga :

« Tu n’as pas honte, je t’ai connu, tu avais 4 ans et dès notre premier tournage, tu me cours après pour me pincer les fesses, quel manque de respect ! »

Dans le même temps, je tourne dans « Club de rencontres » avec Francis Perrin.

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   J’incarne encore un obsédé sexuel qui fait semblant de vouloir violer une jeune femme afin que cette dernière, voulant se défendre, le frappe...

Eh oui, certains déséquilibrés prennent leur pied dans la violence. Qu’est ce que j’ai pris comme coups dans cette scène, qu’on a du refaire plusieurs fois, mais les coups de poing étaient si joliment donnés par ma copine Isabelle Mergault.

Cette fille a un talent énorme et il a fallu trop de temps pour qu’elle perce en tant qu’auteur et Dieu sait si elle en a écrit de beaux scénarii pour la télévision avant de pouvoir réaliser son remarquable film : « Je vous trouve très beau ».

Enfin je tourne dans « Conseil de famille » réalisé par Costa Gavras un petit rôle avec en face de moi, Johnny Hallyday, Fanny Ardant, Guy Marchand.

Je jouais un personnage qui venait livrer du matériel « Image et son »

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comme dans la pub cinéma dont je vous avais parlé dans l’épisode précédent.

Encore une fois, on vous a vu dans un rôle précis et on fait du copier/coller.

Ce tournage fut assez difficile car Johnny n’était pas en grande forme, il venait de se faire opérer d’une hanche, François Truffaut venait de partir vers d’autres cieux, ce qui plongeait Fanny Ardant  dans une tristesse qui contaminait l’équipe, heureusement Guy Marchand « pétait » le feu !

Allez, gardons d’autres anecdotes pour le prochain numéro…

 Merci de votre assiduité et,

 «  A tout bientôt !!! »


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