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Zoé Félix mise à nue

Publié le 19 novembre 2008 par Emmanuel

La radio-télévision française a ceci de charmant qu’elle prend ses programmes potentiellement vendeurs comme “Clara Sheller 2, le retour” pour des phénomènes de société.

Vous vous dites à juste titre “Mais n’a t-il pas d’autres chats à fouetter que de nous parler d’une bluette télévisuelle à venir sur les petits écrans de la France endormie de novembre.” Et vous avez raison.

Oui, mais voilà. Il m’arrive d’avoir la faiblesse les dimanche matin où je suis invité  de consulter le TV magazine associé à la plupart des titres de la PQR française pour me reposer les neurones et m’amuser de la vacuité de son contenu. Et j’ai fait l’erreur de lire l’entretien accordé par Zoé Félix, interprête du rôle de Clara Sheller herself à l’occasion de la sortie de la nouvelle mouture de cette série télévisuelle. La miette de croissant m’en est remonté dans l’orifice nasal…

A la question, grosso modo, “Clara Sheller aborde des questions de société sensibles telle que l’homosexualité ou l’avortement, comment vous situez vous par rapport à ça ?” Et l’intéressée de répondre :

Il n’y a que chez les personnes âgées et dans le milieu rural que ces questions peuvent encore choquer (…).

J’avoue que je ne sais pas trop comment argumenter face à un tel concentré de bêtise en si peu de mots, et je vous laisse finalement juges.

De deux choses l’une :

- ou Zoé Félix à répondu par mail ou par téléphone à quelques vagues questions d’une pigiste improbable, et il faudrait chercher dans ces tréfonds de la pratique journalistique pour comprendre comment de telles conneries ont pu être restituées dans ce torchon.

- ou Zoé Félix a vraiment dit ça, et après tout, elle ne représente pas grand chose. Certes. Mais qu’il me soit permis de lui dire qu’il serait nécessaire qu’elle ouvre un peu les yeux pour se rendre compte que le chasseur aviné du dimanche soir de nos campagnes n’a pas le monopole de la connerie, loin de là : le (la) fasciste et le (la) réactionnaire sont des espèces également très répandues en milieu urbain, inutile de le rappeler.

J’aimerais aussi lui présenter des homosexuel(le)s très à l’aise dans leur vie quotidienne en milieu rural et qui n’ont pas eu besoin de se réfugier dans l’anonymat du 4ème ou du 11ème arrondissement parisien ou dans tout autre capitale régionale pour vivre pleinement leur sexualité.

J’aimerais aussi lui présenter des jeunes filles ou des jeunes femmes, et certaines plus âgées, qui n’ont pas attendu que le vent vienne des grands centres urbains pour vivre avec leur temps et revendiquer leurs droits à disposer de leurs corps comme elles l’entendaient…

J’aimerais enfin qu’on arrête de prendre les films d’un Depardon pour un reflet fidèle de la ruralité française… Il s’agit à mes yeux d’une imposture qu’est censé savoir surmonter ou dénoncer tout étudiant de licence en sociologie ou en ethnologie du domaine français : la distinction n’est pas dans la ruralité ou dans l’urbanité, mais dans la catastrophe sociale qui touche nombre de personnes qui ont choisi de vivre la ruralité dans une agriculture extensive malmenée et qui les laisse sur le bord de la route. Mais elle ne résume pas la vivacité de la vie à la campagne dans la plupart des régions de France. Imposture parce que les films de Depardon nous sont vendus sous cette étiquette de la ruralité stricto sensu. Point barre.

Je n’en dirais pas plus, parce que je n’ai pas envie d’être grossier, alors que l’envie m’en prend finalement au fil des lignes…

Je retourne me baigner.

  

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